AccueilArticlesInterview : comment les Cadillac électriques gèrent les 500 km quotidiens sur le Tour de France 2025 ?

Interview : comment les Cadillac électriques gèrent les 500 km quotidiens sur le Tour de France 2025 ?

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Pour célébrer son retour en France, Cadillac a décidé de sortir les grands moyens. Cette année, la marque américaine fait partie des partenaires officiels du Tour de France. Le constructeur s’est même carrément associé à l’équipe EF Pro Cycling. Une collaboration stratégique pour marquer les esprits sur la Grande Boucle, avec une flotte 100 % électrique. Voilà qui a logiquement éveillé notre curiosité. Nous avons échangé avec les responsables du projet côté Cadillac pour comprendre la logistique derrière une telle opération.

Au total, dix Cadillac Lyriq accompagnent officiellement l’équipe EF Pro Cycling sur l’édition 2025 du Tour de France. Avec ce partenariat de grande envergure, l’ambition est claire : Cadillac veut profiter de la Grande Boucle pour se montrer et faire de son SUV électrique une vitrine technologique. Sur le papier, le pari est audacieux. La marque n’est plus vraiment active en France depuis un certain nombre d’années. Son réseau est quasi inexistant, et son nom évoque encore davantage les berlines V8 des années 70 que la mobilité zéro émission. Le Tour, événement populaire s’il en est, apparaît donc comme un tremplin. Mais il faut plus qu’une présence colorée pour convaincre.

400 à 500 kilomètres par jour : un usage exigeant

Chaque jour, les Lyriq engagés sur le Tour font « de 400 à 500 km », transferts compris. Un rythme soutenu, qui sort d’un usage classique. Et comme le précisent les responsables Cadillac, les « conditions sont exigeantes » : forte chaleur, climatisation permanente, véhicules chargés, conduite en terrains variés, arrêts et redémarrages fréquents. Malgré cela, la marque affirme que la consommation reste maîtrisée grâce au freinage régénératif, à une bonne planification et à l’expérience des conducteurs. Si les chiffres précis de consommation n’ont pas été communiqués, on peut imaginer qu’un SUV comme le Lyriq, lourd et imposant (plus de 2,5 tonnes), dépasse les 20 kWh/100 km dans ces conditions.

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Pour tenir le rythme, la question de la recharge est centrale. Cadillac s’appuie sur le réseau public et collabore avec Electra, notre champion français des bornes rapides. Les recharges principales s’effectuent la nuit ou avant les étapes. En journée, « de courtes pauses de 10 à 15 minutes peuvent suffire à récupérer jusqu’à 200 km d’autonomie », selon la marque. Le SUV électrique peut encaisser jusqu’à 190 kW de puissance en pic. Ce chiffre reste toutefois théorique et dépend du niveau de charge initial, de la température extérieure, et de la puissance effective délivrée par la borne. Mais Cadillac n’a pas le droit à l’erreur. La planification est de donc de rigueur et « la plupart des bornes sont fiables ».

Des conducteurs formés à l’électrique

Pour éviter les mauvaises surprises, Cadillac a formé ses conducteurs aux spécificités du Lyriq : recharge, récupération d’énergie, conduite One-Pedal, etc. Un point qui peut paraître anecdotique, mais qui s’avère essentiel dans un contexte aussi contraint que celui du Tour. Parce que comme le rappelle le constructeur, « il ne s’agit pas simplement de rouler, mais de coller au peloton, suivre un contre-la-montre, et gérer les imprévus sans tomber en panne ». Les conducteurs sont décrits comme « expérimentés », capables de tirer le meilleur d’un véhicule aux caractéristiques étonnamment sportives : le 0 à 100 km/h s’abat en 5,3 secondes et la puissance grimpe jusqu’à 528 ch pour 610 Nm.

Un silence qui change tout, mais attention

C’est l’un des arguments les plus souvent mis en avant par les utilisateurs du Lyriq sur le Tour : le silence. Dans un environnement tendu, avec des radios qui crépitent, des décisions tactiques à prendre en temps réel et une pression constante, ne pas avoir à élever la voix à cause d’un moteur thermique est un vrai plus selon les équipes à bord des véhicules. Attention toutefois à ne pas surprendre les cyclistes en s’approchant tout près d’eux en silence. Ils ont, eux aussi, dû s’adapter pour appréhender l’arrivée des véhicules électriques à leurs côtés. Globalement, les retours sont positifs du côté des équipes d’EF Pro Cycling, qui évoquent une réduction du stress et une meilleure concentration.

Une stratégie de marque avant tout

Derrière la performance opérationnelle, il y a un enjeu d’image. Le public français, qui ne sait pas forcément que Cadillac est de retour, encore moins avec une gamme électrique, découvre sur les bords de route un SUV massif au design tranché et avec une livrée rose. « Il attire l’œil, et les questions pleuvent », nous dit Cadillac. Il faut dire que le Tour de France est l’occasion idéale pour un constructeur de montrer ses véhicules à des millions de personnes. Mais au-delà de l’effet « waouh », quelles retombées commerciales peut espérer la marque ? Le réseau de distribution reste embryonnaire, l’offre encore limitée, et la concurrence sur le segment des SUV électriques premium est féroce.

Le Cadillac Lyriq, importé au compte-gouttes, reste un modèle d’image, pas de volume. C’est avec son petit frère, l’Optiq, que la firme américaine espère revenir en force. Ce concurrent des Tesla Model Y et autres Xpeng G6 sera bientôt disponible à la commande sur le sol français. Nous avions eu l’occasion d’assister à sa présentation en mai 2024. Problème, le modèle sera fabriqué en Chine et devra donc faire face aux droits de douane imposés sur les voitures électriques made in China. Le SUV se vend 54 000 dollars outre-Atlantique. Il faut s’attendre à un tarif au moins équivalent en Europe, si ce n’est plus. Cela semble cher vis-à-vis de la concurrence et du marché actuel. Mais pourquoi pas !

L’électrique au cœur du peloton, et après ?

Cette expérience grandeur nature est toutefois révélatrice d’un changement d’époque. Là où le Tour était autrefois dominé par des véhicules diesel, on voit désormais l’électrique s’imposer, à petits pas, mais avec assurance. Les contraintes techniques bien réelles semblent désormais maîtrisées. Pour Cadillac, cette présence s’inscrit dans une stratégie plus large. Le partenariat avec EF Pro Cycling court sur plus de 100 courses. Mais pour que cette vitrine devienne un levier réel de reconquête commerciale, il faudra sans doute plus qu’un bel exercice de logistique sur nos routes de campagne. Un réseau solide, une gamme élargie, des prix compétitifs et une image renouvelée seront aussi utiles.

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Si le bilan est positif côté opérationnel (pas de panne, pas de retard, et des retours globalement enthousiastes de la part du public), la vraie course commence après l’arrivée sur les Champs-Élysées. Pour que le public français redécouvre Cadillac autrement que comme une curiosité, il faudra transformer l’essai. Le peloton électrique n’attend pas.

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