
Image par Jan Alexander de Pixabay
Rouler électrique induit souvent de nouveaux comportements et un rapport différent au voyage et au temps.
Le voyage commence bien avant les premiers tours de roue, dit-on, la préparation et la planification faisant déjà partie de la magie d’un bon road-trip.
À ce petit jeu, la voiture électrique comporte un « avantage » certain, même s’il est le résultat d’une contrainte technologique liée à l’autonomie des batteries. Tous les électromobilistes au long cours le savent : un déplacement à piles s’improvise rarement, a fortiori quand il représente plusieurs centaines de kilomètres dans des contrées reculées.
Mais, contrairement à ce que pensent souvent ceux qui n’ont jamais essayé, cette planification obligatoire, qui consiste à organiser son itinéraire en fonction du rayon d’action de sa voiture et de la géographie des stations de recharge, est rarement vécue comme une punition. En tout cas pour les déplacements de loisirs (pour aller voir des clients aux quatre coins du pays dans un temps optimal, c’est une autre histoire).
Y a-t-il un « EV way of life » ?
Une fois que l’on a intégré cette donnée du voyage électrique, elle est même plutôt considérée comme faisant partie du charme de ce type de motorisation. Prévoir son voyage en tenant compte des points valides de recharge a quelque chose de ludique, et peut même modifier notre rapport au temps et à la perception que l’on peut avoir des distances et de l’éloignement. L’anticipation prend alors tout son sens : prévoir les pauses de recharge et faire en sorte qu’elles correspondent avec les pauses déjeuner ou sieste, voire pour les plus férus de découverte, avec une visite de site touristique, ou de musée. Bien sûr, il faut accepter l’idée qu’à de rares exceptions près (les grands axes, ou rouler en Tesla), un voyage électrique durera plus longtemps qu’un voyage thermique.
Mais ceux qui ont fait ce choix connaissaient cette variable de l’équation, et s’en accommodent généralement très bien. Il n’est pas rare que cette nouvelle façon de voyager ait permis de découvrir des routes et des régions que l’on n’aurait jamais envisagé de parcourir au temps ancestral du thermique.
D’ailleurs, il n’y a pas que la durée des voyages qui induit un nouveau rapport à la bagnole avec l’électrique. En fait, tout change, jusqu’à parfois quelques détails de confort dont on n’entend pas souvent parler, comme la possibilité de garder le chauffage ou la clim activés à l’arrêt sans avoir à laisser tourner le moteur, et donc sans polluer – bien sûr c’est mieux si la voiture est branchée – ou, sur certains modèles, pouvoir choisir le son émis par la voiture, extérieur ou intérieur.
C’est aussi, pour de nombreux électromobilistes – pas tous, nous sommes bien d’accord –, l’entrée dans un nouveau monde de conduite apaisée, favorisée par le silence ambiant, la douceur des commandes, parfois les aides à la conduite, et aussi, il faut bien le dire, la fameuse range anxiety, qui induit un pied léger sur l’accélérateur dans l’objectif de rejoindre la prochaine borne de recharge sans avoir à appeler une dépanneuse.
Des comportements qui pourraient même avoir un impact sur… les choix musicaux, puisque certains proposent l’idée de playlists spéciales pour voyage en voiture électrique. Normal, le silence favorise aussi une écoute apaisée, qui peut influer sur le choix des titres. Exit AC/DC Live, bienvenue cloches tibétaines. On parie que Spotify s’y colle prochainement ?
Rapport au temps, aux distances, au bruit, options de confort « augmenté »… Si conduire et voyager sont les marqueurs d’un mode de vie, l’électromobilité pourrait bien en séduire quelques-uns parmi ceux qui hésitent encore à franchir le pas.
Je rêve ? Ah bon.
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Vous enjolivez un peu dites donc
» A de rares exceptions près (les grands axes, ou rouler en Tesla), un voyage électrique durera plus longtemps qu’un voyage thermique. »
Non, sur les grands axes ou en Tesla, Ce sera toujours plus long. Un peu moins mais plus long.
« ait permis de découvrir des routes et des régions »
Alors là c’est absolument l’inverse !
La faible autonomie et la rareté des points de charge oblige à revenir régulièrement vers les grands axes et métropoles. Avec le thermique justement, on peut rester des jours sur des routes communales. On trouvera parfois meme une pompe dans un patelin de 500h.
Le Camping-car électrique aurait de multiples avantages mais contraint aujourd’hui beaucoup trop le voyage empêchant trop d’itinéraires alternatifs.
Pour le reste oui, je suis d’accord.
100% d’accord. D’ailleurs je n’ai jamais autant roulé et voyagé que depuis que j’ai ma Zoé et il me tarde de reprendre la route et de planifier de nouveaux voyages avec l’arrivée des beaux jours.
