Delphine Lecointre de Loutipi avec son van aménagé Yao

Utilisatrice d’une Renault Zoé à titre personnelle depuis 2017, Delphine Lecointre avait à cœur de promouvoir une autre manière de voyager en van. Son mari a pour cela aménagé un fourgon Peugeot e-Expert, proposé à la location depuis juin dernier chez Loutipi à Combourg (35). Un bon moyen pour pratiquer le slow tourisme à la découverte de la Bretagne.

7 vans aménagés + 2 tentes de toit

Créé en décembre 2021, Loutipi fait dans l’originalité : « Plus que de proposer des vans aménagés, l’entreprise présente des solutions nomades d’hébergement. C’est pourquoi nous louons aussi séparément des tentes de toit pour deux ou quatre personnes ». Le matériel est désigné par un nom.

Ainsi Wally pour l’un des premiers vans du catalogue : « C’est un Volkswagen Transporter T3 de 1989. C’est l’année de la chute du mur de Berlin, en Allemagne, dans le pays où a été construit ce véhicule. C’est pour cela que nous lui avons donné ce nom ». Depuis, la flotte s’est agrandie, avec aujourd’hui 7 vans aménagés. On y trouve deux Renault Trafic (Gavotte en boîte manuelle et Salidou en automatique), Mat le Volkswagen T5, Elios sur porteur Citroën Jumper, et Challengeur sur base Fiat Ducato.

Et puis il y a Yao : « Ca veut dire ‘En route!’ en breton. C’est notre van électrique ». A quoi reconnaît-on une entreprise qui veut absolument promouvoir le VE ? A sa façon de présenter ses véhicules. Sur le site Internet de Loutipi, le Peugeot e-Expert arrive en premier : « Nous le présentons systématiquement à tous nos clients quand il est sur notre site. Tout le monde n’est pas prêt à l’adopter. C’est important de faire évoluer les mentalités sans forcer ».

Une question de légitimité

A vrai dire, Delphine Lecointre est arrivée à l’électrique un peu par hasard : « A la suite d’un souci de santé, mon mari avait besoin d’une voiture automatique. Nous ne cherchions pas un modèle électrique mais l’occasion s’est présentée à nous. Nous avons bien voulu la saisir ».

Depuis la création de Loutipi, l’idée d’un van branché était présente : « Comme utilisateur d’une Renault Zoé depuis 2017, nous nous sentions légitime pour accompagner la transition énergétique vers l’électrique. Nous nous demandions cependant avec quel modèle. Car il n’existait aucun van électrique aménagé sur le marché. Nous avons voulu relever le défi ».

Première difficulté, trouver une base dotée d’une autonomie suffisante : « Nous avons calculé la distance journalière moyenne réalisée par nos véhicules au cours de la saison 2022. Elle était de 124 kilomètres, ce qui n’est pas énorme. C’est le fruit de l’accompagnement de nos clients à la découverte de la Bretagne. Nous avons un ancrage territorial important. C’est pourquoi nous avons noué un partenariat avec l’office du tourisme de Saint-Malo et la marque Bretagne ».

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Choix du fourgon de base

Sans rien imposer, Loutipi invite à suivre « des circuits courts qui permettent de découvrir ce qui existe d’intéressant près de chez soi. Le véhicule électrique est très bien adapté à cela, au slow tourisme : prendre le temps. Tout comme le Volkswagen T3, que nous avions choisi en pensant le rétrofiter pour encourager les séjours bas carbone ».

La durée des locations n’est pas toujours la même à l’année : « En été, elle est de une à trois semaines. Ce qui permet par exemple d’effectuer un tour de Bretagne, très plébiscité. Les demandes sont plus courtes en hors saison. Nous répondons ainsi plutôt à des week-ends de deux ou trois jours. Les itinéraires les plus demandés sont alors le cap Fréhel, et le Mont-Saint-Michel dans la région voisine ».

Il restait donc à trouver une base à aménager en van : « L’offre en fourgons électriques n’est pas encore si forte, surtout avec notre souhait de privilégier un constructeur traditionnel français. Avec sa batterie d’une capacité de 75 kWh, le Peugeot e-Expert est en tête de classement concernant l’autonomie. Après transformation, elle est restée de l’ordre de 330 kilomètres ».

