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Apparue en 1996, l’EV1 a marqué l’histoire comme une voiture électrique très aboutie que GM a préféré broyer quand l’État de Californie a relâché un temps sa politique en faveur de la mobilité à zéro émission. Si des automobilistes américains ont pu apprécier de conduire ce modèle exceptionnel, c’est sous la forme d’une location. Il ne leur était pas proposé d’en être propriétaire.
C’est pourquoi il semblait impossible d’en voir rouler à nouveau légalement un exemplaire sur la route. Un enchaînement très hasardeux de circonstances a permis qu’un particulier puisse devenir propriétaire d’une épave d’EV1 dans le respect de la loi. L’histoire ne s’arrête pas là, puisqu’il a décidé de mettre de lourds moyens supplémentaires pour qu’elle puisse rouler à nouveau.
La chaîne YouTube The Questionable Garage va régulièrement relayer toutes les étapes de la restauration. À voir absolument, une première vidéo de plus de 43 minutes a déjà été publiée, avec des infos inédites qui intéresseront tous ceux qui ont été rendus sensibles à l’EV1 à travers le fameux film documentaire de Chris Paine « Who killed the electric car ? ».
C’est le 14 novembre 1996 que General Motors a officiellement livré une EV1 à un premier client. Et c’est le 14 novembre 2026, pile 30 ans après, que Billy, l’acquéreur par opportunité, décrit par Jared de The Questionable Garage comme un véritable passionné d’anciennes électriques, a promis de présenter au public sa voiture en état de marche.
Pour rappel, ce coupé 2 places électrique est apparu grâce à une loi californienne de 1990 pour obliger les constructeurs automobiles à produire et vendre des voitures à zéro émission. À cette époque, GM exhibait son concept Impact que l’on identifie parfaitement comme la base de l’EV1.
Grâce à sa légèreté, sa carrosserie aérodynamique créditée d’un Cx de 0,19 et des pneus à faible résistance au roulement, l’engin réalisé artisanalement en 1994 à 50 exemplaires était doté d’une autonomie théorique de 165 kilomètres, quand les Renault et PSA sorties peu après parvenaient péniblement à atteindre les 80 km.
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Essai rétro : Honda Insight, la soucoupe volante écologiqueC’est deux ans plus tard que le nom d’EV1 est attribué en remplacement du nom du concept, livrable dans un premier temps avec des batteries au plomb (120 km d’autonomie) puis NiMH (220 km) dès l’année modèle 1999. Au total, 1 117 exemplaires ont été produits, presque tous détruits par GM quand la Californie a suspendu son programme.
Pour Automobile Propre, j’avais déjà développé le sujet il y a 10 ans, en décembre 2015, avec ce que l’on savait à ce moment-là.
Préparateur de véhicules musclés pour faire du drift ou des duels d’accélérations, Jared Pink possède aussi un très rare pickup Chevy S10 EV de 1979 qu’il a upgradé pour davantage d’autonomie et un meilleur usage sur la route. Il s’est lui-même intéressé à l’épave d’EV1 quand il a eu connaissance de sa vente aux enchères.
Bousculant a priori ses projets de montrer au monde comment fonctionnait dans ses moindres détails cette voiture électrique de légende, les prix se sont envolés. À 104 000 $ (118 000 $ avec les frais d’enchères, soit environ 102 000 €), le créateur de la chaîne YouTube The Questionable Garage pensait que l’engin totalement incapable de rouler avait finalement été acquis par « un collectionneur pour son musée personnel ouvert au public seulement 33 secondes les 30 février ».
Il a cependant pu identifier l’acquéreur comme étant une de ses connaissances, un certain Billy dont l’identité exacte reste secrète, si ce n’est qu’il serait un passionné de VE n’ayant jamais roulé autrement qu’à l’électrique. Une véritable chance pour Jared dont le projet initial de communication autour de l’EV1 est redevenu possible.
GM n’a donc pas détruit toutes les EV1. Une quarantaine d’exemplaires en sursis ont été relativement épargnés. Rendus inutilisables, ils ont été prêtés à des écoles professionnelles et d’ingénieurs comme support pédagogique. Les établissements devaient respecter un contrat hallucinant de contraintes. Il n’était absolument pas envisageable que ces EV1 puissent rouler à nouveau un jour sur la route.
Comment est-il possible que l’une d’elles se retrouve aux enchères et finisse par atterrir légalement entre les mains d’un automobiliste américain qui va tout faire pour la restaurer ? C’est à la suite d’un assez incroyable concours de circonstances. Son exemplaire a été confié par le constructeur à l’université Clark d’Atlanta, un établissement multiculturel de recherche dédié à l’innovation.
Oublié et non immatriculé, le véhicule était stationné sur le campus quand quelqu’un a jeté une brique, défonçant le très coûteux pare-brise équipé d’un système de dégivrage. Ressemblant plus encore à une épave défigurant les abords du collège, le service de police qui assure la sécurité de l’établissement a vérifié le numéro VIN (212). Le véhicule a alors été identifié comme hors d’usage et bon pour la casse. Plus personne ne connaissant son existence au collège, il a donc été signalé comme abandonné et n’ayant rien à faire là.
