AccueilArticlesJackie Qiang (Xpeng) : « L'objectif est d'être la première marque premium chinoise de voitures électriques »

Jackie Qiang (Xpeng) : « L'objectif est d'être la première marque premium chinoise de voitures électriques »

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Le patron européen de Xpeng parle de l’avancée de la marque sur nos marchés.

Automobile Propre – Vous présentez la version remaniée de votre G6 en marge des 24 Heures du Mans. Ce choix peut surprendre…

Jackie Qiang – Nous voulons embrasser la culture européenne, la culture automobile. Oui, Le Mans, c’est lié à la compétition et nous ne sommes pas une marque liée à la compétition. Mais nous devons rejoindre cette culture, cet environnement, tout faire pour être au plus près de nos consommateurs, entendre ce qu’ils ont à dire. C’est la clé.

AP – Comment décririez-vous vos avancées sur le marché européen ?

Jackie Qiang – Notre avantage de base est que nous nous positionnons très différemment des autres. Nous sommes très orientés sur la technologie. Mais, pour une nouvelle marque comme nous, il y a toujours des défis. Par exemple les différences culturelles. Ce matin, je discutais avec un de mes collègues. En Chine ou aux États-Unis, tout le monde veut des grosses voitures. En Europe, c’est différent en raison de la taille des parkings ou de la manière dont les routes sont conçues. De même, en Chine, nous n’avons pas besoin de kit d’attelage, car cet usage n’existe pas. C’est un défi pour Xpeng comme pour d’autres. Cet apprentissage prend du temps, mais nous avançons. Dans le futur, nous comptons également proposer des produits plus adaptés à l’Europe, notamment avec des véhicules plus petits.

Ventes d’Xpeng en Europe :

2023 : 2 023

2024 : 8 188

Objectif 2025 en France : environ 3 500 immatriculations Dates de lancement :
  • Pays-Bas : mars 2022
  • Norvège : mai 2022
  • Allemagne : mars 2024
  • France : septembre 2024
  • Espagne-Portugal : septembre 2024
  • Royaume-Uni : février 2025
  • Italie : mai 2025

(source : Jato)

AP – Et quelle est votre perception du marché français ?

Jackie Qiang – Évidemment, si l’on compare avec les pays nordiques ou l’Allemagne, le poids des petites voitures est encore plus important. Et les attentes en termes de positionnement pour les consommateurs français seront plus hautes qu’ailleurs. Le premier pas, ce n’est pas vendre les voitures, c’est de bâtir une équipe marketing afin de faire connaître la marque.

AP – Vous vous occupez du développement international de Xpeng depuis plusieurs années. Qu’avez-vous découvert en occupant cette fonction ?

Jackie Qiang – La première chose, c’est de changer son propre état d’esprit.  Je me suis occupé du développement international de la marque depuis 2020. C’était la période de la pandémie et à l’époque, voyager était très complexe. Mais j’ai expliqué à notre PDG que si nous voulions nous établir en Europe, il fallait installer l’équipe sur place pour vraiment comprendre le marché.

AP – Depuis l’an dernier, l’Europe a établi des barrières douanières sur les véhicules électriques assemblés en Chine. Pour Xpeng, le droit s’établit à 21,3 %. Comment avez-vous géré ce changement ?

Jackie Qiang – En toute honnêteté, cela a été un challenge. Mais vous avez constaté qu’en termes de prix pour le consommateur final, rien n’a changé. Alors, évidemment, nous sacrifions notre marge. C’est difficile pour une période, mais cela ne durera pas toujours.

AP – Une réponse logique serait d’avoir un site de production en Europe…

Jackie Qiang – A long terme, nous avons besoin de cette solution. C’est aussi ainsi que le pense notre fondateur : quand vous êtes présents sur un marché, c’est une situation où tout le monde est gagnant. Nous ne venons pas en Europe pour écouler quelques voitures. Il s’agit d’être accepté par les clients locaux. Donc, oui, nous travaillons sur des solutions de ce type.

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Des Xpeng made in Europe en vue ?

