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La Commission européenne est dos au mur. Les annonces prévues initialement ce mercredi 10 décembre au sujet de l’interdiction des moteurs thermiques à horizon 2035 auront finalement lieu le 16 décembre. Les États membres sont plus divisés que jamais sur l’avenir de l’industrie automobile, et cela n’augure rien de bon.
Bruxelles a finalement décidé de reporter ses annonces au 16 décembre. Cette décision révèle les tensions croissantes entre les États membres de l’Union européenne sur la trajectoire imposée au secteur automobile. Fixée en 2023, l’interdiction de la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035 devait incarner la colonne vertébrale du Pacte vert. Deux ans plus tard, ce cap est déjà contesté de toutes parts, sur fond de ralentissement des ventes et de concurrence chinoise.
Plusieurs constructeurs sont montés au front, notamment BMW. Ford le fait à son tour. Dans un communiqué publié ce 9 décembre, l’ovale bleu écrit : « Il est nécessaire d’adapter les objectifs de réduction des émissions de CO2 à l’adoption réelle par le marché et de fournir aux constructeurs automobiles un horizon de planification réaliste et fiable sur 10 ans. Cela implique de donner aux consommateurs la possibilité de conduire des véhicules hybrides plus longtemps, en assurant une transition en douceur plutôt que de les contraindre à un changement qu’ils ne sont pas prêts à entreprendre ».
Du côté des pays, l’Allemagne mène désormais la contestation. Berlin, soutenu par plusieurs pays dont la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et la Slovaquie, plaide pour une réouverture du débat afin d’autoriser, au-delà de 2035, certaines motorisations alternatives comme les hybrides rechargeables, les prolongateurs d’autonomie ou les carburants de synthèse. Pour ces États, il s’agit surtout de préserver un tissu industriel fragilisé, dans des pays où l’automobile reste un pilier économique et social majeur.
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Fin des moteurs thermiques en 2035 : l’Europe sur le point de faire marche arrière ?La France et l’Espagne campent sur une position différente. Paris redoute qu’un assouplissement de la règle ne vienne déstabiliser les investissements consentis dans l’électrique, notamment dans les gigafactories de batteries. Pour le gouvernement français, revenir sur 2035 pourrait freiner la transformation engagée et affaiblir la crédibilité de la stratégie climatique européenne. Malgré tout, Paris ouvre la porte à certaines flexibilités. On sent bien que la fin du thermique n’est plus une priorité absolue.
À ces divergences s’ajoute la question, explosive, de la souveraineté industrielle. La notion de « préférence européenne », défendue bec et ongles par Emmanuel Macron, vise à conditionner aides publiques et commandes à un niveau minimal de contenu produit dans l’Union. Une orientation qui séduit une partie des industriels, mais qui inquiète plusieurs États membres qui craignent de voir émerger un protectionnisme déguisé, une pratique en théorie contraire aux règles du marché intérieur.
Le débat est d’autant plus tendu que les indicateurs économiques virent au rouge depuis quelques mois. Les pertes d’emplois se multiplient dans la filière. En parallèle, la balance commerciale automobile européenne s’est retournée en faveur de la Chine. Les importations chinoises (de véhicules et de pièces détachées) ont bondi. Pour la toute première fois, le déficit sur les pièces détachées a atteint 3,4 milliards d’euros en 2024 selon Le Point, alors que nous étions excédentaires de 15 milliards d’euros en 2022.
Voilà le tableau avec lequel la Commission européenne doit avancer. Parmi les pistes étudiées, figurent une plus grande flexibilité sur les normes d’émissions, une différenciation pour les véhicules utilitaires ou encore une reconnaissance de la « neutralité technologique ». Dans tous les cas, la politique du tout-électrique semble s’éloigner. Avec ces débats, l’Union européenne donne l’image d’un continent plus divisé que jamais. Une fracture qui pourrait peser durablement sur l’avenir de notre industrie automobile.
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