Fondateur du Leaf France Café, Sébastien Gall est aussi moniteur dans une auto-école du Péage-de-Roussillon (38). Depuis qu’il est tombé sous le charme de la compacte électrique de Nissan, il rêve de l’exploiter pour apprendre à ses élèves, non seulement à conduire, mais aussi à se préparer aux engins qui seront demain habituellement utilisés pour la mobilité quotidienne.

Il y a une vingtaine de jours, le vendredi 27 novembre 2015, très exactement, son souhait est devenu une réalité. Depuis, il savoure les réactions de ses élèves, dont les profils sont particulièrement diversifiés.

Boîte de vitesse automatique

Dans le secteur du Péage-de-Rousillon, c’est à l’auto-école Fanget qu’il faut s’adresser pour apprendre à conduire sur une voiture équipée d’une boîte de vitesses automatique. La concurrence ne dispose pas d’un véhicule adapté. Et pour cause, commente Sébastien Gall : « La transformation, réalisée par une entreprise spécialisée, coûte plus cher, dans une fourchette de 2.000 à 4.000 euros, que pour un modèle à boîte mécanique ».

Sur ces dernières, encore majoritairement produites pour circuler en France, l’intervention peut-être effectuée directement à l’usine, pour un tarif lissé au fil des mois par la formule de location longue durée sur l’engin. Pour exemple, l’adaptation pratiquée sur la Peugeot 2008 HDi BVA, exploitée jusque-là par l’auto-école Fanget, a été facturée 2.700 euros. « À la limite, on peut quasiment équiper toutes les voitures de la sorte », indique-t-il, citant le cas d’un confrère qui enseigne la conduite avec une Renault Mégane RS.

Apprendre à conduire avec une BVA

« A l’auto-école Fanget, la part des demandes pour apprendre à conduire sur une voiture équipée d’une boîte de vitesses automatique, est d’environ 10% », évalue Sébastien Gall. Qu’est-ce qui peut bien motiver de futurs automobilistes à vouloir limiter leurs possibilités de se déplacer avec ce type de véhicules ? « Un handicap, des difficultés à manier une boîte mécanique, l’apprentissage de la conduite d’un quadricycle dès 14 ans », liste, en exemples, notre interviewé. Mais quelle que soit la raison qui pousse un de ses élèves à choisir la transmission automatique, notre moniteur est satisfait. Il est en effet autant convaincu par cet équipement pour le confort qu’il procure, que par la mobilité électrique en général !

De la BVA à la BVM

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Sébastien Gall est toujours étonné des fausses informations qui circulent concernant les problèmes éventuels que pourraient rencontrer ensuite ceux qui ont obtenu leur permis avec la restriction « Embrayage automatique ». Il explique : « Pour un automobiliste qui dispose déjà de ce sésame, il n’est pas nécessaire de reprendre des cours afin de pouvoir conduire les voitures à boîte mécanique. Il lui suffit, au bout de 6 mois minimum, de repasser devant un inspecteur qui évaluera son aptitude à utiliser ce type de transmission ». Notre moniteur cherche à faire évoluer les mentalités : « Nous ne sommes plus dans les années 1950 ou 1960, lorsque ‘conduire’ signifiait ‘piloter’ ! Une BVA, c’est tout de même plus reposant et sécurisant ! ».

Depuis les tapis de démonstration jusqu’à l’auto-école

Sa Leaf auto-école, Sébastier Gall a connu quelques difficultés pour la recevoir : « la demande avait bien été enregistrée depuis des mois, mais pour des raisons comptables et informatiques, la voiture n’arrivait pas ». Il s’agit d’un exemplaire de démonstration, rouge métallisé, équipé des accessoires et doubles-commandes pour assister professionnellement un conducteur novice.

