Opposer les véhicules électriques aux thermiques ou aux modèles anciens, n’est-ce pas un peu artificiel ? Directeur général de la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE), Laurent Heriou nous livre son point de vue depuis Rétromobile.
Passionnés
Maintenant que la communauté des électromobiliens s’est considérablement élargie, il est plus difficile de constater que nombre de pionniers étaient aussi des passionnés de voitures anciennes, de belles motos et/ou de bolides plus ou moins bruyants.
En Moselle, à Créhange, par exemple, le club Auto Rétro 57 aménageait déjà il y a une vingtaine d’années un espace réservé aux électriques dans sa manifestation annuelle dédiée aux véhicules anciens.
Y ont été exposés des modèles intéressants comme une Baker de 1909, une Dauphine Henney Kilowatt de 1960, une berline et un utilitaire Mildé-Krieger du début des années 1940, une Peugeot VLV et un scooter Socovel de la même époque, et bien d’autres.
FFVE
Cette année, 3 liaisons directes entre le club mosellan et la FFVE : Auto Rétro 57 adhère à la FFVE comme la grande majorité des clubs de passionnés d’anciennes qui organisent des manifestations ouvertes au public ; la fédération a décidé de mettre en avant des engins électriques d’autrefois sur son stand à Rétromobile ; le scooter électrique Socovel aura été exposé par les 2 structures à une dizaine d’années d’intervalle.
Créée en 1967, avec comme premier président Henri Malartre, fondateur du Musée de l’automobile de Rochetaillée-sur-Saône, la Fédération française des véhicules d’époque s’est donné pour mission d’encourager, de coordonner et de défendre dans l’Hexagone la conservation et l’utilisation de tous les véhicules anciens.
Que des VE sur le stand de la FFVE
Reconnue d’utilité publique, la FFVE fédère plus de 1.300 clubs, associations ou musées derrière lesquels se retrouvent environ 230.000 collectionneurs pour un parc de 800.000 véhicules anciens. Cette année, elle a fait le choix de n’exposer que des véhicules électriques sur son stand au salon Rétromobile.
En plus du scooter belge Socovel étaient réunis 4 voitures : limousine Krieger de 1908, Bugatti Type 56 1931 de style phaéton conçu à sa demande et pour lui même par Ettore Bugatti, coupé Rosengart Supersept Sutosix de 1938 équipé d’un moteur électrique en 1940, et CGE Tudor 1942 dotée d’un record d’autonomie pour l’époque de 250 kilomètres.
Une promotion du VE ?
En exposant uniquement des véhicules électriques, la FFVE ferait-elle leur promotion ? « Nous avons simplement voulu dire que les véhicules électriques existent depuis 120 ans », rectifie Laurent Heriou. « A l’époque, à la fin du XIXe siècle, personne ne savait qui de l’auto à vapeur, de l’auto électrique ou de l’auto thermique remporterait la victoire du mode de propulsion qui serait plébiscité par les automobilistes », ajoute-t-il.
Il rappelle que la fameuse « Jamais Contente à batterie Fulmen, exposée au musée de Compiègne depuis 1934, a été la première voiture à dépasser les 100 km/h ». Record de 105,88 km/h plus précisément, établi par Camille Jenatzy le 29 avril 1899 à Achères. Le précédent, enregistré le 4 mars de la même année, était de 92,78 km/h.
Des questions en suspens
« Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le domaine de l’automobile, y compris pour les modèles électriques, mais un bon nombre de questions restent en suspens. Certaines ont été mises au jour par Carlos Tavares, patron de Peugeot. Aujourd’hui, ce n’est plus l’autonomie qui pose problème, mais le temps de recharge des batteries. Voilà où nous en sommes à ce jour », expose Laurent Heriou.
« Si des solutions sont trouvées pour les véhicules électriques, nous en serons ravis. Ce n’est pas parce qu’on aime les anciennes qu’on ne pense pas à l’avenir de la planète », précise-t-il.
L’hydrogène face à la pollution grise ?
« Si l’on veut traiter le problème de la pollution grise, alors il faut tout mesurer, toute la chaîne, depuis le puits de pétrole jusqu’à la roue. Et de même pour les voitures électriques. Des algorithmes sont en train d’être calculés à ce sujet : on verra bien ce qui en ressortira », explique de façon pragmatique Laurent Heriou.
« Une solution existe a priori : l’hydrogène », avance-t-il. « Voyons quelles sont les meilleures solutions », ouvre-t-il plus largement.
Ne pas enfermer dans des cases
Le directeur général de la FFVE rejette l’idée d’enfermer des groupes de personnes dans des cases. « On arrête les positions dogmatiques : nous sommes tous dans le même bateau. Nous devons continuer à vivre, et le faire de façon raisonnable », affirme Laurent Heriou.
« Le car-bashing, le tsunami, le dieselgate : les constructeurs ne sont pas tous des méchants. Les politiques ont aussi leurs responsabilités. Quand ils imposent des normes qui ne sont pas tenables, ça donne des résultats comme le dieselgate. Il est important que les politiques écoutent les constructeurs et que des organismes indépendants soient consultés », assure le DG de la FFVE.
Selon les styles de vie
« Les solutions de mobilité sont différentes selon les besoins, selon les styles de vie. Une voiture électrique se recharge plus facilement quand on vit à la campagne, dans une maison avec une prise accessible pour cela. Mais si l’on doit rouler beaucoup, une voiture électrique ne sera pas adaptée », prévient Laurent Heriou. « Il faut arrêter de produire des chiffres virtuels d’autonomie », complète-t-il.
