AccueilArticlesRecharger en roulant : Electreon atteint un record de 300 kW… mais à quoi bon ?

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Electreon a validé une puissance record de 300 kW pour sa recharge par induction intégrée à la route. Une prouesse technique impressionnante, testée notamment sur l’A10 près de Paris. Mais pourquoi faire ? Et à quel prix ?

Electreon, pionnier israélien de la recharge sans fil en mouvement, vient d’annoncer une avancée majeure : son système d’induction dynamique atteint désormais 200 kW en continu et plus de 300 kW en pointe, grâce à de nouveaux modules en carbure de silicium (SiC) développés par Infineon. Ces mesures ont été réalisées sur l’autoroute A10 dans le cadre d’un projet piloté par Vinci Autoroutes, où un camion doté d’un récepteur a confirmé ces niveaux de puissance sur 1,5 km de voie équipée.

Retenez bien ces trois lettres parce que les semi-conducteurs en SiC sont devenus l’arme favorite de l’électromobilité haut de gamme. Pourquoi ? Parce qu’ils chauffent moins, permettent des architectures plus compactes, supportent des tensions plus élevées et sont adaptés aux contraintes extrêmes — chaleur, vibrations, cycles intensifs.

Pour Oren Ezer, PDG d’Electreon, « la recharge sans fil pour véhicules électriques, c’est déjà une réalité aujourd’hui, et Electreon est en première ligne de cette transformation. Grâce au carbure de silicium d’Infineon, la recharge intégrée à la route devient plus puissante et plus efficace, permettant aux bus et camions électriques d’opérer en continu sans dépendre des stations traditionnelles. »

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La France n’est pas la seule à expérimenter la recharge dynamique, mais elle fait partie des pays les plus avancés. Selon Electreon, des pistes test existent désormais aux États-Unis, en Allemagne, en Norvège, au Portugal, en Suède, en Italie, en Israël et au Japon. Dominik Bilo, vice-président d’Infineon, résume l’enjeu : « le système de recharge sans fil d’Electreon est un véritable game changer pour réduire les émissions du transport. Nos modules SiC permettent cette recharge en mouvement et s’inscrivent parfaitement dans notre objectif d’un futur neutre en carbone. »

Comment fonctionne la recharge dynamique par induction ? Des bobines de cuivre enfouies sous la chaussée génèrent un champ électromagnétique, capté par une autre bobine installée sous le véhicule. Celui-ci recharge alors sa batterie tout en roulant. Selon les promoteurs de cette technologie, cela permet de réduire la taille des batteries et de diminuer les arrêts recharge.

Mais ce qui paraît parfait sur le papier le semble moins une fois confronté à la réalité, comme le rappelle notre râleur en chef pas plus tard que le week-end dernier, avec une simple question : pourquoi faire ? Réduire drastiquement la taille des batteries impliquerait d’être dépendant d’un réseau d’infrastructures de recharge par induction continues… qui n’existe pas et n’existera pas partout. De plus, même si l’on équipe des centaines de kilomètres d’autoroute, les camions sont légalement tenus de s’arrêter régulièrement pour une durée réglementée pendant laquelle une recharge conventionnelle est possible. Ensuite, cette dernière continue de progresser à vitesse grand V et, d’ici à ce que des tronçons complets d’autoroute soient équipés, les autonomies auront augmenté, les temps de recharge auront diminué et les technologies de batteries seront plus efficientes.

Sans parler du coût absolument faramineux, puisque, dans Le Parisien, le directeur de Vinci estime qu’équiper 9 000 km d’autoroutes françaises nécessiterait 36 milliards d’euros. Soit l’équivalent de l’installation de 150 000 à 250 000 bornes rapides 300 kW. Donc une tous les 36 à 60 mètres.

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