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Quelles solutions pour améliorer le partage des données entre les véhicules connectés ?

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La transformation numérique du secteur automobile est en marche. Pour aller encore plus loin dans le partage des données, stimuler l’innovation et renforcer la sécurité des voitures sur le Vieux continent, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a récemment formulé ses propres recommandations. Des propositions intéressantes qui intéresseront sûrement les autorités européennes. On fait le point.

L’industrie automobile vit une mutation profonde. Véhicules connectés, électrifiés, bientôt autonomes : tout repose sur la donnée. Collectée par les capteurs embarqués, traitée par des logiciels de plus en plus puissants, elle devient un actif stratégique, à la fois pour les constructeurs, les utilisateurs et les tiers fournisseurs de services. Cette réalité pose une question centrale : comment mieux organiser le partage de ces données, sans compromettre la sécurité, la confidentialité ni la souveraineté numérique européenne ?

Un potentiel immense, mais pour quoi faire ?

C’est à cette problématique que répond l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) avec un ensemble de recommandations publiées le 16 mai 2025. Les données générées par les véhicules modernes (vitesse, trajectoire, consommation, usure, maintenance, environnement extérieur) sont de véritables mines d’or. Elles peuvent, lorsqu’elles sont correctement exploitées, contribuer à :

  • Personnaliser l’expérience de conduite ;
  • Optimiser les services d’entretien ;
  • Réduire les arrêts non planifiés grâce à la maintenance prédictive ;
  • Améliorer la gestion du trafic et du stationnement ;
  • Soutenir des politiques de mobilité bas carbone.

Pour les industriels, ces informations permettent aussi de mieux cibler leurs efforts de R&D, d’accélérer le développement de services numériques, voire de créer de nouveaux modèles économiques fondés sur les données.

Un cadre européen encore fragmenté

Si le potentiel est énorme, le cadre réglementaire actuel reste complexe. Plus de 20 textes législatifs s’appliquent à divers aspects du partage de données dans l’automobile, du RGPD à la future Loi sur les données (Data Act), en passant par les règlements sur l’homologation, les systèmes de transport intelligents ou les dispositifs de cybersécurité.

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Résultat : un empilement de normes, parfois redondantes, voire contradictoires, qui freine l’innovation et pénalise les plus petits acteurs du secteur. La Loi sur les données, prévue pour entrer en application en septembre 2025, doit permettre d’harmoniser l’approche, mais son intégration aux autres réglementations reste un défi.

Simplifier et aligner les réglementations existantes

Première recommandation de l’ACEA : soutenir la mise en œuvre effective du Data Act, tout en prenant le temps d’en évaluer les effets avant d’imposer de nouvelles règles. L’objectif est d’éviter les chevauchements et les injonctions contradictoires. L’ACEA propose également la création d’une unité de coordination chargée de simplifier et d’aligner les différents textes liés aux données. Cette instance aurait pour mission de produire des lignes directrices en lien avec les objectifs de souveraineté numérique de l’Union.

Un espace européen de la donnée unique

Pour fluidifier les échanges, l’ACEA préconise la mise en place d’un point d’accès fédéré aux données, à l’échelle européenne. Cet « European Data Space » permettrait à tous les acteurs, industriels, fournisseurs de services, start-up, collectivités, d’accéder à des données standardisées, dans des conditions équitables, sécurisées et transparentes. Cette approche faciliterait la création de services interopérables, tout en garantissant un meilleur contrôle pour les consommateurs sur l’utilisation de leurs données.

Des initiatives comme COVESA ou les standards FMS/rFMS pour les véhicules utilitaires peuvent servir de base technique à cette construction.

Coopérer pour mieux innover

Autre levier clé selon le lobby automobile européen : renforcer la coopération entre les acteurs. L’ACEA plaide pour une « meilleure définition des cas d’usage », afin de structurer les échanges et d’identifier les données pertinentes pour chaque application (maintenance, assurance, info-divertissement, flotte, etc.). En parallèle, la promotion de « standards ouverts » est essentielle pour garantir l’interopérabilité des systèmes. C’est à cette condition que l’écosystème pourra croître dans un cadre concurrentiel sain.

Adopter une gouvernance équilibrée

La gouvernance du partage des données doit, selon l’ACEA, concilier trois exigences : l’intérêt économique des industriels, la protection des consommateurs et la souveraineté numérique de l’Europe. Cela implique de maintenir un strict respect de la vie privée, d’assurer une transparence sur l’usage des données et de garantir un accès non discriminatoire pour les tiers. Le concept « d’Extended Vehicle » (ExVe), développé au niveau ISO, pourrait constituer une base solide pour encadrer cette gouvernance.

L’intelligence artificielle, moteur de la prochaine étape

Les données des véhicules connectés alimentent déjà des algorithmes d’optimisation de l’entretien ou de prédiction de panne. Mais leur rôle deviendra encore plus central avec le développement à grande échelle de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur automobile. Pour cela, l’ACEA appelle à favoriser un cadre piloté par l’industrie pour encadrer l’accès aux données nécessaires à l’IA. Une participation active de l’Europe au Partenariat mondial sur l’IA (GPAI) est également souhaitée.

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Pour une économie européenne des données dynamique

Au final, les recommandations de l’ACEA s’inscrivent dans une vision plus large : celle d’une économie européenne de la donnée compétitive, innovante et durable. Les constructeurs sont persuadés qu’en structurant mieux le partage des données dans l’automobile, l’Europe peut non seulement stimuler son tissu industriel, mais aussi créer de la valeur pour les consommateurs, les territoires et la société dans son ensemble.

L’enjeu est donc clair : bâtir un écosystème où la donnée automobile ne soit pas seulement une ressource technique, mais un moteur stratégique au service de l’innovation, de la sécurité et de la transition écologique. Ces recommandations, intéressantes pour la plupart, vont certainement retenir l’attention de la Commission européenne.

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