Voilà déjà plus de 20 ans que Patrick Augé roule au quotidien avec des voitures qu’il branche chez lui. Deux Peugeot 106 électriques, autant de Citroën Berlingo et encore de BMW i3. Ah, et aussi un Renault Kangoo maxi Z.E. Rencontre avec un véritable pionnier de la mobilité électrique.

2 vagues de la mobilité électrique

C’est sur 2 vagues électromobiles que Patrick Augé a déjà surfé : celle de 1995 à 2005 qui correspond à la génération NiCd de batteries de traction, et l’actuelle qui s’appuie sur la technologie lithium. L’autonomie et les astuces pour la prolonger, les problèmes de bornes et les recharges à la volée, les rallyes et manifestations dédiés, le quotidien et les vacances en VE, les prolongateurs d’autonomie et le roulage dans des conditions difficiles… : tout cela n’a plus de secret pour lui depuis longtemps !

Il partage généreusement son expérience, aussi bien en intervenant sur des sites réservés à la mobilité électrique qu’il fréquente assidûment, – en particulier Automobile Propre -, que directement lorsque des personnes viennent à sa rencontre ou lors de rallyes et manifestations diverses. Il le sait, ses témoignages, sans jamais rien n’imposer et très respectueux de ses interlocuteurs, ont déjà convaincu au moins 6 ou 7 automobilistes au point qu’ils investissent tous dans une voiture électrique ! Des voisins ? De la famille ? Non, des collègues ! Patrick Augé a travaillé pendant des années sur le site EDF de recherche de la Renardière, en région parisienne. « J’avais obtenu du concessionnaire Nissan proche du site de nous prêter pendant 3 mois une Leaf qui a séduit quelques agents », commente Patrick Augé.

Depuis 1995

Que s’est-il passé en 1995 pour que notre interviewé devienne un des très rares automobilistes particuliers à devenir électromobilien à l’époque ? A la base, un état d’esprit : « Pour moi, une voiture est avant tout un moyen pour me rendre à tout moment d’un point à un autre », reconnaît Patrick Augé. Ensuite, une opportunité : « Lors de ma visite à la foire exposition de La Rochelle, en septembre 1995, j’ai appris sur le stand Peugeot la prochaine commercialisation de la 106 électrique et la possibilité de m’en faire une opinion en essayant un des exemplaires mis en location à la journée ou la demi-journée par la ville », se souvient-il.

La motivation de notre interlocuteur était grande, puisque : « Dès le lendemain, j’en réservais une et fut émerveillé par sa souplesse de conduite et son silence ». Totalement conquis par cette voiture, il signait quelques jours plus tard un bon de commande chez le concessionnaire. Voilà comment, depuis décembre 1995, après environ 3 mois d’attente, Patrick Augé est devenu, sans discontinuer, un électromobilien.

Du quotidien aux vacances

Son épouse partageant avec lui son intérêt pour les véhicules électriques, notre interviewé a pu d’autant plus facilement exploiter ceux du foyer, déjà pour leurs trajets de proximité (travail, loisirs, courses, etc.), mais aussi sur leurs lieux de vacances, en utilisant le service « Auto/train » lorsque c’était nécessaire ou préférable.

Même avec des VE d’ancienne génération, il a participé à des rallyes de promotion de la mobilité électrique, dont plusieurs fois la Traversée des Alpes. Avec eux, il n’hésitait pas à rejoindre des destinations à plus de 150 kilomètres en effectuant une recharge intermédiaire. « Le véhicule électrique apporte un plus, un confort, un silence que l’on ne retrouve dans aucun véhicule thermique », a-t-il rapidement apprécié, tout comme le fait de ne plus avoir à effectuer de détours pour faire le plein en énergie. Un an après être entré dans la nouvelle vague électromobile avec l’achat d’un Kangoo maxi Z.E. en 2012, il estimait déjà effectuer à 98% en électrique ses trajets annuels. Le prolongateur d’autonomie, option qu’il a choisie pour ses 2 i3 acquises respectivement en 2014 et 2016 a permis de bloquer le pourcentage à 100%. Multiplier les milliers de kilomètres dans le mois ou en parcourir 500 à la journée n’est pas un problème pour notre interlocuteur.