L’engin attendait quelque part qu’on lui retire tout cela. La relance de notre interviewé a été expédiée au bon moment, et la Leaf a alors été livrée rapidement derrière. « À ma connaissance, deux autres auto-écoles disposent de la même voiture électrique, l’une à Amiens, et l’autre à Bourg-en-Bresse », révèle le moniteur de Péage-de-Roussillon, fier d’avoir à disposition son exemplaire, qu’il a lui-même financé. Un geste qui prouve, s’il le fallait encore, son engagement pour promouvoir la mobilité électrique !

Des gestes à repenser

Si l’on se doute que les élèves à la conduite vont être surpris de monter à bord de la Leaf, Sébastien Gall, lui-même, va devoir quelque peu changer ses habitudes. Il s’en est déjà rendu compte ! « Lorsqu’on apprend, en situation, à conduire, il arrive souvent qu’on s’arrête pour un temps d’explication, en laissant le moteur tourner. Avec la Leaf, si l’on procède ainsi, chauffage en fonction, l’autonomie peut se réduire plus qu’on le voudrait », témoigne-t-il. « Heureusement que cette voiture est équipée d’une pompe à chaleur », modère-t-il. « Jusqu’à présent, je n’ai pas eu à parcourir plus de 84 kilomètres à la journée, avec cette voiture, pour les besoins professionnels », rapporte-t-il, toujours surpris de constater qu’il récupère 25% d’autonomie en une heure de charge.

Valeur ajoutée

« Je ne suis pas un grand adepte de la boîte robotisée de la Peugeot 2008 », confie notre interviewé. « Le fonctionnement sans à-coups de la transmission de la Leaf est bien plus agréable pour tous, et moins déroutant pour les élèves », poursuit-il. « Avec le mode B Eco, la japonaise est bien plus douce à conduire, notamment lors des freinages et accélérations qu’il est plus facile de doser », assure-t-il. Bénéfice immédiat : « une meilleure concentration sur la route, les rétros, et la consommation ». Un regret, tout de même : « Le boîtier de commandes à disposition du moniteur ne comporte pas de témoin lumineux pour les clignotants ; je suis obligé de vérifier au tableau de bord, derrière le volant, que l’élève l’a bien mis du bon côté ! ».

5 élèves : 5 profils très différents

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Au jour de l’interview, 5 élèves ont pris des cours de conduite avec Sébastien Gall dans la Leaf aménagée. Il s’agit déjà une femme de 49 ans avec un handicap mental qui pourra ensuite se déplacer au volant d’un quadricycle, que l’on appelle encore communément « voiture sans permis ».

C’est un peu le même cas pour cette jeune de 14 ans qui aura son quad ou sa voiturette. Ces engins étant souvent proposé avec un variateur, l’emploi de la 2008 ou de la Leaf, avec une transmission automatique, s’imposait.

Vient ensuite une dame de 75 ans qui dispose depuis longtemps de son permis, mais qui n’avait jamais vraiment pris le volant du temps où son mari était valide. « À son âge, elle souhaite ne pas se compliquer la vie avec le passage des vitesses », commente Sébastien Gall.

Les 2 élèves suivants n’ont pas demandé à conduire avec une BVA. Ils ont d’ailleurs déjà une bonne maîtrise de la boîte mécanique. L’un d’eux, 15 ans, s’apprête à bénéficier de la conduite accompagnée. L’autre, à 18 ans, pratique le karting et la moto cross. Notre interviewé a tout simplement proposé à ces deux jeunes hommes de découvrir la conduite d’une voiture électrique. « Tous les 5 ont eu un pilotage étonnamment sobre au volant de la Leaf. Et ils avaient la banane en ressortant », s’enthousiasme le moniteur.

Peugeot 2008 ou Nissan Leaf ?

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Les 3 femmes avaient commencé leur apprentissage sur la Peugeot 2008 HDi BVA. Après un passage par la Nissan Leaf, Sébastien Gall leur a laissé le choix du véhicule sur lequel poursuivre la pratique de la conduite. Après un temps de réflexion plus ou moins long, toutes ont décidé de continuer avec la voiture électrique, plus douce à piloter, d’une ambiance plus agréable et propice à davantage d’attention au volant.

