Batterie 52 kWh, recharge Combo en 50 kW. Avec Eric Feunteun, Directeur du Programme Véhicule Electrique de Renault, Automobile-Propre revient sur les choix techniques du constructeur sur la Nouvelle ZOE.

Officiellement révélée le 17 juin dernier, la troisième génération de la Renault ZOE a suscité de nombreuses réactions parmi nos lecteurs. Si certains ont salué l’énorme travail réalisé par la marque pour améliorer son modèle, d’autres ont regretté certains choix techniques pris par le constructeur.

Batterie 52 kWh : le bon équilibre

Alors que certains espéraient voir arriver un nouveau pack de 60 kWh, c’est finalement un pack 52 kWh « utile » qu’a choisi Renault sur la Nouvelle ZOE.

« Honnêtement, il n’y a même pas eu de débat en interne. La vraie difficulté de la batterie, c’est que c’est un élément extrêmement cher. Chaque kWh coûte de l’argent » résume le représentant de Renault. « Si l’on reste dans une discussion ‘café du commerce’, tout le monde va demander le maximum d’autonomie. Il y a toutefois une réalité économique derrière. L’ADN de Renault, c’est de proposer des véhicules électriques à des tarifs abordables. Avec Nouvelle ZOE, on se devait d’augmenter les prestations car il y avait une demande du marché mais dans une dimension raisonnable. Rajouter 10 kWh, c’est rajouter 4000 euros au prix de la voiture. Il fallait trouver le bon équilibre » explique notre interlocuteur, le constructeur ayant écarté l’idée d’avoir différentes configurations batteries.

Un choix qu’il justifie également par les roulages observés chez les clients. « Aujourd’hui sur ZOE, nous sommes au-dessus de la Clio essence et presque au niveau du diesel en termes de kilomètres parcourus, soit à peu près 14.000 km par an. Avec 390 kilomètres d’autonomie WLTP, la nouvelle batterie les couvre largement » nous explique Eric Feunteun.

Combo 50 kW : un choix assumé

C’est également un point qui a largement fait réagir nos lecteurs. Alors que la plupart s’attendaient à voir la marque « s’aligner » sur les 100 kW de la future Peugeot e-208, c’est au final moitié moins qui est proposé sur la nouvelle ZOE. Introduisant pour la première fois le standard Combo, la citadine au losange offrira ainsi, « au mieux », une charge à 80 % en 1h30 sur une borne rapide.

« C’est un choix assumé dans une logique client. La charge ultra-rapide ne représente que quelques pourcents des charges » rappelle notre interlocuteur qui invite à la prudence quant aux annonces des constructeurs sur le sujet. « Il faut faire très attention à la façon simpliste de raisonner en puissance. Ces notions de puissance sont pratiques mais la réalité derrière le même chiffre peut être différente d’une marque à l’autre » prévient-il. « Il faut regarder les courbes de charge pour voir les vraies différences. On sait qu’il y a des voitures qui annoncent 100 kW et qui ne chargent à 100 que quelques minutes avant de baisser fortement » justifie-t-il.

Un choix qui repose également sur d’autres facteurs. Il y a d’une part celui des bornes. « Aujourd’hui, la masse des bornes rapides installées sont des 50 kW » rappelle notre interlocuteur qui met aussi en avant le critère économique. « Nous avons choisi un optimum, celui de mettre 52 kWh de capacité dans un espace qui est toujours le même » explique Eric Feunteun qui poursuit avec une règle une simple. « Plus on veut une batterie ‘chargeable’, moins on met de densité. On pense que 50 kW sur autoroute est suffisant et on a choisi de privilégier l’autonomie sur Nouvelle ZOE. On reste en parallèle sur le 22 kW qui est notre best-seller » poursuit-il, rappelant une nouvelle fois que les choix techniques réalisés reposent sur un « feed-back » de quelque 150.000 ZOE en circulation.

Un choix technologique réalisé à un instant « T » qui ne veut pas pour autant dire que le constructeur n’ira pas plus loin. Sur un segment supérieur à celui de la ZOE, comme le segment C, l’utilisation d’une batterie et d’un chargeur rapide aux capacités supérieures est justifié. « Dans notre plan de gamme, les 8 modèles électriques annoncés d’ici 2022, on ira jusqu’à 130 kW de puissance » illustre notre interviewé.

Gérer la transition

A la question de savoir quand arrivera la nouvelle ZOE, le représentant de Renault n’apporte pas plus de précisions que ce qui a été préalablement communiqué par le constructeur. A savoir un lancement à l’automne 2019.

« Ce sera après l’été. On vit avec une flotte de ZOE. Il faut gérer la transition de manière propre avant de basculer sur la nouvelle. Tous les acteurs qui n’ont pas de voitures électriques peuvent communiquer bien en amont. Nous, c’est différent » explique Eric Feunteun.

A ce stade, le constructeur n’a « pas encore finalisé les prix » de la citadine. « On a bien l’intention de garder notre première place sur le marché, toujours avec cette logique de véhicule électrique abordable et notre solution de location batterie qui représente 90 % de nos ventes en France » poursuit notre interlocuteur.