C’est avec un financement qui implique la caisse régionale de Normandie du Crédit agricole, divers partenaires, et la plateforme participative Ulule, que l’achat d’une voiture électrique a pu être réalisée en fin d’année 2018 au Moyon Percy vélo club. « Le bilan est 100% positif », résume Pascal Hervieu, son président.

Un club à l’ascension étonnante

« Notre club a été fondé le 20 octobre 2014 pour la saison 2015. En 2016, il comptait 35 licenciés, et 140 en 2019 », chiffre Pascal Hervieu.

Directeur de l’agence du Crédit agricole de Tessy-sur-Vire (50), Christophe Marion se permet d’ajouter des éléments importants concernant l’association, que le président ne mettrait pas forcément en avant, par discrétion : « Si ses 110 partenaires se mobilisent si facilement pour aider le Moyon Percy vélo club, c’est parce qu’il est porté par des bénévoles très engagés qui ne compte pas leur temps. Pour eux, ce club est une passion, c’est leur vie ».

L’enchaînement des sorties et l’organisation de divers événements (Randos de Moyon, Prix Varin à Percy, Courses des jeunes à Moyon, etc.) a fait grimper « le budget annuel de cette structure à 200.000 euros, dont la moitié est supportée par nos partenaires du privé », souligne Pascal Hervieu.

Point de départ

« Notre volonté de toujours assurer la sécurisation des sorties cyclistes s’est renforcée à la suite d’un accident dont notre manager, Pierrick Leclerc, coureur cycliste, a été témoin. C’était en 2017. Un pratiquant, qui avait l’habitude de rouler avec plusieurs d’entre nous, a été surpris dans un virage lors d’une sortie collective, finissant sa vie sous les roues d’un tracteur. Tous les jours nous recevons des témoignages d’incivilités dont font l’objet des cyclistes », rapporte le président du club.

« Sur les routes de campagne, il faut une voiture devant. Sur les grands axes, elle doit se placer derrière. Dans les 2 cas pour protéger le groupe », explique-t-il.

Pourquoi une voiture électrique ?

« Nous assurions déjà la sécurisation de nos sorties avec des voitures thermiques après l’incident de 2017. Ce n’est pas l’idéal pour les cyclistes de respirer les gaz d’échappement, surtout pour les jeunes de 6 à 12 ans qui fréquentent notre école de vélo labellisée par la Fédération française de cyclisme. De 7 enfants en 2016, nous sommes passés à 44 cette année, et nous savons déjà que le fait de sécuriser les sorties avec une voiture électrique va amplifier la hausse des adhésions », plaide Pascal Hervieu.

« Un de nos partenaires est concessionnaire Renault. Nous avons donc d’abord réfléchi à acheter une ZOE. Mais le prix d’achat était trop élevé pour notre structure, et il fallait encore payer tous les mois une location de batterie. Le maire de Moyon nous a mis sur la piste du garage Autopuzz, près de Lorient (56) », complète-t-il.

5.000 euros la Bluecar

Autopuzz, c’est cet établissement qui a racheté il y a quelques mois un lot de 500 Bolloré Bluecar provenant des services d’autopartage parisiens et lyonnais. En bref, une grande majorité d’Autolib’ revendues un peu moins de 5.000 euros.

« C’est effectivement le prix que nous avons payé notre exemplaire gris et cabossé qui venait de la capitale et affichait déjà 60.000 km au compteur. L’intérieur était en revanche bien propre et elle fonctionnait très bien. Nous avions fait le déplacement, autant que ce soit pour faire affaire ! L’absence de location de batterie a été décisive pour nous », commente Pascal Hervieu.

Et pour maintenir ses batteries à bonne température, ce défaut mis systématiquement en avant quand on évoque ce modèle ? « Aujourd’hui, la voiture sort au moins 3 fois par semaine, avec des objectifs de progression. Le reste du temps, elle est branchée chez moi, à mes frais. Bientôt, elle le sera sur une prise d’un local communal. L’entretien pourra être effectué par une personne du Conseil départemental formé pour intervenir sur les voitures électriques », répond-il.

300 km d’autonomie

Au Moyon Percy vélo club, la belle autonomie de la Bluecar est particulièrement appréciée. « Elle est de 250-300 kilomètres, en roulant à cette moyenne de 35 km/h le plus souvent observée lors de nos sorties. En semaine, le soir, la boucle fait une soixante de kilomètres. Les samedis ou dimanches, c’est plus 100 ou 120 km. Et c’est sans compter les interventions de secours. Nous avons d’ailleurs fait installer sur la Bluecar une galerie pour récupérer un vélo, en cas de besoin », détaille le président de l’association.

Il ajoute : « Un de nos partenaires à pris en charge le débosselage et une peinture jaune à la couleur de notre club. Une rampe de gyrophares a été installée sur le toit ».

Ainsi, l’ancienne Autolib’ est tout simplement méconnaissable et bien plus présentable et convaincante !

Opération Escorte vélo

« Depuis que je suis arrivé à l’agence de Tessy-sur-Vire, j’ai souhaité aider ce club dynamique. Sur le budget Initiative de notre caisse locale nous avons pris en charge l’achat de 70 gilets jaunes et d’autant de sifflets pour les bénévoles qui encadrent les sorties régulières et autres événements du club. Puis nous avons offert 100 chasubles réfléchissantes pour les enfants », liste Christophe Marion.

