À la demande du gouvernement, les sociétés d’autoroutes ont fait un effort… insignifiant. 

Tout juste nommé ministre des Transports, Clément Beaune a su attirer l’attention avec un sujet usé à la corde : le prix élevé des péages. Alors qu’une large majorité des Français partira cet été avec sa voiture, et que les prix des carburants restent coincés à des niveaux fous, le ministre a dit qu’il « serait utile que les sociétés d’autoroutes fassent un geste ». Bonne nouvelle, plusieurs vont en faire un.

Mais il est tout simplement riquiqui. Vinci a été le premier à annoncer une ristourne de 10 % sur les dépenses payées au moyen de chèque vacances. Soyons honnêtes, 10 %, ce n’est pas trop mal… mais la condition limite quand même fortement l’accès à l’offre. Il faut avoir ces chèques, même si Vinci souligne que près de cinq millions de Français sont éligibles aux chèques vacances. Sanef a ensuite promis la même chose, ne cherchant nullement à surenchérir, signe qu’il ne faudrait pas non plus abuser.

La hausse des péages pour 2023 inquiète déjà

Et puis les temps sont durs pour tous non ? Même pour Vinci ! Avant d’annoncer son offre, Pierre Coppey, le patron du principal réseau français, veut « rétablir des vérités » : les péages n’ont pas flambé comme le reste.

C’est vrai, les prix, qui ne peuvent être revus que le 1er février, ont augmenté de 2 %, une hausse validée par l’État fin 2021, avant que l’inflation s’emballe vraiment. Il y aurait donc un désavantage pour Vinci entre la hausse pour le client et la hausse de ses dépenses au jour le jour, les factures des travaux ou de l’entretien s’étant alourdies ces derniers mois. 

Comme le souligne Pierre Coppey, ses prix ne bougeront donc plus jusqu’au 1er février 2023, le vacancier 2022 est ainsi plutôt épargné. On en serait presque ému si on oubliait les généreux profits que font ces sociétés d’autoroutes. Et si on ne tremblait pas déjà pour la hausse 2023, car les contrats autorisent aux sociétés de répercuter jusqu’à 70 % de l’inflation de l’année précédente.

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Vinci et Sanef se disent d’ailleurs prêtes à limiter l’impact de cette inflation, mais on imagine que ce ne sera pas à n’importe quel prix, surement en le lissant sur le long terme. Avant, à court terme, il y a donc ces 10 %. Pour avoir accès à ce geste, il faut souscrire à un abonnement télépéage, avec donc un badge dédié, qui permet ensuite d’y créditer les chèques vacances. Au moins, cela fera découvrir à certains la possibilité de payer son autoroute de cette manière, jusqu’à 250 €.

Vinci indique ainsi qu’en créditant 250 €, le cadeau est de 25 €. Les Français qui brûlent 250 € de péage pour les vacances d’été, l’offre étant valable du 14 juillet au 15 septembre, ne doivent pas être nombreux d’ailleurs. Et puis il faut avoir le badge à temps…

Toujours pas de péage moins cher en électrique

Et les autres, ceux qui ont déjà un badge et pas de chèque vacances ? Rien. Un geste sur un long parcours estival aller-retour aurait pu être sympa, surtout pour les inciter à rester sur l’autoroute et ne pas la quitter plus tôt. Car au final, la meilleure astuce pour réduire son budget péage, c’est de l’éviter non ? Après tout, pendant les vacances, on peut perdre un peu de temps sur les départementales, cela consomme moins de carburant en plus.

Mais chacun est libre de son choix. Ce qui vaut bien sûr pour les sociétés d’autoroutes, qui sont des sociétés privées, avec des conditions tarifaires encadrées par des contrats. Elles sont quand même sollicitées par le gouvernement dès que les automobilistes grognent. Avec parfois de bons gestes, il faut le dire : suite à la crise des gilets jaunes, elles ont mis en place une remise de 30 % pour ceux qui font au moins dix fois par mois le même aller-retour. Mais là, pour les vacanciers, c’est chiche. 

Pour Pierre Coppey, « la seule façon de protéger à long terme le pouvoir d’achat est de mettre en œuvre des solutions pérennes pour décarboner le transport routier ». Il propose de mettre en place sur l’autoroute « toutes solutions de nature à réduire la dépendance des automobilistes aux carburants » : des bornes, des parkings de covoiturage… Mais dans ses mesures, aucune n’évoque un péage plus avantageux pour les hybrides ou électriques !

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