Dans un procès après un accident mortel impliquant l’Autopilot, Tesla a utilisé une défense pour le moins étrange. La firme américaine a assuré que les propos d’Elon Musk sur le système autonome pourraient provenir de deep fakes.

Avoir un PDG bavard sur les réseaux sociaux n’est pas toujours simple à gérer pour une entreprise. On sait qu’Elon Musk est souvent prompt à s’attirer des ennuis au travers de ses tweets provocateurs sur ses diverses entreprises.

On se rappelle qu’à cause de tweets, le milliardaire avait notamment dû abandonner la place de PDG de la marque. La commission des échanges américaine (SEC) avait en effet peu apprécié qu’il communique sur une décision hypothétique de retirer Tesla de la bourse américaine, jouant un rôle qui n’était pas le sien sur le marché.

L’an dernier, les actionnaires avaient même demandé qu’il ne puisse plus utiliser Twitter librement. Ils n’avaient que peu apprécié que Musk communique ouvertement ses envies de rachat du réseau social. On peut les comprendre, puisque les déclarations de Musk avaient fait plonger l’action Tesla en bourse.

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Un décès lié à un excès de confiance envers Musk ?

Mais il n’y a pas que sur Twitter que les commentaires d’Elon Musk causent du tort à Tesla. Sa confiance absolue en l’Autopilot, et la manière dont il vend le système, ont en effet amené Tesla au tribunal.

Après le décès d’un ingénieur Apple au volant de son Model X en 2018, la famille avait décidé d’attaquer Tesla. L’ingénieur Walter Huang avait activé le système automatique sur l’autoroute et l’autorité des transports américaine (NHTSA) avait conclu que l’accident était sa faute, puisque l’automobiliste jouait à un jeu sur son téléphone portable au moment de l’accident.

Mais la famille du disparu avait jugé que les propos d’Elon Musk avaient induit Huang en erreur. Selon eux, la manière dont le milliardaire décrivait l’Autopilot laissait entendre qu’il était possible de faire cela.

Bien embêté par cette attaque, les avocats de Tesla ont tenté une défense toute particulière. Selon eux, il ne faut pas se fier aux commentaires d’Elon Musk, car ils pourraient être faits en deep fakes.

Les deep fakes sont souvent des vidéos conçues par une technologie permettant d’apposer le visage d’une personne numériquement pour lui faire tenir des propos qui ne sont pas les siens, ou la mettre dans une situation embarrassante.

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La juge réfute ces arguments et convoque Musk

Une défense étonnante, compte tenu de la capacité qu’a Musk à communiquer sans aval de ses conseils d’administration. Et selon la juge en charge du dossier, cet argument n’est d’ailleurs pas valable. Selon elle, cela dédouanerait Musk de tout propos qu’il pourrait tenir publiquement, ce qui n’est évidemment pas possible.

“La position de Tesla est que, puisque M. Musk est célèbre et pourrait être davantage une cible de deep fakes, ses communications publiques ont une immunité”, a déclaré la juge Evette D. Pennypacker. “En d’autres termes, M. Musk, ainsi que d’autres dans sa position, peuvent simplement dire ce qu’ils veulent dans le domaine public, puis se cacher derrière la possibilité que leurs déclarations publiques étaient en fait des deep fakes, afin d’éviter de devoir assumer ce qu’ils ont réellement dit ou ce qu’ils ont réellement fait.”

De fait, la juge a demandé à Elon Musk de se tenir disponible pour une audition. Celle-ci pourrait durer jusqu’à trois heures, et concernera ses déclarations au sujet de l’Autopilot et du Full Self Driving.

Ce n’est pas la première fois que Tesla doit éteindre un incendie déclenché par Elon Musk. En mai 2021, la firme avait dû reconnaître que le FSD n’était qu’un système d’autonomie de niveau 2. Le directeur du développement de l’Autopilot, CJ Moore, avait admis que Musk “extrapolait” les capacités de l’Autopilot.

Outre le tribunal supérieur du comté de Santa Clara, en Californie, la NHTSA a également lancé des enquêtes sur Musk. En début d’année, un tweet du milliardaire avait poussé l’autorité à interroger Tesla sur une mise à jour. Musk avait assuré sur Twitter qu’une mise à jour désactiverait l’obligation de mettre les mains sur le volant, dès lors qu’un usager aurait dépassé 16 000 kilomètres de roulage avec la version beta du FSD.