Je reprendrai bien à mon compte un proverbe africain où avant (à l’époque du thermique) j’avais la montre alors qu’aujourd’hui j’ai le temps 😉
Un avantage peu connu avec la voiture électrique, du moins avec ma tesla modèle 3 et une modèle S (ce sont les deux seuls VE que j ai utilisé) :
Ayant une hernie discale depuis de nombreuses années, mes trajets en voiture ne me provoquent plus de douleur, même quand je traverse la france.
Dans les thermiques je peux ressentir des douleurs rien qu avec 30 min de trajet que ce soit en range rover, bmw ou audi.
Connaissant le problème je ressens le désagrément direct quand le moteur démarre sur certains diesel.
J en conclue que se sont les micro vibrations des moteurs thermiques, pourtant peu perseptibles qui echauffaient mes nerfs ou mon disque.
Après pour ceux qui ont des pb musculaires de dos, c est probablement plus l assise et les suspensions qui sont importants.
Donc voilà une info jetée dans l’océan du web 🤣
Et quel confort de faire de la.route en Tesla avec l’autopilot, même si on aimerait qu il soit bien plus performant.
Même en ayant le choix du véhicule on préfère faire des longs trajets en VE, mais peu de VE permettent de partir sans se soucier du ravitaillement…
Ca fait pourtant bien longtemps que Tesla a montré comment développer les réseaux de charges a destination (22kW) et de recharge rapide (+ de 100 kW) fiable sans prise de tête avec le paiement.
Excellent article, la voiture électrique va faire de nouveau découvrir des contrées (quand l’IRVE sera mieux maitrisée) que nous avions tendance à écarter pour se rendre plus rapidement d’un point A à un point B. Moins de stress aussi et surtout le respect des heures de conduite pour la sécurité.
Bravo, je n’aurai pas dit mieux. Lorsqu’on part en vacances, les vacances commencent lorsqu’on part et pas lorsqu’on arrive. Du coup un voyage d’une journée en prenant son temps par les petites routes et les villages de campagne, c’est rien que du bonheur. je me souviens particulièrement d’un trajet Orléans – Nantes en longeant la Loire. A noter aussi qu’une conduite cool économise de la batterie et le temps qu’on gagne en prenant l’autoroute, est perdu lors de la recharge !
planifier, c’est deja partir :)
comme en avion (autonomie, météo, avitaillement…)
Largement vrai dans l’ensemble. Planifier ses trajets, en tout cas de vacances et weekends, est pour moi un plaisir, comme de feuilleter un guide de voyage. Ca aide que des sites comme abrp.com, chargemap, etc soient si faciles d’utilisation et précis!
On prend aussi plaisir à rouler cool, même en tesla.
Seul point de désaccord: si la musique world et ethno est bien sympa, le metal et la psytrance aussi, même en VE ;-)
Bravo Éric,
Si j’avais votre talent d’écriture, je n’aurais pas écrit autre chose. Ce que vous nous contez est vrai au point que, propriétaire d’une ZOÉ 210 puis d’une ZOÉ 40 et maintenant d’une ZOÉ 50, je mesure pleinement l’influence de l’autonomie sur les parcours et les arrêts de charge choisis et sur la façon de conduire. La ZOÉ 50 donne de l’aisance voire de l’insouciance sur des étapes de 300 km alors que la ZOÉ 40 réclamait de la concentration et beaucoup de préparation tel que décrit dans votre article. J’en déduis donc que l’augmentation inévitable de l’autonomie détruira finalement petit à petit ce retour au plaisir de conduire sur nos départementales. Dommage mais savourons encore ces moments !
Un autre aspect de la mobilité électrique vertueuse est que le dernier bruit à faire disparaître est celui des pneus sur le revêtement routier. Si vous voulez des sensations fortes en matière de silence, je vous conseille vivement la traversée du département de l’Indre qui a fait des efforts époustouflants pour tendre ses départementales SILENCIEUSES au roulage ! Chapeau ! Cela constitue un cadre sonore idéal pour réécouter « film de Bergman » par Jacques VILLERET écoutable sur le site de l’INA !
Merci Éric.
il serait tout à fait logique, voire réglementaire au niveau européen, de limiter fortement la puissance, la vitesse (120 km/h maxi réels !) et les accélérations maximales de TOUS les nouveaux VE et P-HEV !
