100% : c’est l’augmentation de la superficie urbanisée de la France prévue en 2014 par rapport à 1974. Dit autrement, la surface artificialisée de notre pays aura doublé en 40 ans pour atteindre presque 10% de la superficie totale de la France à l’horizon 2015.
Infrastructures routières, zones commerciales, lotissements pavillonnaires, zones d’activités : ces chantiers ont généré des millions d’emplois dans le secteur du BTP au détriment de quelques milliers d’exploitations agricoles disparues à jamais. Leur point commun : offrir toujours plus de place à l’automobile, le mode transport ultra privilégié depuis plus d’un demi-siècle.
Pas besoin d’être un spécialiste du sujet pour affirmer que cette tendance est tout sauf durable et que l’on arrive très probablement à la fin d’un cycle, celui du toujours « plus de ». Pourtant, si l’on en juge aux très nombreux projets d’aménagements en cours à travers la France, le doute est encore permis…
Certes, dans les grandes villes, la tendance est plus que jamais à la densification et aux transports collectifs en site propre grâce au renouvellement urbain. Mais vu le prix du foncier désormais affiché dans la plupart de ces grandes villes, pas toujours facile pour une famille avec enfants de la classe moyenne de trouver son bonheur. L’hémorragie urbaine continue donc d’être en 2ème et 3ème couronne des villes, les fameux espaces périurbains (ne les appeler surtout pas banlieue, « ils » n’aiment pas ça…). Un constat qui vaut aussi dans les villes moyennes, d’autant que la pression foncière y est moins forte. Pour le plus grand bonheur des papillonneurs et au diable l’étalement urbain…
Pourtant, il va bien falloir que ça change. Et pas uniquement à travers un durcissement des lois et/ou le volontarisme affiché de certains élus. Il faut aussi que ça change « par le bas » ! Parce qu’il n’y a aucune raison valable à ce que la jeune génération qui s’apprête à entrer dans la vie active continue à accepter d’être repoussée toujours plus loin des centre-villes. Aucune raison d’accepter de devenir à son tour pétro-dépendante comme les générations qui les ont précédé. Surtout que l’automobile à pétrole, cette génération-là, ça ne la fait plus du tout rêver, et pour cause…
Pour que ce changement devienne réalité, nous allons évidemment avoir besoin du concours des élus locaux. Ces fameux maires bâtisseurs qui vont devoir très vite se transformer en maires « rebâtisseurs » ! En engageant dès maintenant des politiques urbaines volontaristes et visionnaires. Pour y parvenir, il va falloir une bonne dose de courage, un peu d’audace et surtout ne pas avoir peur des virages à 180° ! Car le temps presse. Les deux prochains mandats seront décisifs pour l’avenir de la mobilité durable dans les territoires. Sans renversement de tendance, le choc pourrait bien être plus violent encore…
Désormais, il ne s’agit plus uniquement de rêver à l’avenir de la voiture l’électrique, des transports collectifs, du vélo, de la marche à pieds, de l’auto-partage, etc… Pour devenir bien réel, cet avenir-là a impérativement besoin qu’on lui offre de vraies conditions de réussite ! Des conditions qui passent par des aménagements dédiés, à l’image de ceux qui ont été offerts à l’automobile ces dernières décennies. Il ne s’agit donc pas d’une simple évolution mais bien d’un changement de logiciel comme certains spécialistes le répètent depuis quelques années déjà.
Pour y parvenir, probable qu’il faudra une fois encore agir sous la menace d’une loi contraignante. Après le bâtiment à énergie zéro et la mobilité zéro émission, parlera t-on prochainement du zéro étalement urbain ? Si l’on veut lutter efficacement contre la perte de biodiversité tout en donnant une chance aux mobilités alternatives à la voiture individuelle à pétrole, il faut le souhaiter. Très vite.
Crédits photo : cc/flickr/Kiwifraiz
Le problème actuel est qu’on ENCOURAGE les gens à utiliser des modes alternatifs mais qu’on ne fait pas grand chose vis-à-vis d’une urbanisation qui EMPÊCHE de se déplacer autrement qu’en voiture.
Cependant quand j’entends dédouaner les individus de leurs responsabilités, sur ce sujet, ça me dérange. Ce qui pose problème – lorsqu’on ne parle pas de Paris, ce n’est pas réellement le coût du foncier mais les arbitrages. Lorsqu’on est une famille de 4 personnes, entre :
vivre dans un logement en immeuble correct de 80m² dans un secteur qui permet de faire tous ses déplacements à pieds, à vélo ou en transports en commun
et
vivre dans une maison de 100m² + 400m² de terrain au milieu de Pétaouchnok, accolé à la maison du voisin avec des axes où les voitures roulent vite, où il n’y a pas forcément de trottoir dès qu’on sort du lotissement, où les distances sont considérées comme un peu trop longues pour être faites, où les transports en commun ne peuvent pas être soutenables, faute d’un nombre suffisant de passagers et donc où on a forcément une voiture et rien qui incite à s’en servir le moins possible,
la plupart des gens choisissent la deuxième solution. A Paris, de ce que je sais, il est effectivement IMPOSSIBLE d’espérer être propriétaire dans un logement correct sauf si on est très riche. Ailleurs, même à Lyon, c’est possible. Mais on n’habitera pas dans une maison. Et on n’aura pas forcément un bout de terrain privatif, même partagé.
ça reste donc quand même un choix. Un choix qui se fait avec des contraintes mais un choix quand même ! ça me semble important de le rappeler pour qu’on n’évacue pas le problème avec la sentence « c’est à cause des prix de l’immobilier dans les centres » et qu’on travaille à ce qu’évoque Guillaume : produire des morceaux de ville qui attirent et sont compatibles avec une mobilité soutenable. ça peut se faire avec des maisons. Par exemple, des « maisons de ville ». ça doit se faire avec le proximité avec des commerces et services. ça doit se faire dans des secteurs où on pense dès le départ aux déplacements à pieds, à vélo et en transports en commun. Je ne vais pas tout lister ici mais hormis Paris, le coût de l’immobilier n’est qu’un facteur dans la stratégie des ménages.
Il y a quand même un problème de taille, la concentration des administrations, la limitation des hauteurs, l’éternelle loi des 15 m de sécurité hérité dans nos gènes de nos lointains ancêtres. A noté que dans certaines ville la situation est totalement inversée£. Bruxelles centre est un chancre urbain sur plus de la moitié de sa surface et la banlieue est une zone ultra chique ou se côtoient les Eurocrates, les expats (dont de nombreux riches Français genre LVMH)et les plus nantis. Les gens dit normaux vivent dans la seconde couronne.
des chiffres de ventes prometteurs au pays bas
http://www.autoevolution.com/news/green-sales-in-the-netherlands-triple-in-2012-50915.html
Bien d’accord avec cet article, mais on ne peut tous s’agglutiner en centre-ville. L’immobilier y sera probablement toujours plus cher mais il est vrai que certaines politiques locales pourraient améliorer les choses, mais je ne pense pas que cela sera suffisant, en tout cas pas dans un premier temps…