AccueilArticlesNorthvolt : la production s'arrête dans l'usine suédoise de celui qui devait devenir l'Airbus des batteries

Northvolt : la production s'arrête dans l'usine suédoise de celui qui devait devenir l'Airbus des batteries

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Déclaré en faillite depuis plusieurs mois, le géant suédois Northvolt s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa descente aux enfers. La production de l’usine principale de Skellefteå va être stoppée. Les portes fermeront au plus tard le 30 juin et 900 personnes pourraient perdre leur emploi.

Northvolt était censé incarner la souveraineté industrielle de l’Europe dans le domaine des batteries pour véhicules électriques. Soutenu par de puissants actionnaires, comme Volkswagen et BMW, le projet avait été salué comme un équivalent européen de l’Américain Tesla ou du Chinois CATL. On a aussi parlé de la création d’un « Airbus des batteries ». La grande usine de Skellefteå, au nord de la Suède, devait symboliser cette ambition. Pourtant, moins de deux ans après son démarrage, elle va cesser son activité.

Un client unique et insuffisant : Scania

Depuis plusieurs mois, la production tournait au ralenti. Northvolt ne fournissait plus qu’un seul client : Scania, le constructeur suédois de camions appartenant à Volkswagen. Mais, face à des coûts devenus prohibitifs dans le contexte d’une procédure d’insolvabilité, Scania a décidé d’abandonner le partenariat. « Malheureusement, cela n’est plus viable financièrement », a déclaré un porte-parole de l’entreprise. L’usine, sous-utilisée, produisait des cellules devenues trop coûteuses à maintenir sur le marché.

Dès le départ, la production de Northvolt a été confrontée à des problèmes techniques. À l’été 2024, le taux de rejet était toujours bien trop élevé, ce qui augmentait les coûts et freinait les livraisons. En parallèle, la complexité des machines de fabrication des cellules représentait un vrai casse-tête pour les équipes. Résultat : les ambitions commerciales ont été revues à la baisse, et les clients ont commencé à se détourner. BMW, pourtant actionnaire de l’entreprise, a annulé une commande de plusieurs milliards d’euros.

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Confronté à des finances exsangues, Northvolt a dû vendre plusieurs filiales avant de déposer une demande de restructuration à l’automne 2024. Le départ de son fondateur et PDG, Peter Carlsson, fin novembre, n’aura pas suffi à enrayer la spirale. En mars 2025, la société mère Northvolt AB et plusieurs de ses filiales suédoises ont été placées en faillite. Fin mars, l’annonce du licenciement de 2 800 salariés sur les 4 500 que comptait l’entreprise en Suède a marqué un tournant brutal.

Une fermeture progressive et sans perspective

Mikael Kubu, l’administrateur judiciaire en charge du dossier, a confirmé que la recherche d’un repreneur était toujours en cours. Toutefois, il est transparent sur le fait qu’il n’y a pas de « perspective concrète à court terme ». Selon les dernières informations communiquées par Northvolt, la production sera donc réduite progressivement jusqu’à son arrêt total le 30 juin. Les 900 salariés encore présents sur le site de Skellefteå risquent de perdre leur emploi, dans une région déjà fragilisée économiquement.

L’avenir du projet Northvolt à Heide, dans le nord de l’Allemagne, reste également très incertain. Officiellement indépendant de la maison-mère, ce site avait déjà reçu 600 millions d’euros d’aides publiques allemandes. Une enquête de la Cour fédérale des comptes est en cours, et une commission d’enquête parlementaire pourrait être constituée dans le Schleswig-Holstein. Les premiers travaux sur place se limitent à de l’infrastructure de base, et aucun calendrier industriel crédible ne semble émerger à ce stade.

La souveraineté européenne mise à mal

Avec la faillite de Northvolt, c’est toute la stratégie industrielle européenne dans le domaine des batteries pour voitures électriques qui en prend un coup. L’entreprise devait constituer un pilier de l’Alliance européenne pour les batteries, une initiative soutenue par la Commission européenne. Mais la chute de notre champion remet tout en cause. Pendant ce temps, les constructeurs automobiles européens n’ont pas d’autre choix que de sécuriser leur avenir en misant sur d’autres solutions.

Volkswagen développe ses propres usines de cellules avec sa filiale PowerCo, en Allemagne, en Espagne, mais aussi au Canada. Quant à Scania, le constructeur suédois laisse entendre qu’il pourrait à l’avenir s’approvisionner auprès du chinois CATL. Un aveu de faiblesse, alors que l’idée de départ était plutôt de s’affranchir de notre dépendance à l’Asie. Un nouvel acteur européen peut-il encore émerger ? Cela ne semble pas à l’ordre du jour. Les fournisseurs asiatiques sont en bonne voie pour englober la totalité du marché.

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