Les aides prévues par l’Inflation Reduction Act américain seraient une menace pour les projets de gigafactories de batteries européennes.
IRA, trois lettres qui font grincer des dents en Europe. Il s’agit de l’Inflation Reduction Act, un plan de 370 milliards de dollars initié par Joe Biden, qui doit doper l’industrie verte aux Etats-Unis. Les mesures sont très protectionnistes, d’où l’agacement en Europe.
Exemple avec un des éléments majeurs de l’IRA, un crédit d’impôt accordé aux acheteurs d’un véhicule électrique, mais avec des conditions : la voiture et la batterie doivent être assemblées localement. Ce qui défavorise donc les véhicules produits de notre côté de l’Atlantique. Et preuve que les politiques européens ont raison de s’inquiéter : des constructeurs ont déjà réagi en revoyant leurs plans pour construire de nouvelles usines.
En ce qui concerne les batteries, l’ONG Transport & Environment sort carrément un chiffre alarmant : selon une étude qu’elle a réalisée, « un peu plus des deux tiers (68 %) de la production de batteries lithium-ion prévue en Europe en 2030 risque d’être retardée, réduite ou annulée » à cause de l’IRA !
T&E a ainsi étudié le cas de 50 gigafactories prévues en Europe à partir des informations publiques, en prenant en compte plusieurs critères : avancement, financement, sécurisation de l’emplacement et liens des entreprises avec les États-Unis. Selon l’ONG, « une capacité de production de batteries équivalant à 18 millions de voitures électriques, soit 1,2 TWh, présente un risque moyen à élevé d’être interrompue ou perdue ».
À lire aussi Tesla : pourquoi la Gigafactory de Berlin produit encore peu de batteriesL’Allemagne pourrait payer le plus lourd tribut. Sur le total de production prévue, la menace serait faible pour seulement 96 GWh. Elle serait moyenne pour 301 GWh et élevée pour 87 GWh. Un exemple vient déjà de montrer que ce n’est pas du vent : Tesla est déjà en train de revoir ses intentions pour la production de batteries 4680 sur son site de Berlin, avouant son intention de favoriser les Etats-Unis pour cela. Des projets d’usines européennes sont en sursis à cause d’une mise en concurrence avec un site équivalent situé au pays de l’Oncle Sam. La France serait en revanche peu touchée, alors que plusieurs gigafactories sont en cours de construction, notamment dans le Nord.
T&E alerte donc sur le fait que l’Europe pourrait encore être, à la fin de la décennie, dépendante de l’Asie, comme c’est déjà le cas actuellement, mais aussi des Etats-Unis pour les batteries des voitures électriques. Pour Diane Strauss, directrice de T&E France, « L’Europe doit agir pour ne pas tout perdre. Afin de réagir aux subventions américaines et à l’avance chinoise en matière de batteries, il est urgent de mettre en place une politique industrielle verte axée sur les batteries, avec un soutien à l’échelle de l’UE pour augmenter la production. »
Le 14 mars, l’Europe doit annoncer des mesures qui doivent répondre, du moins en partie, à l’IRA. T&E demande « des allègements fiscaux et des subventions pour développer la fabrication de batteries tout en respectant pleinement les normes environnementales de l’Europe ».
Ce qui est extraordinaire, c’est de constater que les pays grands adeptes du libre échange (période Reagan Thatcher) deviennent aujourd’hui les plus protecteurs et les plus exportateurs.
Je ne vois pas très bien comment les pays comme la France qui ont saboté leur industrie pour rentrer dans ce grand marché de dupe vont pouvoir résister aux grandes puissances que cette politique a engendrées.
Il existe un volet puissant qui n’a pas encore été activé et qui a le mérite d’être simple et d’éviter le protectionnisme commercial, celui de la sécurité des transports.
A courte échéance, un principe de précaution va être émis par les transporteurs et les assureurs pour éviter le transports de batteries au Lithium, qu’elles soient ou non dans les voitures.
Le problème concret est l’incapacité des solutions extinction actuelles de circonscrire un sinistre en cours. Dès son début, les stocks et leurs supports sont perdus.
Les naufrages de plusieurs cargos RORO, les usines rasées, les véhicules carbonisés sont des avertissements.
Le surcoût qu’engendrerait la modification des normes incendies, les équipements de combat et les formations inhérentes, ne peuvent être adoptés sans augmentation lourde des frais de transport et une multiplication des primes d’assurances.
Ces facteurs favorisent les productions de batteries au plus près des marchés.
Le monde n’a jamais été un monde de bisounours.
Chacun défends avant tout ses intérêts. Le protectionnisme est un outil pour le faire.
Pour produire il faut de l’énergie et de la matière première. Les USA ont de l’énergie et ont des voisins avec de la matière première. Ils ont 100% raison de vouloir être en grande partie indépendants des Européens et Chinois dans ces domaines.
Les Européens ont de l’énergie électrique, peu d’hydrocarbures, peu de matière première. Ils s’auto contraignent en voulant faire du « vert » et du moins polluant. Ils doivent commencer par se mettre d’accord entre eux… plus on est nombreux plus c’est difficile. Ils peuvent jouer de la relation internationale et faire de la diplomatie… mais résultat incertain et peu de maitrise.
Objectifs ambitieux avec moyens limités et dépendances fortes le tout avec politiques internes divergentes…
Il faut de la stabilité pour investir. Il faut en créer un minimum dans un monde… instable.
Devant le protectionnisme, y a-t-il meilleure arme que du protectionnisme ?
A part des taxes ciblant l’import de véhicules en Europe, voyez vous en autre solution ?
Ce Joe va finir par nous faire regretter Donald !
La naivete de l’Europe est confondante. Dans ce cas qu’attend t’elle pour faire la réciproque à l’IRA? Si le marché mondial n’est plus régulé il faut revenir avec une culture protectionniste à l’américaine. Quand tout sera bloqué les pays reviendront à plus de raison. Le pb est que un homme décide aux USA, plus de 20 doivent se mettre d’accord en Europe avec des intérêts divergents. On est mal barré avec les lois environnementales parmi les plus contraignantes et pas d’industrie, quasi pas de matières premières et une volonté politique de facade. C’est la fête.
On est en train de jouer effectivement l’avenir de la voiture électrique en Europe et donc de centaines de milliers d’emplois.
Renault l’a bien compris en investissant a fond dans le nord la France pour avoir nos propres usine de batteries. Des sources de lithium se trouvent en Bretagne.
On ne pas pas attendre l’Europe qui est actuellement sous domination allemande.
L’Allemagne à un seul but, faire capoter l’industrie du VE en Europe en chez ses voisins en négociant une fois de plus de produire des véhicules thermiques polluantes. au delà de 2035 et supprimer les notions de ZFE (pour se rallier un maximum d’opinons pour leurs étant favorable).
Ils nous a déjà mis un genou a terre en cassant une grosse partie de notre autonomie nucléaire, la prochaine étape c’est nous mettre à terre.
Le développement du VE abordable ne pourra pas se faire en UE, sans celui des batteries en UE. Que Bruxelles comprenne bien que les pions sont en train de se mettre en place sur l’échiquier mondial et que pour avoir une chance de maîtriser la partie, il faut investir massivement en UE. Qu’Ursula commence aussi à mettre (déjà en parler pour casser les velléités) des freins commerciaux à l’import, en premier sur Tesla Berlin avec incitation à une production locale des batteries.