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Recharge bidirectionnelle V2G : la ville d'Utrecht fait de la Renault 5 une centrale électrique mobile

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Aux Pays-Bas, la ville d’Utrecht s’affranchit de son image de carte postale pour faire sienne les dernières innovations technologiques. Confrontée à un réseau électrique régulièrement sous tension, la municipalité a accompagné pendant près de 10 ans un projet de recharge bidirectionnelle dans l’espace public qui est désormais opérationnel avec 50 Renault 5 E-Tech en autopartage. Une première européenne qu’Automobile Propre a pu découvrir.

Et si l’avenir de nos réseaux électriques se trouvait dans nos parkings ? Mercredi dernier, la commune d’Utrecht – connue autant pour son parking à vélos plus grand au monde que pour son architecture médiévale – a donné une réponse éclatante à cette question en inaugurant avec ses partenaires son projet « Utrecht Energized ».

Cette première européenne transforme 50 Renault 5 en véritables centrales électriques mobiles au service de la ville moderne.

Quand le logo tourne à l’envers et que le tableau de bord s’anime

« Avec la R5, c’est la première fois que j’ai pu voir notre petit logo tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre sur l’une de nos bornes ». Robin Berg, le CEO de We Drive Solar, se souvient encore de ce moment particulier qui marque aussi une révolution : pour la première fois, l’électricité ne coule plus seulement du réseau vers la voiture, mais également dans l’autre sens. Le principe même de la recharge bidirectionnelle, plus communément appelée V2G pour Vehicle-to-Grid.

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Nous avons pu d’ailleurs pu constater cette nouvelle réalité en prenant le volant d’une Renault 5 à travers les charmantes rues d’Utrecht. Lorsque nous avons branché notre voiture à sa borne We Drive Solar,  et qu’elle s’est « déchargée » dans le réseau, le spectacle était saisissant : non seulement le logo de la borne publique s’est mis à tourner à l’envers, mais l’animation du tableau de bord de notre Renault s’est transformée aussi instantanément, indiquant visuellement que l’énergie repartait dans le réseau de la ville. Un détail technique discret mais marquant qui illustre parfaitement ce basculement de paradigme.

« Utrecht Energized » est un projet ambitieux, qui aura nécessité pas moins dix années de conception et de tests. Depuis début juin, il trouve enfin sa concrétisation grâce à un écosystème complexe réunissant des partenaires de tous horizons : We Drive Solar (concepteur des bornes bidirectionnelles), MyWheels (plateforme d’autopartage leader dans le pays avec 3 000 véhicules électriques), Renault et sa filiale Mobilize, sans oublier les incontournables partenaires énergétiques comme Energy Zero et Last Mile Solutions.

Les Pays-Bas : champion mondial de la détention de panneaux solaires

Les Pays-Bas ne sont pas n’importe quel terrain d’expérimentation pour la recharge bidirectionnelle. Avec le plus grand nombre de panneaux solaires par habitant au monde, le pays produit régulièrement des pics de 20 à 27 gigawatts d’énergie renouvelable – en avril dernier notamment – alors qu’il n’en consomme que 10 à 15 GW.  « C’est bien mieux de stocker l’énergie plutôt que de la vendre aux Allemands », observe Robin Berg avec un petit sourire, « même si les Allemands sont heureux de l’avoir ».

Cette surabondance d’énergie verte fait d’Utrecht un laboratoire parfait pour tester ce que Jérôme Faton, directeur de Mobilize Energy, appelle la transformation des voitures électriques en « asset énergétique ». « Dans le passé, les voitures avaient toute cette essence dans leurs réservoirs qui ne servaient à rien plus de 90 % du temps. Avec les véhicules électriques V2G, les voitures deviennent utiles et partie intégrante de l’équilibre du système énergétique. »

Selon les calculs d’Eva Oosters, responsable du projet pour la ville d’Utrecht, 500 véhicules électriques V2G suffisent à soutenir le réseau d’une ville de 100 000 habitants. De quoi révolutionner la gestion énergétique de nos villes et donner envie à d’autres municipalités engagées de se lancer dans des projets similaires d’autopartage.

À date, ce sont 50 R5 équipées de batteries 52 kWh qui parcourent les rues en attendant l’arrivée des 450 autres Renault commandées (dont des Renault 4 pour des usages familiaux) d’ici à la fin d’année.

