AccueilArticlesFaut-il craindre une pénurie de voitures hybrides et électriques dans les semaines à venir ?

Faut-il craindre une pénurie de voitures hybrides et électriques dans les semaines à venir ?

La suite de votre contenu après cette annonce

Le fabricant de semi-conducteurs Nexperia est pris au piège entre Washington et Pékin. Les exportations des petits composants électroniques qu’il fabrique sont à l’arrêt pour des raisons politiques. Déjà en crise, l’industrie automobile européenne risque d’être chahutée un peu plus par cette tempête à venir.

L’Europe et ses problèmes de dépendance industrielle

La crise qui couve met en lumière une réalité que beaucoup pensaient révolue depuis la fin de la pandémie de Covid-19 : la dépendance de l’industrie européenne à un petit nombre de fournisseurs asiatiques ou américains. Nexperia, une société basée aux Pays-Bas mais détenue par le groupe chinois Wingtech, joue un rôle central dans la fabrication de semi-conducteurs (diodes, transistors, régulateurs) en Europe, mais aussi dans le monde.

Fin septembre, La Haye a pris le contrôle temporaire de Nexperia. Le gouvernement a invoqué une loi d’urgence pour « protéger la sécurité européenne ». Une décision rarissime, motivée par les pressions de Washington, soucieux d’empêcher la Chine d’accéder à des technologies jugées sensibles. Le 4 octobre, Pékin a répliqué en bloquant les exportations des usines chinoises du groupe. Résultat, les flux mondiaux se sont enrayés en quelques jours, et les chaînes d’approvisionnement européennes sont désormais sous tension. Nous assistons à une véritable guerre froide technologique.

À lire aussi
Fin des voitures thermiques en 2035 : la cacophonie continue en Europe… et en France

Cette nouvelle passe d’arme entre les États-Unis et la Chine n’est pas sans conséquence pour l’économie européenne. En effet, ces petites pièces électroniques sont omniprésentes dans les systèmes modernes. Sans elles, une voiture ne démarre pas, un calculateur ne fonctionne plus, et les lignes de production s’arrêtent. Voila !

L’automobile en première ligne

Pour les constructeurs, le scénario rappelle douloureusement la pénurie de 2021. Nexperia fournit près de 60 % de ses composants à des acteurs de l’automobile. Si la production et les exportations ne reprennent pas rapidement, les effets se feront sentir d’ici deux à trois semaines. Les voitures électriques, qui contiennent trois fois plus de semi-conducteurs que celles équipées d’un moteur à combustion traditionnel, risquent d’être particulièrement touchées. Volkswagen, Stellantis et Renault ont déjà réactivé leurs cellules de crise.

En Allemagne, la VDA (l’Union de l’industrie automobile) alerte sur des « restrictions importantes, voire des arrêts de production » imminents dans les usines. Les marques reconnaissent que les stocks ne permettront de tenir que peu de temps. Face à cette impasse, les équipementiers tentent de se tourner vers d’autres fournisseurs comme Infineon ou STMicroelectronics. Mais la substitution ne pourra pas être immédiate.

L’industrie automobile, qui se pensait à l’abri après avoir diversifié ses sources d’approvisionnement post-Covid, (re)découvre les limites de cette stratégie dans un monde fragmenté. La mainmise de la Chine est encore trop forte.

Si l’automobile concentre l’attention, d’autres secteurs pourraient bientôt être touchés. C’est le cas de l’électronique grand public, des énergies renouvelables ou même de l’industrie médicale. La crise Nexperia révèle la fragilité d’une économie mondialisée et suspendue à des chaînes d’approvisionnement complexes.

La suite de votre contenu après cette annonce

La suite de votre contenu après cette annonce

Nos guides