AccueilArticlesFace aux incertitudes du marché, Honda revoit à la baisse sa stratégie sur la voiture électrique

Face aux incertitudes du marché, Honda revoit à la baisse sa stratégie sur la voiture électrique

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Décidément, l’électrique n’a pas la cote au Japon. Chacun leur tour, les constructeurs automobiles nippons annoncent lever le pied sur la voiture électrique. Pour s’adapter à l’évolution « trop lente », selon eux, du marché, ils réduisent leurs investissements et mettent le paquet sur l’hybride. Honda est la dernière marque en date à avoir pris position dans ce sens. On fait le point.

Alors que l’industrie semblait s’engager vers le tout-électrique au début des années 2020, le marché connaît un développement « trop lent » au goût de certains. Inflation, infrastructures de recharge insuffisantes (c’est de moins en moins vrai), autonomie limitée et prix élevés ont freiné l’enthousiasme des consommateurs. De quoi faire douter plus d’une marque, à l’image de Honda, qui revoit aujourd’hui sa stratégie.

Honda revoit ses ambitions à la baisse

Le PDG de Honda, Toshihiro Mibe, a annoncé une révision en profondeur de la stratégie d’électrification du constructeur. Le groupe abandonne son objectif de réaliser 30 % de ses ventes en électrique d’ici à 2030, pour ramener cette part à environ 20 %. Il réduit aussi de 30 % ses investissements dans les technologies liées aux véhicules électriques et aux logiciels.

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Honda ne renonce pas pour autant à l’électrification, mais il adapte sa feuille de route. Plutôt que d’accélérer sur le 100 % électrique, la marque met l’accent sur l’hybride (HEV). Une solution perçue comme « le bon compromis », plus en phase avec la demande actuelle. Le constructeur va lancer 13 nouveaux modèles hybrides entre 2027 et 2030, et vise « 2,2 à 2,3 millions » de ventes HEV à cette échéance, contre 868 000 en 2024.

L’argument du « réalisme commercial »

Toshihiro Mibe justifie cette inflexion stratégique par « l’environnement incertain » dans lequel évolue l’industrie automobile. Il cite notamment la révision de nombreuses politiques publiques en matière d’environnement. Aux États-Unis, l’abrogation par l’administration Trump d’un décret adopté par Joe Biden, qui fixait à 50 % la part des voitures électriques dans le mix d’ici 2030, illustre ce retour en arrière.

En Europe, la Commission pourrait également faire marche arrière sur l’échéance de 2035. Il se dit que certaines motorisations hybrides seront encore acceptées après cette date. Enfin, les e-carburants devraient aussi avoir un rôle à jouer dans la transformation du secteur lors de la prochaine décennie. A la vue de ces changements, plusieurs marques ont donc décidé de freiner leurs investissements sur l’électrique.

Nissan, autre constructeur japonais emblématique, a aussi reculé sur ses ambitions électriques. L’entreprise a abandonné un projet de gigafactory de batteries à Kyushu. Volkswagen, Porsche et Volvo ont également revu leurs objectifs. En Inde, Jaguar Land Rover a ralenti ses investissements dans la production de véhicules électriques. La prudence gagne donc l’ensemble de l’industrie.

La stratégie du « pont » vers l’électrique

Plutôt que de viser une bascule brutale vers le tout-électrique, Honda présente l’hybride comme une « technologie passerelle ». Les modèles HEV prévus à partir de 2027 devront accompagner la transition tout en tenant compte des réalités du terrain : coût, acceptabilité sociale, réseau de recharge et maturité technologique. Pour Honda, c’est une manière d’avancer sans précipitation, tout en continuant à verdir son catalogue.

Parallèlement, le constructeur entend miser sur les technologies embarquées pour renforcer l’attractivité de ses modèles, hybrides comme électriques. Honda annonce ainsi le développement d’un système avancé d’aide à la conduite (ADAS) de nouvelle génération, capable d’assister le conducteur de manière continue, y compris en milieu urbain. Ce système sera intégré dans les nouveaux modèles à partir de 2027.

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Honda veut quand même maintenir le cap

Malgré cet ajustement stratégique, Honda tient à rappeler qu’il ne « renonce pas à ses objectifs sur le long terme ». Le constructeur vise toujours une neutralité carbone complète de ses véhicules et activités d’ici 2050, et un mix de ventes zéro émission (électrique ou hydrogène) dès 2040. Pour y parvenir, l’hybride est vu comme un « levier intermédiaire », capable de concilier impératifs écologiques et contraintes économiques.

Ce changement de cap intervient quelques jours après un autre signal fort : Honda a suspendu pour deux ans son projet de méga-usine en Ontario, au Canada. Un investissement de 15 milliards de dollars canadiens (9,5 milliards d’euros) gelé, faute de perspectives commerciales jugées suffisantes. Le groupe garde l’option d’y revenir, mais le message est clair : l’électrique ne progresse pas au rythme espéré.

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