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La Denza Z9GT, maxi break de chasse hybride rechargeable du groupe BYD, entend convertir l’Europe au luxe à la chinoise.
Le « salon roulant » est un cliché éculé du journalisme automobile. Mais il s’adapte fort bien à la description de la Z9GT, premier modèle de Denza à destination de l’Europe. D’abord, parce qu’il explicite l’impression laissée par l’habitacle, avec ses fauteuils, son frigo et ses boiseries. De plus, cette voiture ressemble sur certains aspects aux démonstrateurs technologiques que l’on croise sur les stands des grands-messes automobiles.
À l’occasion du lancement européen de la marque de luxe du groupe BYD, en avril, à Milan (Italie), nous sommes montés à bord. Et nous en avons même pris le volant.
Respectons d’abord la tradition d’Automobile Propre en démarrant l’examen de l’engin par les dimensions. En longueur et en largeur, elles sont comparables à celles d’un Lamborghini Urus. La version hybride mesure ainsi 5,19 m de longueur et 1,99 m de largeur. Seul le pavillon est rabaissé par rapport au SUV au taureau, culminant 14 cm plus bas.
Le design de Denza est dirigé par Wolfgang Egger, un ex-Audi. Si le gabarit est massif, la Z9GT ne manque pas d’élégance, grâce notamment à sa silhouette allongée et au traitement des tôleries, inspiré par les mouvements de la soie. Quelques motifs de l’automobile de luxe sont ici réinterprétés : répétition du logo sur le montant C, pavillon tombant vers l’arrière, ceinture de caisse relevée, inserts sur les jupes pour amincir la silhouette. Le capot courbe entre les galbes évoque Porsche. Nous souhaitons d’ores-et-déjà bon courage aux mécaniciens qui seront (un jour) chargés de la maintenance.
Vue de côté, la Z9GT se distingue par sa ligne noir brillant tranchant le profil. Elle cache spécifiquement l’une des caméras chargée de balayer les flancs de la voiture. L’arrière est la face la plus chargée. Le hayon est surmonté d’une « casquette aéro » percée de deux ajours, façon MG. Si Denza évoque la forme en sablier des leds, ces fanaux nous évoquent davantage l’ambiance tapageuse des auto-tamponneuses.
Ouvrons les lourdissimes portes à l’aide des poignées affleurantes et des petits moteurs placés à l’intérieur de ces ouvrants. Et pénétrons à bord. L’habitacle est en tous points remarquable. D’abord par la qualité des matériaux utilisés, mélangeant cuirs, boiseries en bambou, surpiqures et aluminium. Les moquettes sont épaisses, les plastiques doux et les ajustements relèvent de l’horloge atomique de Francfort.
Les astuces pullulent : miroirs de courtoisie rétroéclairés, fauteuils inclinables, ventilés et massants… Entre les passagers arrière, un frigo réfrigère jusqu’à -6°C votre « fillette » de champagne (un jéroboam n’entrera pas). La boîte à gant renferme un microphone argenté façon émission de variété. Il s’agit d’autoriser une soirée karaoké avec diffusion via les 20 haut-parleurs Devialet du cocon.
Quelques évolutions sont attendues pour la version EU, afin de répondre à nos goûts. La commande de rapport « diamant » devrait disparaître tandis que les boutons de climatisation se décaleront plus haut sur la console centrale.
La dotation technologique est évidemment de la partie avec un grand écran central de 17 pouces. Les animations et la définition impressionnent, mais les menus pour l’heure en mandarin. Notre maîtrise des idéogrammes étant nulle, nous n’avons pu nous enfoncer dans des menus à première vue touffus. L’instrumentation numérique est présente, mais les infos sont peu hiérarchisées. Le passager ou la passagère ont également droit à une tablette. On pestera encore sur les reflets…
Autre mini couac. Le pavillon panoramique est divisé en deux. Le plancher est un peu haut pour les grands gabarits. Ici, Denza a sans doute été contraint par le format de son break de chasse et la chimie LFP des piles.
La culture automobile chinoise porte peu d’intérêt à la soute. On ouvre le hayon, bien sûr motorisé. Sa forme est d’abord complexifiée en présence du frigo. Sans moyens techniques pour en mesurer le volume, nous l’estimons « à vue d’œil » de 400 à 500 litres. Un Ford Puma Gen-E fait mieux sur un mètre de moins.
À lire aussiLa Z9GT fait donc part des ambitions technologiques de Denza. Le modèle est porté par la plateforme mixte e3 (dites « e cube »), spécifique à la branche luxe de BYD. Commençons par la chaîne de puissance hybride rechargeable, qui nous a été présentée en Italie. Elle est composée de trois moteurs électriques, dont deux placés à l’arrière. La puissance cumulée est de 870 ch.
Ces machines travaillent en symbiose avec un bloc thermique nettement plus prosaïque : le 4-cylindres 2-litres ne développe que 207 ch, malgré son turbocompresseur. Il sert de générateur, mais peut aussi être mis en lien avec les roues via un pignon fixe.