Pour 2 adultes + 1 enfant

Recevoir le fourgon n’a été qu’une simple formalité : « La version électrique du Peugeot Expert était disponible plus rapidement que le diesel. Nous avons commandé notre exemplaire en septembre 2022 et pouvions le recevoir dès janvier suivant. Nous l’avons finalement récupéré à notre demande en mars ».

Il s’agissait d’un classique fourgon tôlé : « Yao est le premier véhicule que nous avons nous-mêmes aménagé. Le fait de nous y mettre sur une base électrique est assez emblématique pour nous. Nous avons ainsi fait le choix de la complexité. C’est un modèle prévu pour un couple, éventuellement avec un enfant. C’est un format qui plaît bien ».

Se contenter de cette configuration avait un autre intérêt : « Nous aurions pu aménager le e-Expert pour une ou deux personnes supplémentaires. Ce qui aurait nécessité d’ajouter un toit relevable et d’autres équipements. Leur poids aurait certainement eu un impact en réduisant un peu l’autonomie ».

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Un premier aménagement maison

Une vue panoramique ; dans un tiroir de la vaisselle, du sel et du poivre ; derrière une des portes de placard la réserve d’eau. Le frigo permet de conserver des boissons bien fraîches, tellement appréciées en prenant l’interview de Delphine Lecointre par une température de l’ordre de 30° C à l’extérieur.

Elle commente : « Nous avons installé sur le toit de Yao un panneau solaire 135 W pour alimenter cet appareil, ainsi que la pompe à eau et des prises USB. Il est relié à une batterie lithium de 100 Ah. Le mobilier a été conçu par la société Exokit à Saint-Brieuc. Mon mari a réalisé l’assemblage et l’ajustage à bord ».

Une chose en particulier a rendu l’aménagement compliqué : « Ce sont toutes ces courbes à l’intérieur. Le Renault Trafic et le nouveau Volkswagen Transporter sont tous les deux plus cubiques. Avec eux, l’installation aurait été plus simple ».

L’isolation du véhicule a été soignée : « Elle commence par du liège projeté directement sur la tôle. Les parois ont reçu du coton fabriqué avec le recyclage de vieux jeans. Les parties visibles présentent de la feutrine. Une épaisseur de liège a été ajoutée au plafond comme au sol. Ce dernier supporte aussi un plancher en peuplier recouvert de stratifié facile à nettoyer ».

Réaliser un aménagement de van sur mesure a été qualifiant, permettant au couple de poursuivre cette activité : Egalement domiciliée à Combourg, «  la marque Yakavan Pays-de-Saint-Malo a été créée pour cela. Le réseau que nous avons ainsi intégré compte six agences en France ».

Accompagnement à la recharge

Le niveau d’accompagnement fourni par Loutipi à ses clients prêts à s’élancer avec Yao est très élevé : « Le van e-Expert a été pensé pour emprunter les petites routes et arriver le plus discrètement possible au plus près de la nature. Nous fournissons le badge de recharge Chargemap et montrons à nos clients, sur la borne du SDE35 à Combourg, comment l’utiliser et télécharger l’application. Nous leur expliquons aussi que cette dernière est collaborative et les invitons à déposer un commentaire après une recharge pour aider la communauté des électromobilistes ».

La formation va jusqu’à inciter à acquérir de nouveaux comportements devant les chargeurs : « Nous apprenons aux utilisateurs de Yao à ne pas se focaliser sur le plein de la batterie, mais plutôt de profiter des arrêts pour retrouver une certaine dose d’énergie. Ainsi ils pourront rejoindre un spot au bord de la mer sans trop de contrainte. S’ils vont dans un camping, ce sera une recharge très lente, mais ce sera déjà ça de pris. Nous fournissons l’adaptateur bleu P17, en plus du câble avec la prise domestique et de celui muni du connecteur de type 2. Notre van électrique est aussi compatible avec la recharge rapide ».

