À Nogaro, une vingtaine d’écoles se sont affrontées pour établir un record de consommation avec de petits engins électriques. Intrigué, Automobile-Propre est allé voir ça !

Ça grouille dans les stands du circuit Paul Armagnac. Mais sur la piste, une certaine zénitude plane. À Nogaro, en ce jour de début juillet, pas de courses d’anciennes vrombissantes ou de camions déchainés. À la place, de petits engins aux airs de suppositoires à roulettes, qui avancent à faible allure, quasiment sans bruit. Bienvenue au Shell Eco Marathon, de retour dans le Gers.

Depuis 1985, le pétrolier organise ce challenge ouvert aux écoles. Et celui-ci connaît la même évolution que le marché automobile : il y a désormais deux compétitions bien distinctes, celle des thermiques et celles des électriques. Pour l’instant, on trouve encore plus d’inscrits à la course thermique (38 cette année), mais la bascule se fait petit à petit. 24 équipages ont ainsi été retenus pour prendre le départ de l’édition 2022 en électrique.

Un contrôle technique est réalisé avant l’entrée sur la piste.

Le principe est le même : établir un record de consommation, afin d’obtenir le plus gros kilométrage. À la place du litre d’essence, il y a ici 1 kWh d’électricité. Du moins théoriquement, car les étudiants ne vont pas faire des centaines de kilomètres dans ces engins au confort rudimentaire. La règle est de faire au moins dix tours de circuit, avec une contrainte de temps et de vitesse moyenne minimale de 25 km/h. 

Monter une mini-écurie

Évidemment, pour le grand spectacle, on repassera ! Pour la chasse à l’innovation technique aussi. Gilles Vanier, le directeur technique du Shell Eco Marathon, nous explique que ce n’est pas le but, rappelant que ce sont des étudiants, et non des ingénieurs automobiles, pour certains très jeunes, car les inscriptions sont ouvertes dès le collège. Le but du Shell Eco Marathon, c’est de les sensibiliser aux technologiques futures et de les motiver autour d’un projet.

Dans les stands, l’ambiance est sérieuse tout au long de la journée.

Gilles Vannier explique ainsi d’emblée : « ce n’est pas seulement construire une voiture ». Les équipes doivent gérer l’ensemble des aspects qui les mèneront jusqu’aux portes du circuit. Outre le développement et la mise au point de l’engin, il y a ainsi la recherche de sponsors, toute la logistique ou encore les démarches administratives. Shell ne s’occupe pas du voyage ! Celui-ci est facile quand on est un collège non loin de là. Mais quand on vient d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient ou d’Afrique, c’est autre chose. En gros, ces étudiants montent une mini écurie.

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Certains auront l’avantage de reprendre la base d’un véhicule existant, transmis et peaufiné d’année en année au sein de l’école. D’autres se lanceront dans le projet d’un tout nouveau modèle. C’est par exemple le cas de l’ESILV, une école d’ingénieurs à La Défense. C’est le septième véhicule de cette école. Membre de l’équipe, Héloïse nous explique que sa team « Vinci Ecodrive » voulait un engin plus aérodynamique, qui profite de nouvelles technologies de conception. 

Près de vingt étudiants ont travaillé pendant sept mois sur la création de l’engin. Ils ont notamment fabriqué eux-mêmes la coque en carbone et usiné une partie des pièces. Le véhicule a été fini juste à temps. Avec un objectif simple cette année : faire un maximum de tours, sans chercher à gagner. Quitte à avoir des déboires dès le tour d’essai ! Mais selon Gilles Vanier, « on apprend plus par l’échec ! »

La team Vinci Eco Drive a construit un nouveau véhicule en sept mois.

Un tremplin vers une carrière automobile

Le directeur technique précise que, généralement, la première année, la priorité est de faire valider techniquement l’engin, qui doit répondre à un cahier des charges précis, notamment en matière de sécurité. Des membres de Shell vérifient par exemple les capacités de freinage. C’est ensuite au fur et à mesure des participations que la recherche de performances vient. Un bolide permet ainsi à des étudiants de différentes années scolaires de travailler ensemble, les plus anciens transmettant leurs savoirs aux nouveaux. 

Le Shell Eco Marathon suscite-t-il alors des vocations, donnant naissance à de grands ingénieurs automobiles ? Gilles Vanier reconnaît qu’il est difficile pour Shell de suivre les parcours des étudiants, mais il découvre régulièrement au gré de ses rencontres d’anciens participants qui ont fait carrière dans l’auto. Il cite ainsi un chef de projet chez Tesla ou un ingénieur chez e.dams, partenaire de Nissan en Formule E, le championnat de monoplaces électriques.

Certains tirent même déjà un atout de cette expérience. Mathieu, de l’équipe ESILV, a ainsi décroché cette année un stage en CAO (conception assistée par ordinateur) chez Hopium, la nouvelle marque haut de gamme française qui prépare une berline à hydrogène. Malheureusement, l’engin de son école ne finira pas classé cette année. Le challenge électrique a été remporté par un équipage espagnol, avec un score de 935 km par kWh !

Peut-on faire aussi bien ? Pour le savoir, nous avons été invités à prendre les commandes d’un de ces véhicules, une expérience à retrouver bientôt sur Automobile-Propre.

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