Un art de vivre

Patrick Augé vit la mobilité électrique véritablement comme un art de vivre. Il s’explique : « Voyager en véhicule électrique sur de longs trajets me fait voir les choses différemment. Je préfère utiliser des petites routes plutôt que des nationales ou autoroutes, déjà dans le but de raccourcir les distances de trajet, mais aussi dans un souci de bien planifier les recharges sur mon parcours ». Il ne perçoit plus le temps consacré au déplacement comme une contrainte.

« Les longs trajets qui auparavant pouvaient se réaliser en une journée en prenant l’autoroute, aujourd’hui se font sur 2 jours, en prenant le temps de voyager, de découvrir de petits villages, ou de nouvelles villes, et de favoriser le contact humain par l’intermédiaire des chambres d’hôtes dont les propriétaires sont plus enclins, que dans un hôtel, à vous mettre à disposition une prise secteur pour la nuit », souhaite-t-il partager avec nos lecteurs.

Passionnant le VE ?

Le rapport de Patrick Augé à la mobilité électrique est vite devenu passionnel. Il est toujours dans cet état d’esprit, se reconnaissant « plus calme au volant » que du temps de ses véhicules thermiques, « grâce à une conduite souple et apaisée obtenue de l’absence de boîte de vitesses », mais aussi, avec les BMW i3, « en gérant l’accélération et le freinage avec la seule pédale de droite ».

Ne lui dites pas qu’un véhicule électrique ne peut pas être passionnant ! Il vous assurera du contraire en évoquant toutes les belles rencontres qu’il a pu vivre grâce à ces VE : « des courageux, des inventifs, des anti-conventionnels, des bricoleurs, des communicants, des organisés, des éco-citoyens s’inquiétant des problèmes environnementaux et de santé publique ». Ce souci, notre pionnier électromobilien en fait aussi sa motivation à rouler électrique. Cet ancien de chez EDF trouve d’ailleurs un lien évident entre mobilité électrique et énergies renouvelables, d’autant plus qu’elles participent à « se passer du pétrole ». Il estime : « Chaque litre de carburant fossile non brûlé économise la planète, est bénéfique pour notre santé, et réduit le déficit commercial de la France ».

La i3

Patrick Augé ne roulait que depuis quelques mois dans son Kangoo maxi Z.E. qu’il pensait déjà à la BMW i3 en termes élogieux. La citadine allemande n’était pas encore commercialisée qu’il la classait déjà parmi les meilleures voitures branchées. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle a été conçue spécifiquement pour la propulsion électrique.

« L’utilisation de matériaux tels que le PFRC et l’aluminium permettant d’alléger de 20% le poids du véhicule » ont beaucoup d’importance pour lui, car ils influent positivement sur l’autonomie. « La i3 pèse 250 kilos de moins qu’une Renault Zoé ! », souligne-t-il. En outre, dans un tel modèle « l’intégration des batteries est plus harmonieuse », plaide-t-il. On l’aura compris, notre interviewé a d’emblée éprouvé un vif intérêt pour la citadine allemande.

Deux éléments on ensuite fait définitivement pencher la balance du côté de cette voiture électrique : « le prolongateur d’autonomie et une conduite proche du concept BMW Mini E que j’ai eu la chance d’essayer en 2010 et dont j’avais apprécié la facilité de conduite », avoue notre interviewé. La Mini E a été lancée sur les routes du monde afin de valider une chaîne de traction à implanter dans la citadine du projet i de BMW. D’où sa très grande proximité avec la i3, en dépit d’une ligne de carrosserie totalement différente.

L’assurance du rex

« Grâce à la BMW i3 et à son prolongateur d’autonomie, je me passe désormais définitivement de voiture thermique », se réjouit Patrick Augé. « Et pourtant je ne l’utilise pas beaucoup : au maximum 10% avec la première i3, et sur une distance jamais supérieure à 5-10 kilomètres avec la deuxième », chiffre-t-il. « A 130 km/h sur l’autoroute, le prolongateur d’autonomie n’arrive pas à suivre, c’est vrai, mais à 110 km/h, c’est bon », reconnaît-t-il. « Quelle que soit la capacité de la batterie de la i3, 22 ou 33 kWh, l’autonomie ajoutée par le prolongateur est d’environ 150 kilomètres », assure-t-il. « En revanche, l’insonorisation du rex a été revue positivement, même si le petit moteur thermique reste le même, ainsi que son réservoir d’essence », témoigne-t-il.

