Renault 5 Prototype R5 électrique 2021 03

Renault et Nissan remettent à plat leur Alliance, recentrée sur des projets communs en Amérique latine, en Inde et en Europe. Pour le Vieux Continent, ils concernent surtout l’électrique.

Née en 1999, l’Alliance Renault-Nissan commence aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire. Ou plutôt un nouveau tome, tant le lien qui unit les deux grands constructeurs change en profondeur.

Au fil des années, les rapports s’étaient peu à peu distendus et ont frôlé le point de rupture au moment de la chute de Carlos Ghosn. L’arrivée de Jean-Dominique Senard et de Luca de Meo, respectivement en tant que président et directeur général de Renault, a permis de relancer les discussions avec la partie japonaise.

Mais il a fallu de long mois de négociations, avec l’aide de l’Etat français (qui détient 15 % de Renault), pour arriver à un accord. Quitte à faire de gros sacrifice du côté français. Car les deux constructeurs sont aujourd’hui remis sur un pied d’égalité, avec une participation croisée identique : chacun va détenir 15 % de l’autre. Depuis des années, Renault possédait 43,4 % de Nissan !

Voilà qui fait penser à un retour en arrière. Et visiblement, Renault n’avait pas d’autre choix pour mieux aller de l’avant. Le côté japonais rejetant catégoriquement l’idée de former un méga-groupe façon Stellantis, l’Alliance restera ce qu’elle a finalement toujours été : une coopération technique.

L’après Mégane électrique déjà à l’étude

La remise à plat doit permettre d’assainir les relations pour que les projets en commun soient plus faciles et plus nombreux. En clair, si Renault et Nissan restent deux groupes bien distincts, ils veulent rebooster les synergies. Les négociations des derniers mois ont ainsi permis de définir plusieurs “projets opérationnels à forte création de valeur”.

Parmi les grands dossiers, il y a bien sûr la voiture électrique. Renault et Nissan n’ont toutefois pas attendu ce “reboot” de l’Alliance pour enfin travailler ensemble, alors qu’ils avaient peu partagé sur les premiers modèles électriques. Ils ont conçu ensemble la base CMF-EV, inaugurée par les Ariya et Mégane.

Nissan va également reprendre à son compte la base CMF-BEV conçue par Renault pour la R5 pour lancer une nouvelle Micra. Le projet semble toutefois avoir pris un peu de retard, puisque le lancement de cette nouvelle Nissan, qui sera produite en France dans une usine du Losange, est maintenant annoncé pour 2026.

Aujourd’hui, les deux parties annoncent étudier “les possibilités de collaboration sur la prochaine génération de véhicules électriques du segment C”, évoquant des modèles pour l’après 2026. Cela semble donc renvoyer à la suite de la Mégane électrique pour Renault. Les deux parties évoquent “l’utilisation potentielle d’une architecture commune de 800 volts”.

Un nouvel utilitaire électrique révolutionnaire

L’autre grand projet commun en matière de véhicules électriques, c’est le FlexEVan, un utilitaire branché que Renault a annoncé en novembre 2022. Nissan le rejoint sur ce projet qui promet de révolutionner l’utilitaire. Le FlexEVan va être basé sur une nouvelle plate-forme de type skateboard, une base qui intègre donc les éléments techniques sous le plancher, ce qui permettra d’avoir une grande modularité dans les carrosseries et donc les usages. Le modèle sera modulable avec carrément la capacité de changer de silhouette et de batterie en cours de vie.

Dans le reste du monde, Nissan va profiter de l’expérience de Renault en matière de low-cost. Les deux parties souhaitent lancer de nouveaux petits modèles électriques sur la base de la Spring, en Amérique latine et en Inde.

Les collaborations ne se limiteront pas aux véhicules. Renault et Nissan Renault déploieront conjointement des infrastructures de recharge en Europe, chez les concessionnaires des deux parties. De plus, le français et le japonais choisiront des partenaires communs pour le recyclage des batteries en fin de vie.

Côté organisation, Nissan va investir dans Ampere, la nouvelle entité qui regroupe les activités électriques de Renault, qui doit être cotée en bourse. Nissan va prendre jusqu’à 15 % d’Ampere. Mitsubishi, rattaché à l’Alliance via Nissan, envisage aussi d’investir dans Ampere.