« Nous sommes une caisse mutualiste. Pour chaque utilisation de carte bancaire de nos clients sociétaires, 2 centimes alimentent le budget Inititative. Il en existe un au niveau de la caisse locale, et un au niveau de la caisse régionale (Manche, Orne, Calvados). Cette dernière a soutenu 512 projets en 2018. Pour l’escorte vélo du Moyon Percy vélo club, se traduisant par l’achat de la Bluecar, notre caisse locale est trop limitée mais a prix en charge l’achat de la galerie du toit. J’ai donc monté un dossier que j’ai transmis à la caisse régionale », indique le directeur d’agence.

Financement à 50% du CA Normandie

« Le dossier a été accepté, pour un financement à hauteur de 2.500 euros de la Bluecar. Ce qui a joué positivement, c’est le volet sécurité, mais aussi le côté écolo d’une voiture électrique, avec l’idée de recycler un véhicule mis sur la touche. Ce deuxième point a été déterminant car il fait écho au Plan bas carbone de CA Normandie par lequel l’établissement, par des actions engagées depuis 2015, a permis d’éviter l’émission de 1.300 tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », estime Christophe Marion.

« Des voitures électriques et des VAE sont mis à la disposition des 2.100 collaborateurs du CA Normandie qui peuvent suivre des cours d’éco-conduite, nous bénéficions de prix négociés pour l’achat de modèles électriques ou hybrides, nous sommes incités à utiliser des modes alternatifs à la voiture individuelle, des ateliers pour réparer nos vélos sont proposés, etc. A Caen, nous pouvons utiliser les 6 ou 7 bornes de notre site », développe-t-il.

Financement participatif Ulule

Sur le compte Facebook du Moyon Percy vélo club, plusieurs vidéos témoignent du déroulement de la campagne de financement participative mise en avant sur la plateforme Ulule. C’est à chaque fois Pierrick Leclerc qui explique le besoin et détaille l’avancée du programme aux principaux intéressés : les cyclistes de l’association, mais aussi des autres structures du Centre-Manche.

Il assure dans le film du lancement de l’opération, vu rapidement plus de 170.000 fois, que « le véhicule électrique est tout simplement le plus adapté » pour encadrer les sorties à vélo. Arnaud Démare, coureur pour Groupama-FDJ, a apporté son nom afin de donner de la visibilité à l’action du club sur les réseaux sociaux.

« A travers la campagne Ulule, une quarantaine de personnes ont effectué des dons entre 6 et 100 euros », chiffre Pascal Hervieu. Il précise que le budget a pu être bouclé grâce à une 3e source : « Des partenaires-sponsors, en particulier l’agence d’intérim Sim et l’assureur Allianz ».

Un encadrement qui s’élargit

En pleine campagne de financement participatif, Pierrick Leclerc affirmait au sujet de l’escorte des sorties, alors réalisée avec des modèles thermiques : « Depuis qu’on fait ça, on est beaucoup plus sereins quand on est tous ensemble sur la route ».

Le Moyon Percy vélo club n’est pas une structure isolée dans son coin. Ses dirigeants l’on déjà prouvé en ayant des échanges réguliers avec la délégation de la sécurité routière du département.

Mais surtout ils souhaitent apporter leur expérience et leur matériel pour sécuriser les sorties « de tous les groupes de cyclo : licenciés, pas licenciés, cyclos-sportifs, cyclotouristes, compétiteurs, etc. », listait le manager de l’association.

« En facilitant la pratique, on pourra aider au développement du vélo sur notre territoire », plaide-t-il. Et ce, en dépassant le cadre du club, en proposant le véhicule à d’autres associations. « On va faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de groupes de cyclistes escortés sur notre territoire », met en avant Pierrick Leclerc dans une des vidéos.

Contre une petite participation

Contre son service de sécurisation des sorties, le Moyon Percy vélo club compte demander entre 2 et 3 euros par participant. « Ce qui nous permettrait de rémunérer les chauffeurs qui seraient salariés à temps partiel, de payer l’assurance et de réaliser correctement les opérations de dépannage », explique Pascal Hervieu.

Ce dernier craint cependant : « Il faut souvent qu’il y ait une grosse casse pour que les gens réagissent ». Une idée qu’il balaye aussitôt en envisageant le succès de l’escorte avec la Bluecar : « Dans ce cas, nous prendrons une deuxième voiture électrique ».

Pour conclure, Christophe Marion, le directeur de l’agence de Tessy-sur-Vire, témoigne : «  Pas mal de nos clients et sociétaires ont salué l’initiative du club cycliste ».

Automobile Propre et moi-même remercions notre lecteur et ancien interviewé Dominique Delport pour nous avoir signalé l’action du Moyon Percy vélo club, Christophe Marion pour avoir rapidement répondu à sa sollicitation et organisé dans son bureau l’entretien avec Pascal Hervieu, président de l’association. Un grand merci aussi à ce dernier pour avoir bien voulu se prêter à l’exercice de l’interview.