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L’Europe est prête à créer une catégorie de petites voitures électriques avec des normes allégées pour aider les constructeurs à faire baisser les prix. C’est bien… mais l’objectif visé et les conditions pour y arriver vont gâcher votre enthousiasme.
Après avoir dévoilé à la rentrée la Clio 6, Renault vient de présenter la très attendue nouvelle Twingo. En quelques semaines, le Losange a ainsi revu son entrée de gamme thermique et son entrée de gamme électrique, avec deux modèles qui vont commencer juste sous les 20 000 €.
Des prix de départ qui font réagir sur les réseaux sociaux. 20 000 € pour une Twingo électrique, beaucoup ont trouvé cela trop cher. C’est pourtant un réel progrès au vue des caractéristiques de l’auto, qui propose plus d’autonomie et plus d’équipements que l’ancienne Twingo tout en étant plus abordable.
Ces critiques m’agacent car elles proviennent de personnes complètement déconnectées de la réalité du marché et de l’époque dans laquelle on vit. La Twingo à 10 000 €, cela fait dix ans que cela n’existe plus…
Tous les prix de nos autos ont progressé au fil des années, avec il est vrai une réelle accélération au cours de la dernière décennie. Toutefois, si on prend en compte l’inflation et l’évolution du SMIC, le coût d’achat d’une voiture neuve n’a pas tant évolué. Mais il devient difficile pour beaucoup de songer au neuf en raison du poids d’autres dépenses à assumer, notamment l’immobilier.
Je dois reconnaître que le constat de l’offre est effrayant. En France, sans aide et ristourne, il n’existe plus qu’un modèle neuf à moins de 15 000 €, la Dacia Sandero. Et même ceux à moins de 20 000 € se font très rares. Or, il y a une vraie attente pour des voitures neuves abordables, aussi bien chez nous que chez nos voisins européens.
La petite voiture pas chère, c’était d’ailleurs une spécialité de l’industrie automobile européenne. Industrie qui pèse très lourd puisqu’elle représente environ 13 millions d’emplois. On se dit alors qu’il faut en prendre soin. Ne pas trop la secouer. C’est pourtant ce que font nos politiques.
Ainsi, si nos voitures sont devenues plus chères ces dernières années, c’est en bonne partie parce que l’Europe a enchaîné le durcissement des normes. Cela concerne notamment les équipements de sécurité. Par exemple, depuis mi-2024, toutes les autos doivent avoir une foule d’aides à la conduite, comme une aide au maintien dans la voie ou une surveillance du conducteur. De la Mercedes Classe S à la Dacia Sandero donc.
Et puis il y a la pollution, avec les fameuses normes « Euro » qui ont imposé de plus en plus de systèmes de dépollution à un rythme affolant. A peine une norme était en vigueur que les marques devaient adapter les moteurs à la suivante dans les tuyaux, pendant que certains pays continuent en 2025 de brûler du charbon pour se chauffer. A cela s’ajoutent désormais les investissements pour préparer l’avenir, avec notamment la fameuse fin du thermique en 2035.
Impossible donc pour les marques de contenir la hausse des prix, d’autant que comme je l’écrivais récemment, elles n’ont pas vocation à être des oeuvres de charité et vendre à prix coûtant.
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Les constructeurs automobiles ne sont pas des œuvres de charitéCette semaine, une phrase de François Provost a résumé la situation : « Entre la première génération et la Clio 6, nous avons pris 40 % de coûts en plus liés à la réglementation. » Le nouveau directeur général du Losange a aussi souligné que « d’ici 2030, 107 nouvelles réglementations s’appliqueront à nous, certaines même pas encore définies. » Ainsi, un quart du temps des ingénieurs du Losange est dédié à la conformité réglementaire. Effrayant.
S’il y a toujours du lobbying et du chantage à l’emploi derrière les discours alarmants des patrons, l’Europe a clairement précipité son industrie automobile dans un bourbier qu’elle a créé. Pendant ce temps, les firmes chinoises débarquent chez nous en évitant ce marécage.
En bon pompier pyromane, le Vieux Continent veut maintenant voler au secours de ses marques. Il commence à faire preuve de souplesse, d’abord sur la méthode de calcul des objectifs CO2. Et bientôt sur les normes des autos. Comment ? Avec une nouvelle réglementation bien sûr !
Celle-ci doit aboutir à la création d’une nouvelle catégorie de voitures électriques d’entrée de gamme pour recréer une offre à petit prix afin de contenter les conducteurs européens moins aisés… et résister aux assauts de la concurrence chinoise.
L’Europe appelle cela le projet E-Car. Il doit être présenté en fin d’année mais je sens que c’est déjà mal barré cette histoire. D’abord, qui dit réglementation européenne dit négociations. Vous devinez le bazar à venir et la longueur du processus !
Il va falloir assumer sur ce à quoi on renonce en sécurité, mettre d’accord divers pays, notamment des pays avec des constructeurs aux attentes divergentes. Car dans ce dossier, les marques partent déjà en ordre dispersé. Il y a celles qui penchent vers une auto de type kei-car et celles qui veulent que l’on reste proche de « vraies » voitures. Dans le même temps, les spécialistes des quadricycles électriques rappellent qu’ils existent et qu’ils ne sont pas soutenus par l’Europe.
Et puis autant vous gâcher le suspense de suite côté prix. Quand on parle d’une voiture pas chère, beaucoup s’imaginent déjà retrouver les prix d’avant, les autos à 10/15 000 €. La première piste de l’Europe, c’est plutôt entre 15 000 et 20 000 € !
Car l’Europe a beau songer à lâcher du lest sur les normes, on est allé déjà bien trop loin pour retrouver des prix du passé. Il n’est plus possible de faire mieux avec un modèle électrique capable de correspondre aux besoins du quotidien d’une petite famille, d’autant qu’il devra être made in Europe. Pour le voir, il suffit de regarder un Mobilize Duo. Ce petit quadricycle deux places au confort sommaire et produit au Maroc est vendu 12 500 € en version 80 km/h !
Il y a quelques semaines, Dacia faisait le buzz avec le concept Hipster, un petit véhicule électrique capable de transporter 4 adultes dans 3 mètres et qui semble avoir une autonomie de 150 km environ. Pour un de ses dirigeants, c’est le projet le plus Dacia depuis la première Logan.
Celle-ci était vendue dès 7 500 €. La version de série du Hipster dans les tuyaux serait plutôt entre 10 000 et 15 000 €. Quand on voit ceux qui s’étranglent devant la Twingo électrique à 20 000 €, on devine leur réaction face à une telle proposition ! Et Dacia a pourtant vanté le Hipster comme un progrès !
A ce prix deux fois plus élevé que la première Logan, qui était une « vraie » voiture, on aura une crotte électrique pour les déplacements du quotidien. Avec laquelle il faudra accepter de renoncer à des équipements de confort et de sécurité. Bref, revenir en arrière. En serez-vous capable ?
Au final, on voit bien que l’E-Car prend des allures de promesse intenable.
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