« Autre amélioration, la possibilité de recharger en triphasé, ce qui me permet de recharger à 11 kW sur les bornes accélérées et, via le connecteur type 2 de la borne, sur les rapides bi-standards dépourvues de Combo », se réjouit-il. Sensible au cuir, à la laine, et à l’eucalyptus plus agréable que le plastique, Patrick Augé a choisi la finition loft, particulièrement lumineuse, pour ses 2 i3.

Les kilomètres défilent

« Avec la première i3 que j’ai eue pendant 2 ans environ, j’ai parcouru 46.000 km ; avec la deuxième, reçue en novembre dernier, j’ai déjà 18.000 km au compteur », compare notre interviewé qui estime qu’il roule davantage avec ce modèle de voiture électrique.

« En été, avec la version à batterie 22 kWh, je pouvais parcourir sur une charge, sans utiliser le prolongateur d’autonomie, entre 150 et 170 km ; le pack 33 kWh permettant d’effectuer entre 220 et 230 km », ajoute-t-il. De quoi gagner le guichet d’inscription au Vendée énergie Tour depuis la Vienne où il réside désormais, sans avoir à recharger ni à démarrer le REX.

En 2016 comme en 2017, il a justement participé au Rallye des ambassadeurs du VET où il n’a pas hésité à faire essayer sa voiture aux Vendéens qui le souhaitaient. L’année dernière, il a aussi rejoint le Rallye des conquérants à Caen (14), le France électrique Tour, le Nouvelle Aquitaine électrique Tour, et Court circuit électrique aux Herbiers (85). Après la trêve estivale, il va rallier « Au volant des véhicules du futur » (9-10 septembre) pour retrouver et aider ses amis de l’association Mobil’Eco sur le circuit de la Genétouze (17), puis le Pyrénées Révéo Electric’Tour (30 septembre-1er octobre) organisé par Robert Morandeira et son équipe de L’Ame66, en partenariat avec 3 syndicats de l’énergie (Syaden, Sydeel66, SDE09).

Appréciations sur la i3

Commençons par les moins : Patrick Augé déplore avec la BMW i3 « un manque de visibilité latérale créé par le montant du milieu, et un accès aux places arrière pas facile à cause des portes antagonistes ». En revanche, il apprécie : « la finition loft, les rangements bien agencés, la nervosité du véhicule, la position de conduite surélevée et de pouvoir maîtriser l’accélération et l’arrêt avec une seule pédale ».

Doit-il être étonné : « On vient davantage vers moi pour me demander des renseignements sur les voitures électriques quand je suis à côté de la i3 que lorsque je suis avec le Kangoo maxi Z.E. » ? Il estime que « c’est en raison du manque de distinction visuelle du Kangoo électrique par rapport à un modèle diesel ou à essence ». S’il a changé de BMW en novembre 2016, c’est tout simplement « pour bénéficier d’une meilleure autonomie ». Le modèle qui retient son attention actuellement sur le marché du VE, c’est la Hyundai Ioniq qu’il juge « particulièrement bien aboutie » et pour laquelle il espère le succès.

La mobilité électrique évolue

En plus de 20 ans, Patrick Augé a vu évoluer la mobilité électrique de façon conséquente : « hausse de l’autonomie, beaucoup plus d’infrastructures de recharge, même si le maillage reste perfectible ou à créer dans certains départements, comme le Loiret ». A ce sujet, il perçoit que « certains territoires ont mieux perçu que d’autres la volonté et les besoins des électromobiliens, en dressant des bornes à des endroits particulièrement judicieux ». Il cite ainsi, en exemple, « la Vienne qui installe les siennes dans des lieux touristiques, au cœur de petites villes, ou sur des parkings de supermarché ». Il accorde « un bon point à l’Indre-et-Loire qui a su très tôt implanter des bornes en nombre suffisant, affichant un taux de disponibilité très important, et disposer ses rapides en des points stratégiques au Nord et au Sud du département ».

A l’inverse, il pointe « la Seine-et-Marne où la majorité des points de charge sont installés dans de petits villages dont certains ne dépassent pas la centaine d’habitants ». Notre interviewé est persuadé que les progrès vont continuer, citant « les batteries au graphène qui font déjà l’actualité dans les téléphones portables ». Il prévient : « Avec des packs de plus fortes capacités, il faudra que les infrastructures de recharge suivent ».

Automobile Propre et moi-même remercions Patrick Augé pour sa grande réactivité et le temps pris pour nous répondre et nous faire parvenir des photos d’illustration.