Les suggestions d’itinéraires proposées par Loutipi précisent les bornes à proximité : « Comme nous faisons la promotion du local et des circuits courts, sont indiquées des étapes gratuites chez des agriculteurs, éleveurs et artisans où il est parfois possible de passer la nuit et recharger ».

Les premiers utilisateurs

Si ce sont surtout des couples sans enfant qui louent le van électrique de Loutipi, ce n’est pas toujours pour les mêmes raisons : « Certains le prennent par envie de tester et d’autres quand il n’y a plus que Yao de disponible. Tous apprécient le confort de conduite, trouvent le véhicule génial et agréable ».

Il y a cependant une différence de taille : « Ils ne vivent pas de la même façon la contrainte de la recharge. Ceux qui veulent vraiment essayer de voyager avec un van électrique s’organisent pour cela. Pour les autres, c’est plus difficile. Cet engin n’est de toute façon pas adapté pour traverser la France très rapidement. C’est avant tout un véhicule qui permet de rayonner dans la région ».

Pour Delphine Lecointre et son mari, le coup de barre vers l’électrique est déjà un succès : « Nous avons toujours été remerciés pour le temps pris en explications, notamment en les alertant sur les pénalités possibles en laissant brancher longtemps le véhicule [NDLR : Elles s’appliquent par exemple au bout de 5 heures en Ille-et-Vilaine sur les bornes 22 kW AC, même en cours de recharge]. Jamais un client n’a appelé pour dire qu’il était bloqué à une borne ou pour un autre problème spécifique au VE ».

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Quelques exemples

Notre interlocutrice a déjà quelques retours intéressants à partager : « Une maman avec son fils a voulu essayer Yao car elle était en réflexion pour s’acheter une voiture électrique. Ils sont allés à Brocéliande avec, puis sur la côte d’Emeraude. Elle a trouvé finalement l’usage d’un VE plus facile qu’elle le pensait au départ ».

Parmi les personnes ayant pris Yao par défaut : « Un client a réfléchi un moment puis s’est décidé. Il était ravi au retour, après s’être aventuré jusqu’à la pointe du Raz [NDLR : En taillant au plus droit, ça ferait un minimum de 520 km]. Contrairement aux avis que j’avais lu concernant la recharge dans le Finistère, il n’a pas rencontré de problème ».

Une surprise : « Quelqu’un a absolument voulu parcourir pas mal de kilomètres sur autoroute avec Yao. Il a effectué 2 000 km en cinq jours, en s’appuyant sur les superchargeurs dans les aires. Si on veut que le séjour soit économique, ce n’est bien entendu pas le fonctionnement que nous préconisons. D’ailleurs, sciemment, nous ne proposons pas de formule avec un kilométrage illimité ».

Témoignage

Pour une de ses premières locations, Yao a servi à l’équipe des Castels Tours, entre le 1er juin et le 10 juillet. Environ 3 000 kilomètres ont été parcourus ainsi, avec 13 étapes de 63 à 340 km, dans autant de campings dispersés dans toute la France, depuis la Bretagne jusqu’aux gorges de l’Ardèche, en passant par le Limousin et la Bourgogne. L’opération visait à proposer aux vacanciers des animations autour du respect et de la préservation de la planète. Ainsi la découverte de la faune et de la flore, la dégustation de produits locaux, des ateliers pour fabriquer ses produits ménagers ou apprendre à cultiver ses légumes, etc.

Gwenn Foy, la conductrice du van électrique, a apprécié cette expérience et le confort de conduite du Peugeot e-Expert : «  Je n’avais jamais conduit de véhicule électrique. C’est une première expérience réussie avec Yao ». Afin de maximiser l’autonomie, elle a privilégié le mode de conduite Eco et évité les autoroutes : « Il faut anticiper, ce sont de nouvelles habitudes à prendre ».

L’électromobiliste le temps d’un événement a su surmonter les spécificités de la recharge : « C’est différent de ce que l’on connaît mais très intuitif. Notre première étape a été un peu chaotique, mais avec l’expérience, on s’améliore ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Delphine Lecointre de nous avoir rejoints à Cancale pour réaliser son interview et nous permettre de découvrir Yao.