Et pourtant, le premier contact avec la japonaise a été un peu déroutant : pas de clé, pas de trappe visible pour le ravitaillement en énergie, pas de bruit en roulant. « On ne sait pas si elle est en marche ou si elle est arrêtée », a dit l’une d’elles. Mais aucun des 5 élèves embarqués à bord ne s’est inquiété de l’autonomie ! « C’était comme secondaire pour eux », traduit le professionnel. La taille du coffre, l’absence d’un moteur visible, l’emplacement des batteries ont été des sujets d’étonnement récurrents.

Entre curiosité et fierté

Bien qu’il se soit remis à l’apprentissage de la conduite sur un véhicule plus classique, le jeune adepte du karting et de la moto cross a demandé à Sébastien Gall de venir le chercher avec la Leaf. Et, déjà, une élève de l’établissement où sont scolarisés les enfants de notre moniteur a demandé à sa propre mère d’apprendre à conduire sur une électrique.

D’autres parents se sont aussi intéressés à la compacte branchée. Quant au patron de notre interviewé : il est ravi ! Il a lui-même essayé quelques modèles branchés, dont la Renault Fluence ZE. Si l’exploitation de véhicules à batteries est économiquement viable pour l’activité de l’auto-école, il pourrait bien accompagner davantage la démarche du fondateur du Leaf France Café. Peut-être avec un Renault Twizy, pour l’apprentissage dès 14 ans.

Et à l’examen ?

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« Pour l’inspecteur à la conduite du secteur, la Nissan Leaf n’est pas une inconnue », indique Sébastien Gall. « Il y a 3 ans environ, il a contrôlé les aptitudes à conduire d’une personne qui avait eu un AVC quelques années auparavant. Elle s’était présentée avec une Leaf spécifiquement aménagée pour elle, disposant notamment d’un accélérateur au pied gauche », détaille-t-il.

Le moniteur s’amuse à imaginer quelques instructions pièges à l’examen. « Vérifiez le niveau d’huile pourrait être l’une d’elles ! », propose-t-il avec humour. Il sait bien que la très grande majorité des jeunes qu’il forme aujourd’hui ne pourront pas s’acheter une voiture électrique juste après l’examen. « Elles sont encore trop chères, même en occasion », dit-il, soudain réaliste. « Mais je pique leur curiosité, pour plus tard », poursuit-il avec pragmatisme et militantisme.

Usage personnel

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« Pour un usage personnel, il faut penser à retirer les doubles-commandes », prévient Sébastien Gall. Le moniteur a déjà dû faire face à une accélération ou un freinage intempestif parce que l’un de ses enfants, récupéré à l’école, avait posé son sac devant lui, sur le pédalier auxiliaire. « Pour l’inhiber, ce n’est pas difficile : juste retirer un petit papillon au niveau de l’accélérateur et un écrou sur la pédale de frein », précise-t-il.

Vroum vroum

Que ce soit à l’auto-école ou dans ses cercles d’amis et connaissances, Sébastien Gall a remarqué que les femmes sont davantage volontaires pour essayer la Leaf. « Ta merde, on ne veut pas monter dedans ! », a-t-il déjà entendu d’un jeune. « Pour beaucoup d’hommes, on a l’impression que la voiture doit obligatoirement faire ‘vroum vroum’ ! », résume-t-il.

« Certains évoquent le véhicule électrique comme seconde voiture du foyer, tout en pensant qu’ils pourront la souffler régulièrement à leur femme », affirme notre interviewé, oubliant qu’il vient de parodier quelque peu certaines publicités pour des citadines, en particulier pour la Peugeot 106, fin des années 1990.

Automobile Propre et moi-même remercions Sébastien Gall d’avoir trouvé un créneau sur son temps personnel pour témoigner de la valeur ajoutée d’une voiture électrique dans l’apprentissage de la conduite.