Face aux enjeux écologiques, les sports mécaniques prennent, eux aussi, le virage de l’électrification. Et pour mieux préparer une nouvelle génération de pilotes électriques, le championnat Monaco E-Kart voit le jour avec des machines de compétition électriques. Essai !

L’électrification n’est plus seulement réservée aux voitures de Monsieur Tout-le-Monde. La compétition automobile s’intéresse aussi de près aux enjeux écologiques et de son impact environnemental. Suivant les Formule 1, les voitures de WRC sont désormais hybrides, tout comme le seront les monstres qui seront engagés en catégorie LMPH. Mais de nouvelles séries électriques voient aussi le jour à l’image de la Formula E, mais aussi de l’Extreme E, du eTCR ou du MotoE qui accueilleront une nouvelle génération de pilotes électriques.

Conscients des enjeux d’avenir et pour mieux préparer les pilotes qui ferrailleront sans nul doute dans l’une de ces compétitions électriques dans quelques années, Clivio Piccione et son équipe ont ainsi eu l’idée de créer le Monaco E-Kart Championship. Objectif de cette antichambre de la Formula E : permettre aux plus jeunes de développer leur coup de volant en compétition et viser les catégories reines.

Le Monaco E-Kart se concentre sur l’écologie

Mais l’idée des Monégasques n’est pas seulement motivée par l’apprentissage de la compétition des plus jeunes. Cette série veut aussi remettre au centre des villes la compétition automobile, uniquement possible avec la motorisation électrique, tout en sensibilisant les prochaines générations à la protection de l’environnement. Autant d’objectifs partagés avec la Principauté qui ont su séduire le Prince Albert II, soutien du championnat à travers sa fondation éponyme.

Car la compétition ne se contente pas de faire rouler des karts électriques, elle repense aussi toutes les procédures écologiques en amont et en aval de chaque course. Ainsi, l’équipe du Monaco E-Kart promet un tri sélectif pendant ses compétitions et utilisera des pneus de courses inscrits dans un schéma circulaire. Les bouteilles d’eau utilisées seront intégralement réutilisables et toute la logistique (transport de kart, matériel et personnel) sera assurée par des utilitaires électriques !

Dans un registre plus social, le championnat privilégie l’équité. C’est-à-dire que tous les pilotes disposeront du même kart, avec le même nombre de pneus par saison et les mêmes réglages châssis et moteur. Le but étant de permettre à chacun de partir sur une base équitable, mettant davantage en lumière les compétences de chaque pilote.

Cette compétition électrique permettra à 75 concurrents de s’affronter sur des circuits urbains à Monaco, mais aussi en France et en Italie. Il y aura 25 pilotes par catégorie de karts électriques. La première, avec une puissance de 7 kW, s’adresse aux plus jeunes de 7 à 11 ans. La seconde, pour une puissance de 18 kW, propose un volant aux ados de 12 à 14 ans. La plus haute catégorie s’adresse aux pilotes de 15 ans et plus. C’est cette dernière version que nous avons eu le privilège d’essayer sur la piste karting du circuit Paul Ricard.

Le Monaco E-Kart à la lisière de la catégorie reine

Répondant à la catégorie EK1, le plus gros kart repose sur un châssis Charles Leclerc de compétition. Homologué CIK-FIA, il se distingue des autres avec une configuration technique plus poussée, dont deux disques de freins installés à l’avant. Initialement adapté aux karts thermiques, le châssis conserve le réservoir au centre, qui sera alors rempli d’eau pour lester les pilotes les plus légers. Une goutte n’a donc pas été nécessaire pour votre serviteur, la limite maximale de 210 kg pour la compétition ayant été dépassée allègrement.

Sans surprise, l’ensemble moteur/batterie représente une bonne partie de la masse de ce kart de 135 kg sans pilote. L’ensemble mécanique est fourni par Blue Shock Race, une entreprise lettone qui s’est reconvertie dans le développement de mécaniques électriques pour kartings. L’ensemble se compose d’un moteur/convertisseur à droite, et d’une batterie à gauche. D’un total annoncé à 53 kg, ces deux parties équilibrent le poids, avec tout de même un peu plus de masse côté batterie. Cette dernière dispose d’un Plug&Play : en quelques coups de clé, elle peut être enlevée et remplacée par une autre unité. Du fait de son gabarit et de son poids moindre, celle des karts Junior peut être remplacée encore plus rapidement.

Le moteur développe une puissance de 25 kW, soit 34 ch pour près de 100 Nm de couple ! Une force qui le place aisément au niveau des meilleurs karts de compétition, les fameux KZ 125 cm3 à boîte à vitesse ! La vitesse de pointe ? Jusqu’à 120 km/h dans sa configuration la plus débridée.

Au volant : comment ce karting m’a cassé les bras plutôt que les oreilles

La batterie est livrée avec un chargeur d’une puissance AC maximale de 3 kW et peut fournir de l’énergie pendant 18 minutes en situation de course. C’est largement plus que les courses prévues de 12 minutes + 1 tour selon les circuits. Et au-delà de ce qu’un pauvre corps de néophyte, habitué à la ouate des voitures électriques de série, comme le mien, peut encaisser. D’autant qu’à la fermeté d’un châssis de compétition s’ajoute aussi les contraintes physiques engendrées par la motorisation électrique, qui transmet tout son couple au train arrière via une chaîne. De quoi faire passer un kart 4 temps de location pour une lente limousine.

Assis au ras du sol et sans le bruit d’un moteur thermique, les repères changent vite. Avec une remise des gaz instantanée et quasi douloureuse, il convient plus que jamais de peaufiner son pilotage. Notamment dans un karting, où les spécialistes vous diront que les trajectoires ne sont pas les mêmes selon que l’on roule avec un 4 temps ou un 2 temps. Ceux-là mêmes qui affirmeront que les poids de part et d’autre du pilote que je ne suis pas, entraînent ce kart électrique à peine plus vers l’extérieur de la courbe par rapport à un équivalent thermique. Précisons aussi que le punch électrique apporte des sensations inédites : l’absence de bruit rend les discussions possibles dans les paddocks et rend la mouture un peu plus furtive sur la piste. Une fenêtre stratégique qui sera sans nul doute utilisée par bon nombre de concurrents.

Des jeunes pilotes à l’assaut des pistes à partir du mois d’août

En tout état de cause, ces karts ouvrent un nouveau chapitre en matière de pilotage, que mes modestes compétences ne me permettront pas d’explorer en une journée d’essai. Des talents dont ne manquent pas Mateo Rivals (11 ans), Louis Iglesias (14 ans) et Andy Ratel (15 ans), les lauréats qui se sont imposés lors d’une journée spéciale qui a ressemblé près de 180 participants.

Le coup d’envoi du premier Monaco E-Kart Championship sera donné à Monaco le 20 août prochain. La saison se composera de deux autres courses dans la principauté, mais aussi de deux manches en France (Menton et Saint-Raphaël) et une à Vintimille, en Italie.