Le pick-up électrique dévoilé par Tesla le 22 octobre alimente d’intenses débats. Chef-d’œuvre pour certains, erreur de style pour d’autres, le Cybertruck bouscule les codes. Ce mastodonte est-il trop extravagant au point de ne pas pouvoir être commercialisé tel qu’il a été présenté ?

Char d’assaut, avion furtif… ou Citroën BX du futur, les comparaisons vont bon train concernant le Tesla Cybertruck. Alors que l’on s’attendait à ce que la firme de Palo Alto dévoile un pick-up électrique au look relativement classique, Elon Musk a surpris en présentant un véhicule hors-du-commun. En cassant les codes, Tesla récolte de vives critiques mais aussi les applaudissements des amateurs de designs clivants. Mais ce Cybertruck a t-il franchi une limite ? Et si le choix d’un véhicule si décalé l’empêchait d’être commercialisé dans certains pays ? Au regard des dimensions, des formes de sa carrosserie et des types de matériaux utilisés, la question est pertinente.

Il faut d’abord intégrer la culture profondément nord-américaine de Tesla et de son dirigeant pour saisir ce choix. Si le pick-up est anecdotique et souvent mal vu en Europe, c’est un emblème dans une grande partie des États-Unis. Les considérations sur l’accaparement de l’espace public par l’automobile et la sécurité vis-à-vis des piétons n’y ont pour l’instant que peu d’écho. Le Cybertruck y trouvera certainement sa place sans trop déranger au-delà de son esthétique. Mais sur le Vieux-Continent et particulièrement en France, il pourrait ne pas réussir l’homologation en l’état.

Danger pour les piétons ?

L’administration risque en effet de tiquer sur le niveau de sécurité du pick-up. Avec une carrosserie anguleuse haut-perchée et un pare-choc avant légèrement en porte-à-faux, on imagine mal un piéton ou cycliste survivre à un choc, même à faible vitesse. Le Cybertruck culmine à 1,9 m dont 40 cm de garde au sol, s’érigeant comme une muraille blindée semblant prête à aspirer sous le bas de caisse tout ce qui lui ferait obstacle. En cas de collision, l’angle droit à la jonction de la calandre et du capot risque également d’agir comme une véritable lame cisaillante. Combiné au poids à vide, non communiqué mais certainement supérieur à 2 tonnes et aux 1587 kg de charge utile, le risque est considérable.

Outre l’aléa pour les piétons, la carrosserie en acier laminé censée résister à un impact de balle de 9 mm peut paradoxalement représenter un danger pour les occupants du Cybertruck. Le phénomène est connu : un véhicule capable d’absorber les chocs en laissant sa carrosserie se déformer protège davantage ses passagers. Enfin, même si le pick-up Tesla obtient toutes les autorisations nécessaires, aura t-il l’approbation du plus sévère des juges : le consommateur. Si les constructeurs osent parfois adopter un design différent pour certains de leurs modèles, le succès est souvent limité.

Design décalé = échec ?

C’est le cas de la Toyota Prius 4, de la Fiat Multipla ou encore de la Renault Avantime. Il arrive cependant que l’extravagance plaise, comme pour la BMW i3 qui affiche de belles ventes. Pour le Tesla Cybertruck, le pas est si grand qu’il est difficile de savoir s’il sera un succès. Avec 146.000 pré-réservations en moins de trois jours, le pick-up semble en tout cas disposer d’un joli potentiel. Et à en croire notre sondage Facebook, les avis sont plutôt équilibrés avec 43% des votants le trouvant « S3XY » contre 57% n’appréciant pas son design. Outre un design hors-du-commun attirant l’œil admiratif ou à l’inverse haineux du passant, les futurs clients devront assumer le gabarit hors-normes du Cybertruck. Dans nos villes aux rues et places de stationnement étroites ou bien nos espaces naturels largement protégés et très fréquentés, le passage du mastodonte risque de faire crisser des dents, s’il n’est pas tout bonnement proscrit.

Et vous ? Pensez-vous que le Tesla Cybertruck est compatible avec l’espace public et les normes de sécurité françaises et européennes ?