Une étude publiée en juillet du Boston Consulting Group (BCG) place la Chine en première position du marché du véhicule électrique à l’horizon 2020.
Pékin a fait de l’industrie du véhicule électrique un objectif prioritaire, voulant devenir un acteur et producteur majeur de véhicules propres. L’image n’est pas sans rappeler Détroit et l’émergence du « Big Three » des années 1930…
Imaginez, en France, un consortium composé d’Alstom, Renault, Cap Gemini, Arkema, EDF et Schneider en charge de développer une filière électrique afin de mettre fin à notre dépendance au pétrole, et vous avez une idée de ce qui est en train de se passer en Chine.
En termes de chiffres, le plan ambitieux de la Chine est d’assurer sur ses routes 500 000 véhicules électriques (comprenant bus et taxis) pour 2015 et 5 millions d’ici 2020. En parallèle, l’entreprise publique et 8ème capitalisation mondiale, State Grid Corporation of China (SGCC), a été missionnée pour construire 2 300 stations de recharges (« échange de batterie ») et 220 000 points de recharge d’ici 2015.
Les constructeurs locaux en Chine ont pour l’instant reçu un accueil très mitigé au niveau des ventes (2000 VE vendus au total en 2010). Ces chiffres soutenus principalement par les flottes de véhicules d’entreprises publiques, malgré des incitations gouvernementales élevées : 60 000 yuans, soit 6 500 euros, ce qui est supérieur au bonus français.
Le coût d’un VE est assez conséquent, le prix à l’achat du modèle E6 de BYD est de 300 000 yuans soit 32 000 euros. Ces incitations sont essentielles, aujourd’hui 35% à 40% des véhicules en Chine s’achètent à un prix moyen de 70 000 yuans (7 500 euros).
Néanmoins, l’intérêt du consommateur Chinois pour le VE, n’est plus à démontrer. Dans l’étude du BSG, le VE figure en tête de liste des technologies pour lesquelles, le consommateur éprouve le plus d’intérêt.
Pour ceux qui doutent de la volonté de la Chine, il faut juste rappeler que ce pays a réussi dans un laps de temps relativement court à passer au tout scooter électrique. Enfin, pour ne citer, que les derniers exemples de l’intérêt que suscite ce pays pour le VE :
- Le constructeur américain Coda vient de signer un accord de distribution mondiale avec China Great Wall Motor Company (GWM – 1er exportateur Chinois sur le marché européen) qui prévoit l’intégration de son système de batterie fer phosphate sur les véhicules de GWM.
- Hertz va fournir des véhicules électriques dans 3 des plus grandes villes : Pékin, Shenzen, Shangai. Destinés aux particuliers et entreprises, ces véhicules sont les fameuses E6 du constructeur BYD (seul modèle chinois actuel en production) originaire de Shenzen.
Alors, si la Chine arrive à mettre en place une industrie performante du VE avec un marché domestique dynamique, quelle place restera t-il pour l’Europe et surtout les US ?
Sources :
– L’étude du BCG
– GreenCarCongress
Ce qui me frappe beaucoup dans ce tableau du BSG, c’est que de façon générale, les Chinois sont chaque fois 20% de plus à être intéressé par la technologie quelle qu’elle soit. Ce qui démontre un dynamisme d’esprit et un potentiel de développement encore très grand.
Bel article.
L’un des enjeux du véhicule électrique est aussi de réduire l’émission de gaz à effet de serre (GES) et ce faisant aussi de polluants de la combustion des hydrocarbures.
La Chine produit principalement son électricité à partir de charbon (70%) et de pétrole, tous les deux émetteurs de GES. Le bilan carbone de véhicules électriques roulant en Chine est assez mitigé.
Ceci dit, la pollution se déplacera ainsi des villes vers les centres de production d’électricité, la qualité de l’air des villes augmentera et le niveau de bruit diminuera, ce qui est peut-etre un atout.
Mais les industries de production d’électricité augmenteront leurs rejets de déchets quels qu’ils soient ce qui aura un impact sur l’écosystème.
Pas simple !
L’arrivée des VE doit être accompagnée d’une politique énergétique diminuant les GES, soit via le nucléaire (qui comporte d’autres risques et contraintes mais qui peut rapidement couvrir des besoins importants), soit vers les énergies renouvelables (qui sont du point de vue écologique évidemment plus satisfaisantes, mais plus difficiles à utiliser en masse).
Si la volonté du gouvernement chinois de favoriser l’essort de la voiture électrique n’est pas en doute, il semblerait que la premiere phase, décrite ici https://www.automobile-propre.com/2010/11/10/chine-les-voitures-electriques-arrivent/ soit un echec total. BYD, qui se disait le champion de la voiture electrique, connait d’ailleurs de tres grosses difficultés financieres. Devant le manque d’enthousiasme du marché pour la voiture électrique, le gouvernement chinois serait entrain de revoir son programme « tout electrique » pour le rendre plus « evolutif », en incluant les hybrides et d’autres motorisations.