Rétrofit
« Le rétrofit, c’est très bien. Mais s’il s’agit d’un véhicule avec carte grise de collection, dans l’état actuel des textes, il devrait repasser en carte grise normale », prévient notre interlocuteur.
« En plus d’une première immatriculation qui date de plus de 30 ans, pour un modèle (type mine) dont la production est arrêtée, une carte grise de collection impose que le véhicule soit dans sa configuration d’origine. Les caractéristiques techniques de ses organes principaux doivent être conformes à l’époque de sa sortie. En changeant aujourd’hui le moteur, ce n’est plus le cas », justifie-t-il.
A noter que la FFVE a obtenu la possibilité d’immatriculer en collection des véhicules qui ont subi une transformation datant de plus de 30 ans. Une nouvelle famille qui s’ajoute à 3 autres pour lesquelles la fédération a mené combat : les youngtimers, les répliques et les kits-cars.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Laurent Heriou de nous avoir accordé du temps depuis le stand de la FFVE à Rétromobile.
Belle interview.
Pouvoir équiper une ami 6 d’un moteur électrique est une chouette perspective et pouvoir faire rouler des autos anciennes avec des techniques modernes rapproche l’automobile des autres moyens de transports comme trains et avions qui évoluent constamment durant leur carrière .c’est aussi ça le recyclage…Une auto de cent ,cinquante ou dix ans reste un objet qui doit toujours pouvoir rouler et si l’on peut le faire en polluant un minimum tous les jours …
Il ne faut pas être naïf. Le lobbying des constructeurs est bien connu pour être très puissant. Ils n’ont rien à foutre de l’avenir de la planète, étant suffisamment fortunés pour mettre leur famille à l’abri (ou complètement enivrés par le pognon). Je rejoins Brulec83. A un moment donné, il faut contraindre (l’antithèse du libéralisme), sinon on va tous crever, comme diraient NH ou GT… vous voyez de qui je veux parler !
Non , quand on est pas capable de sortir des autos qui respectent les normes on ne les sorts pas , c’est tout , si ca avait été fait on aurait pas tout ces soucis de santé partout . A moins de vouloir régler le problème de la surpopulation .
Ca ne me choque pas qu’une voiture de collection repasse en carte grise normale à cause du rétrofit. Dans son jus d’origine, elle ne peut être utilisée qu’avec parcimonie, alors qu’avec un moteur électrique (et d’autres rénovations) elle repart pour une nouvelle vie.
Le Monsieur est bien gentil, mais c’est une rengaine de lieux communs. En même temps, si Tavares est son gourou, n’attendons pas de lui des idées intéressantes sur le VE!
Ça commençait plutôt bien mais ça fini plutôt mal quand on lit :
» les constructeurs ne sont pas tous des méchants. Les politiques ont aussi leurs responsabilités. Quand ils imposent des normes qui ne sont pas tenables, ça donne des résultats comme le dieselgate. Il est important que les politiques écoutent les constructeurs… »
On va remettre les choses dans l’ordre, les constructeurs ont des moyens de pression énormes sur les politiques. Pour faire simple, la pollution, ils s’en foutent (sauf quand ça se voit trop et que ça commence à nuire à l’image), il faut que ça rapporte de l’argent, beaucoup d’argent. Alors les constructeurs expliquent aux politiques que pour le moment c’est le mieux qu’on puisse faire, sinon, on va fermer des usines… Je me souviens que quand j’étais petit, Jacques Calvet, président de PSA de 1983 à 1997 jurait à qui voulait l’entendre (surtout les gouvernements de l’époque) que « si le diesel avait déjà tué quelqu’un, ça se saurait »…
« Les solutions de mobilité sont différentes selon les besoins, …. Mais si l’on doit rouler beaucoup, une voiture électrique ne sera pas adaptée », prévient Laurent Heriou. « Il faut arrêter de produire des chiffres virtuels d’autonomie »,
Là c’est le pompon, quand aux chiffres virtuels ils existent aussi pour les charrettes à pétrole quand le constructeur annonce des consommation excessivement basses.
L’hydrogène…c’est le moteur à eau H2+O=H2O.
Le problème est de le produire proprement puis de le stocker en sécurité.
Il reste du travail pour les chercheurs et ingénieurs.
Pas d’accord pour la facilité de la campagne. En ville c’est super simple, il suffit que la ville ait des chargeurs lents dans les parkings et dans les rues. Et des chargeurs rapides dans les stations services. Évidemment on parle pas de 12 chargeurs lents au fond d’un parking et de 2 chargeurs rapides en panne, faut pas se foutre de la gueule du monde.
À Oslo, petite capitale, il y a à vue de nez une centaine de chargeurs rapides et des milliers de chargeurs lents dans tous les parkings, aussi ceux des copropriétés. Trouver une prise n’est pas du tout un problème, elles sont partout. Alors qu’à la campagne il faut ouvrir l’app et parfois conduire quelques kilomètres de plus pour faire un détour.
Que quelqu’un dise à ce monsieur que l’hydrogéne n’a absolument aucun avenir dans la mobilité éléctrique car premiérement PERSONNE n’investira dans son infrastructure de recharge et que deuxièmement il ne fait aucun sens de perdre 50% d’une énergie renouvelable pour produire de l’hydrogéne quand derrière en circuit court on peut valoriser facilement 80% jusque dans une batterie d’un véhicule 100% éléctrique….
Tout va bien jusqu’à ce qu’il aborde la solution de l’hydrogène… Ok si on sait produire de l’hydrogène proprement, ben on saura aussi produire proprement des batteries non? Qui serviront au passage le VE qu’est un véhicule à hydrogène.