C’est logiquement que le service de la fourrière est venu débarrasser les lieux de l’EV1 de 1997 oubliée. Dans l’État de Géorgie, la loi prévoit dans ce cas un délai de 30 jours pendant lequel un véhicule enlevé peut être réclamé. À défaut, le propriétaire ou utilisateur locataire du véhicule identifié par le VIN doit être contacté par courrier recommandé avec indication des frais à régler.
Dans le cas de cette voiture, l’historique du numéro d’identification n’a pas permis de trouver une personne légitime à laquelle s’adresser et aucun document d’immatriculation n’a pu être associé à cette EV1. La consultation du service des impôts et de la police n’a pas donné de meilleurs résultats.
D’où le passage à une étape supérieure qui prévoit la diffusion sur plusieurs supports publics imprimés et Internet d’une annonce indiquant, avec les détails connus, qu’une voiture a été trouvée et que son propriétaire est recherché. Après plusieurs mois de présence à la fourrière, dont 14 jours consécutifs de publication dans les journaux, le tribunal local a officiellement fini par déclarer que le véhicule est bien abandonné, permettant de le vendre pour recouvrer les frais d’enlèvement et de gardiennage.
Ni General Motors ni l’université Clark d’Atlanta n’ont répondu aux appels pour retrouver le propriétaire de l’EV1 de VIN 212. Au bout de 6 mois de procédure, elle a donc pu être légalement vendue aux enchères, c’était avec une mise à prix de 800 $. Ce qui a eu pour conséquence de lever toutes les contraintes formulées par GM sur cette voiture.
Aux États-Unis, elle peut donc être restaurée pour rouler légalement ensuite sur la route. Ce qui serait une première. Dans sa vidéo inaugurale sur le sujet, Jared reconnaît que quelques autres automobilistes américains conduisent aujourd’hui des EV1, mais, selon ses sources, sans en avoir légalement le droit.
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Reportage : peut-on mélanger la passion des voitures électriques et des anciennes ?De loin, avant d’être extraite de la casse, la voiture présentait relativement bien. De près, c’est surtout le pare-brise explosé qui avait de quoi inquiéter, car il faudra certainement le faire refaire sur mesure. L’intérieur était très sale, mais la carrosserie, en matériau composite, était en bon état à l’exception de la partie entourant normalement le bouton d’ouverture du coffre.
Beaucoup de moisi sur les garnitures, et une oxydation omniprésente sur les parties métalliques, y compris des systèmes électroniques encore présents.
Jared a recherché et trouvé le contrat qui liait les établissements universitaires et d’apprentissage à GM au sujet du véhicule, prêté uniquement pour un usage éducatif ou être exposé. Il leur était interdit d’essayer d’immatriculer l’engin, de le faire fonctionner, et donc de le faire rouler sur route publique, mais aussi de contacter des personnes qui pourraient leur fournir des informations ou des pièces supplémentaires à la dotation. Pas question de transmettre cette voiture à une personne ou à une autre structure.
Le document à signer par les deux parties listait tout ce qui avait été retiré du véhicule. Déjà tous les systèmes contenant des fluides ont été vidangés, depuis le liquide de refroidissement de l’unité de traction jusqu’au lave-glace. Ont été déposés bien sûr la batterie au plomb et son port de recharge par induction, les câbles, les fusibles, tous les modules électroniques y compris celui gérant les freins, les airbags, etc.
Les travaux à réaliser pour que cette voiture soit à nouveau en état de marche sont donc véritablement monstrueux. Ce qui est rassurant, c’est que la tâche a été confiée à toute une communauté compétente et passionnée de voitures électriques. Elle est composée d’ingénieurs spécialisés dans les logiciels, la mécanique, les batteries, la conception assistée par ordinateur, etc.
Jared revendique le rôle d’homme à tout faire, par exemple pour aller rechercher dans l’urgence différentes pièces. Il aura à ses côtés l’équipe de l’Electrek garage qui a publié à quelques jours d’intervalle une vidéo complémentaire où l’on voit l’EV1 212 si propre qu’on penserait que c’en est une autre. Mais non, le trou en bas à gauche du pare-brise atteste qu’il s’agit bien de la même voiture devenue nettement plus présentable dans son vert métallisé.
Des éléments fonctionnels de remplacement ont déjà été trouvés, en piochant par exemple dans les pièces de Chevy S10 EV de la même année 1997. Ainsi pour le chargeur, l’onduleur, et à côté de lui l’unité de contrôle électronique (VCU). En exploitant le logiciel de CAO SolidWorks, une batterie à cellules LFP va être conçue pour intégrer le logement du pack plomb d’origine. Elle offrirait une autonomie de l’ordre de 320 km sur cette voiture.
Le travail encore à réaliser reste colossal, mais devant l’équipe qui s’y attèle on ne peut qu’espérer que la date du 14 novembre 2026 sera tenue. Chez Automobile Propre, nous leur souhaitons de réussir !
On parle souvent du rétrofit pour électrifier une voiture thermique, plus rarement du rétrofit pour améliorer la fiche technique d’une électrique ancienne. Si vous deviez donner un coup de jeune aux spécificités d’un modèle désormais archaïque, lequel choisiriez-vous ?
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