Tesla joue-t-il son avenir avec le plan de rémunération délirant d’Elon Musk ?

Le 6 novembre 2025 aura lieu l’assemblée générale des actionnaires de Tesla. Un moment très attendu par les principaux concernés, le marché… et Elon Musk. Ce dernier réclame un plan de rémunération colossal. Mais l’un des principaux actionnaires du groupe a l’intention de s’y opposer.

Elon Musk réclame 1 000 milliards de dollars

Elon Musk s’apprête à défendre le plan de rémunération le plus ambitieux de l’histoire du capitalisme. Rien que ça ! Baptisé « 2025 CEO Performance Award », ce dispositif d’une durée de dix ans pourrait, s’il est validé, offrir à Elon Musk jusqu’à 12 % supplémentaires du capital de Tesla. C’est l’équivalent d’environ 1 000 milliards de dollars en actions. Une somme colossale validée en amont par le conseil d’administration de la firme d’Austin.

En contrepartie, l’entrepreneur devra atteindre une série d’objectifs (très) ambitieux. Il est notamment question de hisser la capitalisation de l’entreprise à 8 500 milliards de dollars, de produire 20 millions de véhicules électriques par an, de déployer un million de taxis autonomes ou encore de livrer un million de robots humanoïdes Optimus. Un pari risqué. Mais Elon Musk n’a pas froid aux yeux, et ce n’est une surprise pour personne.

Une nouvelle proposition qui ne fait pas l’unanimité. Rappelons déjà que le précédent plan de rémunération adopté en 2018 et valorisé à 56 milliards de dollars, a été annulé par un tribunal du Delaware début 2024. Le motif ? « Absence d’indépendance du conseil d’administration ». Malgré tout, Elon Musk est confiant. Il estime que cette nouvelle enveloppe est justifiée par les perspectives de croissance pour le groupe.

Un (gros) actionnaire fait de la résistance

Ce n’est pas l’avis de l’ensemble des actionnaires. L’un des poids lourds de la finance mondiale, le fonds souverain norvégien, parmi les dix principaux actionnaires (mais qui détient 1,14 % du capital de Tesla), a annoncé qu’il voterait contre cette rémunération jugée « excessive ». Dans un communiqué, Norges Bank Investment Management explique reconnaître la « valeur considérable » créée sous la direction de Musk, mais s’inquiète du montant astronomique du plan.

À lire aussi

Cette étude veut montrer à quel point Elon Musk plombe les ventes de Tesla

Pesant plus de 1 800 milliards d’euros, le plus grand fonds d’investissement au monde pointe également du doigt le risque de dilution pour les actionnaires et le « key-person risk », ce risque lié à une personne en particulier. Le fonds juge que le plan dépend trop fortement d’Elon Musk lui-même, ce qui représente un danger pour l’entreprise et les actionnaires si le milliardaire venait à quitter Tesla ou à moins bien performer.

Musk prêt à quitter Tesla ?

Cette prise de position pourrait inspirer d’autres investisseurs à se ranger du côté du fonds norvégien. Justement, l’Institutional Shareholder Services (ISS), un cabinet de conseil particulièrement influent, appelle les actionnaires à s’opposer à ce plan. L’entreprise, très écoutée par les grands investisseurs, a fait part de ses « inquiétudes concernant l’ampleur et la conception de cette prime spéciale ».

Le patron de Tesla ne cache pas sa frustration. Il a menacé de limiter le développement des projets liés à l’intelligence artificielle si le plan n’était pas approuvé. Il a également dit qu’il quitterait Tesla s’il n’obtenait pas gain de cause.

La présidente du conseil d’administration de Tesla a pris la défense du milliardaire. « Sans Elon, Tesla pourrait perdre une valeur significative, car notre entreprise pourrait ne plus être valorisée pour ce que nous aspirons à devenir » a-t-elle écrit dans une lettre adressée aux investisseurs.

Dans le passé, la popularité de Musk auprès des actionnaires individuels avait souvent permis d’inverser la tendance. Il compte encore dessus. Au-delà du symbole, le scrutin de ce 6 novembre sera un test décisif pour la gouvernance de Tesla. Nous saurons si les investisseurs sont prêts à suivre coûte que coûte la vision d’un dirigeant hors norme, ou s’ils entendent rappeler que même l’homme le plus riche du monde n’est pas au-dessus des règles.