AccueilArticlesVoitures électriques : comment l'éco-score a réorienté les ventes vers des modèles fabriqués en Europe

Voitures électriques : comment l'éco-score a réorienté les ventes vers des modèles fabriqués en Europe

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Au cours des dernières années, plusieurs dispositifs ont fait évoluer le paysage automobile en faveur de l’électrique et d’une fabrication locale. L’éco-score et le leasing social font partie de ces programmes. Un récent rapport ministériel nous permet de voir à quel point le marché a évolué.

L’éco-score, un dispositif efficace ?

La mise en place de l’éco-score à la fin de l’année 2023 avait été une étape importante dans la stratégie française pour soutenir la voiture électrique. En conditionnant l’accès aux aides publiques à l’empreinte carbone globale des véhicules, l’État a introduit un critère qui dépasse la seule question des émissions à l’usage.

Dans le cadre de l’éco-score sont désormais pris en compte la production des matériaux consommés pour la fabrication du véhicule, en particulier les métaux ferreux et l’aluminium, la production de la batterie, les transformations intermédiaires et l’assemblage du véhicule ainsi que l’acheminement du véhicule du site de fabrication au site de distribution. Autant de paramètres qui favorisent mécaniquement les modèles produits en Europe, où le mix énergétique est plus décarboné et les distances logistiques plus courtes.

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Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, la courbe orange, qui représente la part de marché des véhicules électriques acquis par les ménages fabriqués en dehors de l’Union européenne, s’est effondrée. En parallèle, la part des voitures électriques fabriquées au sein de l’Union (hors France) a bondi de 35 % en décembre 2023 à 82 % en avril 2024. Au fil des mois, la part des wattures produites en France a également progressé.

Les premiers effets sur la structure de la demande n’ont donc pas mis longtemps à se faire ressentir. Cette évolution traduit une rupture très nette dans les choix d’achat des ménages. Concrètement, ils s’orientent désormais davantage vers des modèles européens, devenus plus compétitifs par leur éligibilité aux aides.

Dans le rapport de la DGE, l’effet prix apparaît central dans la recomposition du marché. Le recentrage des aides sur les véhicules bien notés à l’éco-score a fait baisser leur tarif. À cela s’ajoutent des effets non monétaires comme la « dégradation d’image associée aux véhicules exclus des aides » ou à l’inverse, « la valorisation implicite des modèles présentés comme plus vertueux sur le plan environnemental ».

Et le leasing social dans tout ça ?

Lancé en parallèle début 2024, le leasing social a renforcé cette dynamique. Conçu pour faciliter l’accès à la voiture électrique des ménages modestes, il repose lui aussi sur le critère de l’éco-score. Les véhicules financés dans ce cadre ont donc tous été produits en Europe et une part significative d’entre eux a même été assemblée en France.

En volume, ce dispositif a représenté près d’un quart des immatriculations de voitures électriques neuves en 2024. Il a donc largement contribué à déplacer la demande vers des modèles européens. En 2025, les résultats ont été moins probants. Au 10 décembre, l’ensemble des 50 000 véhicules proposés n’avait toujours pas été écoulé. Pas sûr qu’une troisième édition soit à l’ordre du jour.

Une politique publique efficace

Au-delà de l’impact conjoncturel, ces évolutions traduisent une inflexion plus profonde de la politique publique. En liant transition écologique, politique industrielle et justice sociale, l’éco-score et le leasing social ont modifié les règles du jeu. Ils ont également incité les constructeurs à adapter leur stratégie. Soit en relocalisant une partie de leur production, soit en décarbonant davantage leurs chaînes pour rester éligibles aux aides.

En conclusion, les auteurs du rapport estiment que la baisse de part de marché des véhicules extra-européens en 2024 est « due à 20 % au leasing social », à « 40 % à l’effet prix du recentrage des aides à l’achat » et le reste de la baisse est « dû aux effets hors prix et facteurs extérieurs ». Finalement, la DGE souligne la complémentarité entre « des aides bien ciblées et une offre locale éligible à l’éco-score et compétitive ».

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