Comme les autres véhicules électriques assemblés en Chine, les Xpeng sont touchés par des droits de douane mis en place l’an dernier par l’Union européenne. La note se monte à 31,3 % (10 % de base + 21,3 % en « extra »).

Fin 2024, le directeur exécutif de la marque en Europe du Nord, Jens Olsen, indiquait que le constructeur recherchait activement « une implantation industrielle » sur notre continent.

En mars, le quotidien régional autrichien Kleine Zeitung indiquait que Xpeng pourrait produire des véhicules dans l’usine Magna Steyr, à Graz. Ce site assemble historiquement des voitures « sous contrat » avec des grandes marques automobiles.

La capitale de la Styrie assemble aujourd’hui le Mercedes Classe G et le tandem BMW Z4/Toyota Supra (dont la production cessera prochainement). Ces dernières années, les chaînes avaient aussi accouché du Jaguar I-Pace ou du Fisker Ocean.

En plus de Xpeng, GAC, l’autre constructeur de Guangzhou, serait sur les rangs pour utiliser les capacités de l’usine Magna de Graz.

AP – Vous vous présentez comme une entreprise technologique plus que comme un simple constructeur automobile. Voitures volantes, robots humanoïdes… Ces innovations seront-elles un jour disponibles chez nous ?

Jackie Qiang – La Chine a tellement changé… Ces dernières années, la technologie est partout dans le monde en avance sur les règles. Et les entreprises technologiques repoussent toujours les frontières. Même en Chine, les règles pour les voitures volantes n’existaient pas. Aujourd’hui, quelques villes ouvrent leur ciel. Nous allons donc d’abord développer nos capacités en Chine. Nous allons nous assurer que nous avons un bon produit, sûr et fournissant une bonne expérience. Et après, pour Xpeng comme pour d’autres fabricants de VE, nous verrons ce qui est possible dans l’Union européenne. Nous espérons participer à l’établissement des règles, mais nous devons être prêts avant que celles-ci n’émergent.

AP – Comment définiriez-vous la culture d’entreprise de Xpeng ?

Jackie Qiang – C’est très différent de ce que l’on trouve chez un constructeur plus mature. Nous sommes une start-up, mais nous restons très humbles. Nous gardons les choses simples, directes, technologiques et basées sur les résultats. La semaine dernière, j’ai rencontré nos concessionnaires. Je ne leur ai pas demandé leurs chiffres de ventes. Je leur ai demandé : « que pouvons-nous améliorer ? ». Ce sont eux qui sont en face des consommateurs tous les jours.

AP – Quel est votre objectif à moyen terme, par exemple dans un horizon de trois à cinq ans ?

Jackie Qiang – C’est difficile de donner un chiffre. Mais nous avons une vision : être la première marque chinoise de VE premium en Europe. Peu importe si cela prend trois ou cinq ans, nous serons patients.

AP – La prochaine sortie devrait être la berline P7+. C’est pour quand ?

Jackie Qiang – Elle arrivera l’année prochaine. Mais il y a aura d’autres surprises…

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Comment ça va côté finances ?

Mieux. Comme pas mal de jeunes constructeurs créés ex-nihilo, Xpeng a perdu (beaucoup) d’argent ces dernières années. Au premier trimestre 2024, le constructeur affichait ainsi 170 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros. Soit presque 2 millions de cash brûlés chaque jour…

Cette année, sur les trois mois de janvier à mars, les pertes s’élevaient à 80 millions d’euros pour un peu moins de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il y a donc du mieux. Et à ce rythme, Xpeng pourrait bientôt basculer dans le vert.

La cause est évidente. Xpeng a immatriculé 147 000 véhicules en Chine sur les cinq premiers mois de l’année, soit près de trois fois les ventes de l’année précédente. Un succès lié aux lancements réussis des P7+ et Mona 03.

Ceci place la marque au 20ᵉ rang des marques en République populaire. Elle ne figure pas si loin de Tesla (202 000) et devant Xiaomi (132 000), Zeekr (71 000) ou NIO (60 000). Mais sur un marché chinois ultra-concurrentiel, les positions peuvent évoluer en quelques mois.

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