Autopartage électrique : un modèle économique gagnant et de l’espace libéré pour les habitants

D’un point de vue business, le modèle économique d’autopartage électrique tient la route : avec une utilisation de 30 % contre 3 % pour un véhicule particulier aux Pays-Bas et un coût total inférieur à la possession privée dès lors que le particulier roule moins de 13 000 km annuels, le partage de VE devient rationnel autant qu’écologique. À cela s’ajoute les revenus générés par la revente de l’énergie contenue dans les batteries du parc au moment du pic de demande du réseau électrique, et donc vendue au tarif maximal.

En plus de la capacité non négligeable des véhicules à soutenir le réseau, Laurens van de Vijver, CEO de MyWheels, souligne l’effet bénéfique de l’autopartage pour reconquérir l’espace urbain : « Les entreprises de recherche montrent que lorsque vous mettez un véhicule électrique partagé dans un quartier, 10 véhicules privés disparaissent. » L’impact va donc bien au-delà de la simple mobilité électrique : « 60 000 places de parking vont être supprimées à terme avec ce projet », précise-t-il, libérant de l’espace « pour ce qui compte vraiment : la nature, les gens, les constructions ».

Dans un pays où la densité de population figure parmi les plus importantes d’Europe et où les espaces publics sont rares, c’est là aussi un atout qui parle.

Les défis réglementaires de la recharge bidirectionnelle V2G

Mais la route vers la généralisation de la technologie V2G reste semée d’embûches, notamment administratives. « La voiture électrique est prête, la technologie de recharge bidirectionnelle est prête », martèle Jérôme Faton, « nous devons maintenant obtenir un changement du système réglementaire. »

Il en appelle à la volonté politique, au niveau national, mais surtout européen, pour accélérer et mettre en place le cadre nécessaire à la démocratisation du V2G : abandon de la double taxation des flux énergétiques bidirectionnels, révision des tarifs de réseau, accélération du déploiement des compteurs intelligents (comme Linky en France) et harmonisation des certifications du continent.

La projection européenne pour la technologie Vehicle-to-Grid permet de mieux appréhender la révolution à venir et le potentiel d’économies à réaliser. Comme le rappelle Jérôme Faton : « En 2030, nous aurons au moins 30 millions de véhicules électriques sur les routes européennes. En supposant que seulement 20 % soient équipés de recharge bidirectionnelle V2G, cela représente l’équivalent d’au moins 10 centrales thermiques. » C’est loin d’être négligeable, même à l’échelle de notre continent.

Objectif 2030 : 10 000 véhicules V2G aux Pays-Bas

Utrecht fait figure de galop d’essai avec déjà un déploiement prévu prochainement sur Eindhoven, Rotterdam puis Amsterdam. L’objectif annoncé par les partenaires pour la recharge bidirectionnelle ? 10 000 véhicules électriques V2G en circulation d’ici à 2030 aux Pays-Bas. Assez pour soutenir le réseau électrique de toutes ces villes, annonce Eva Oosters.

Sharon Dijksma, maire d’Utrecht, ne cache pas sa fierté : « Ce qui semblait futuriste pour la recharge bidirectionnelle est maintenant une réalité dans nos rues, nos quartiers et nos maisons. » Et ce laboratoire néerlandais de la mobilité électrique pourrait bien préfigurer l’avenir énergétique européen, tant les défis de gestion des énergies renouvelables intermittentes se généralisent sur le continent.

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Reste à voir si cette innovation made in Netherlands en matière de recharge V2G saura convaincre au-delà des frontières d’un pays très avancé en matière d’énergie renouvelable, et particulièrement solaire. Car, comme le rappelle Robin Berg avec tout l’enthousiasme du pionnier : « Ce qui se passe aujourd’hui aux Pays-Bas avec la recharge peut se passer partout dans le monde demain. »

Et pour les particuliers ? En France, 300 euros d’économies par an

Côté français, les projets de recharge bidirectionnelle dans l’espace public ne sont peut-être pas aussi avancés qu’aux Pays-Bas, mais le V2G est toutefois déjà proposé aux particuliers avec l’offre Mobilize Power. Et les premiers retours obtenus par rapport à la technologie sont encourageants. « Nos clients de recharge bidirectionnelle économisent au moins 300 euros par an », révèle Jérôme Faton.

La recharge bidirectionnelle n’en est qu’à ses balbutiements, mais, comme le démontrent ses premières applications, pourrait bien révolutionner notre rapport à l’énergie. Utrecht a ouvert la voie, à d’autres de l’emprunter.

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