C’est totalement débile de voir ces énormes VE (et PHEV) dits « Zéro Emission » (sic) atteignant les 2,5 tonnes avec des accélérations de voitures de courses et, évidemment, des rayons d’action VE inversement ridicules pour ces conducteurs va-va-vroum, ceux qui ne veulent rien comprendre, ne rien admettre, car bien souvent « leur voiture de fonction, c’est gratuit ! ». Le VE n’est-il pas justement une offre visant fondamentalement à favoriser le Climat et l’Environnement pour TOUS…
J’estime que certains constructeurs, anciens producteurs de véhicules thermiques haut de gamme et surpuissants (et tricheurs), ne font, au travers de leurs nouvelles offres VE et PHEV, que vouloir maintenir, voire amplifier, à tout prix, les performances, les addictions « clientèlistes » les plus inutiles, polluantes et dès aujourd’hui totalement contre-nature.
Face aux pollutions, aux dérèglements climatiques incontestables, c’est inadmissible que TOUTES les offres de véhicules neufs ne participent pas pleinement et volontairement aux efforts indispensables en ce sens ! Ce double-discours, soi-disant « green », est catastrophique et lamentable au final. La Convention Citoyenne pour le Climat avait parfaitement mis en avant ces graves incohérences entre discours prometteurs et pratiques sous-jacentes, mais… étrangement les lobbies du secteur automobile et les ultra-libéraux ne veulent rien n’y entendre ! C’est bien connu, c’est ce lamentable iceberg qui est venu heurter le Titanic (« la croisière s’amuse » !) et pas l’inverse !
Mouaih… autant tout trajet à portée de l’autonomie du VE (e-Up17 en l’occurence et précédemment Zoé22) est un vrai plaisir, autant je tente ce petit jeu de la planification avec l’Outlander PHEV (qui accepte le Chademo pour gagner quelques dizaines de km en 20 minutes) mais tout autre trajet VE au delà de l’autonomie est tout de même une source de stress (et Mme n’est pas aussi joueuse)… La borne va-t’elle fonctionner ? quelle carte va-t’il falloir pour l’activer ? sera t-elle occupée en arrivant par une voiture ventouse voir pire une thermique ? Non sincèrement le voyage n’est pas si apaisé que l’article semble vouloir le faire croire… et cela fait pourtant 6 ans que je roule en électrique maintenant… je passe les anciennes interrogations (levées par les sites comme Chargemap) sur aurais-je le bon câble ? la borne est-elle accessible même si j’arrive à 19h ou un dimanche ? La vitesse de charge sera-t’elle celle espérée ou un bridage (ou erreur de référencement) va-t’il tripler mon temps de recharge ? non sérieusement il faudra encore quelques années pour voyager apaisé… et de nombreux récents propriétaires finiront sur des dépanneuses ou bien en retard au rendez-vous :-) ça va si c’est juste l’apéro… plus grave si c’est un train ou autre… en plus du couvre-feu.
Très bel article qui correspond bien à mon ressenti. Je prends beaucoup de plaisir à boycotter les autoroutes payantes et je découvre l’arrière-pays qui est souvent très beau avec de belles choses à découvrir !
Les enfants sont ravis.
Je dirais même plus on apprend à ressentir la route et ses éléments. Plus de 2500 kms parcourus en moyenne et juste une batterie de 40 kW.
Nous sommes dans le monde merveilleux de la VE, mais bon il reste encore quelques zones d’ombre en particulier lorsque au bout de 200 km les yeux rivés sur le compteur d’autonomie, vous sentez monter le stress en vous.
👍 +1
C’est un demi-rêve! Tout ce qui est dit dans l’article est vrai, certes, mais pas pour tout le monde. Quand ce n’est pas l’homme qui dans un réflexe bien machiste tient à sa « moyenne », c’est la femme qui ne veut pas arriver « à point d’heure » à destination, parce qu’elle a toujours tellement plus de trucs importants à faire une fois arrivée. L’apéro ne fait pas partie de ces trucs importants.
J’ai franchi le pas de faire disparaître le dernier tuyau d’échappement du ménage. Pour les déplacements courants tout va bien avec les 2 VE. Mais je redoute un peu le premier grand voyage avec Mme vu que la voiture n’est pas une Tesla. Surtout que le premier « grand voyage », je l’ai déjà fait mais sans elle, et quand elle s’est rendu compte du temps que ça a pris…! Ouh lalahh
Je suis electromobilien depuis si longtemps que j’ai pas réalisé que je choisissais mes playlists selon la route… Bon, ça m’empêche pas de mettre du Stupeflip de temps en temps (j’ai même un passager de covoiturage qui a beaucoup aimé :-) ), ou du Sepultura, Dethklok, ou un HED PE, saupoudré d’un peu de MGMT… on gardera The Who/Doors/Chicago pour les longs trips ;)
Dans tous les cas, y goûter, c’est ne plus le lâcher… car oui, qui aime sa musique, le veut sans autre bruit, fenêtres ouvertes sur les lacets de la D19 entre Jaujac et Masméjean, et pour seuls parasites ceux ailés qui se plante derrière le parebrise ou entre les dents