À lire aussiLa batterie est annoncée avec une capacité de 38 kWh. C’est remarquable pour un PHEV. On est proche d’une Renault 5 d’entrée de gamme. Ces accus sont de composition LFP. Logique : le groupe a fait fortune avec cette chimie. Il s’agit ici de batteries blade, c’est-à-dire structurées en lamelles standardisées. Il s’agit là aussi d’une spécialité maison de BYD. Elles participent à la rigidité du véhicule dans un schéma cell-to-body. Selon Denza, c’est une première sur une hybride rechargeable, permettant d’accroître la rigidité de la caisse de plus de 30 %.
La version 100 % électrique n’est pas encore commercialisée en Chine, mais devrait arriver prochainement dans les showrooms. La Z9GT conserve ses trois machines électriques. Mais la puissance totale culmine alors à 965 ch, biffant le 0 à 100 km/h en 3,4 secondes. L’énergie est stockée dans une batterie LFP de 100 kWh, fonctionnant avec une tension nominale de 800 volts.
Mais il est temps de passer aux travaux pratiques. Denza a réservé le circuit de Vairano, tracé dans les infinies rizières, quelque part entre la cathédrale de Milan et la Chartreuse de Pavie. Ce Montlhéry transalpin sert de lieu de mesure à la revue italienne de référence, Quattroruote. Si nous n’avons disposé que d’un quart d’heure au volant sous la surveillance d’une voiture de sécurité, nous avons tout de même relevé quelques sensations.
D’abord – on s’y attend – la Z9GT est véloce. Sur la longue ligne droite du circuit, nous sommes passés de 30 à 80 km/h en 2 secondes, à 120 km/h en 5 secondes et rejoint la barre des 200 km/h en 14 secondes. Mais la poussée est plus linéaire qu’attendu, d’autant qu’aucun passage de rapport n’offre de repère.
Le silence est d’or. À renfort de double vitrage et de garnitures, les bruits d’air et de roulement sont remarquablement amortis. À grande vitesse, l’habitacle demeure ouaté. Et ce, malgré le réveil du 4-cylindres. On l’entend à peine grogner devant le pare-brise. D’ailleurs, le confort sera sans doute l’argument du modèle. L’amortissement pneumatique à double chambre sélectionné par Denza offre à la voiture une grande douceur sur les cassis du circuit d’essai, même si le débattement et le roulis potentiel semblent notables. Les porte-paroles de la marque nous l’ont abondamment répété : ces Z9GT d’essai sont des modèles chinois qui seront recalibrés en fonction des goûts plus fermes des européens.
En dessous de 80 km/h, la caisse est excellemment tenue au freinage, évitant au nez de plonger. L’exercice à haute vitesse nous a semblé correct, mais un confrère de L’Argus, plus incisif sur la pédale, a ressenti : « des mouvements de caisse très importants ». La course est d’ailleurs un brin spongieuse et s’accompagnait, sur notre exemplaire d’essai, d’un bruit de pompage. Un « pschiiii », peu luxueux. La Denza Z9GT est aussi rattrapée par la physique. Le poids est, en effet, énorme, avec près de 2 900 kg sur la balance. Une Porsche Panamera Turbo E-Hybrid (680 ch) pèse un quart de moins… Cette masse ne devrait pas s’accorder très bien avec la fiscalité conçue à Bercy. Ni offrir un tempérament très sportif.
Denza fait grand cas des innovations exclusives intégrées à sa Z9GT. Deux d’entre elles font d’ailleurs l’objet de spectaculaires campagnes de promotion. Ces fonctions sont autorisées par la pose de trois machines électriques, permettant de diviser le couple sur chaque roue arrière. A cela s’ajoute un dispositif plus classique de roues arrière directrices. Mercedes propose 10° d’angle sur ses EQE ? Denza monte la barre à 15°. Et les ingénieurs « software » ont inventé les fonctions qui vont avec.
Parmi les réjouissances, il y a le stationnement façon « compas », que nous avons testé en passager à Vairano. Placez le nez du véhicule à l’emplacement qui convient et laissez l’arrière au milieu de la voie de circulation. Activez la fonction sur l’écran central. Choisissez la position finale en glissant l’image de la Denza sur la vue plongeante.
Les roues arrière tournent chacune dans leur direction (par exemple en marche avant à droite et marche arrière à gauche) tout en adoptant une position de pincement par rapport à l’axe longitudinal du break de chasse. Les Conti de 21 pouces cirent sur l’asphalte jusqu’à ce que le véhicule arrive à la position présélectionnée. Entre les cônes d’un circuit d’essai, ça fonctionne en laissant de belles traces de gomme. Mais l’opération prend une quarantaine de secondes. Dans les métropoles, cela pourrait vous valoir quelques coups de klaxon.
Seconde astuce : la possibilité de rouler en crabe. Là aussi, il faut activer le dispositif (aujourd’hui en chinois) sur la tablette. Tournez les roues avant à 15° vers la gauche. Les roues arrière effectuent alors le même mouvement. Et l’on peut ainsi avancer, au pas, avec l’allure du crustacé.
Plus classiquement, elles peuvent aussi pivoter en direction opposée des roues avant, améliorant le braquage en agglomération. Denza annonce 4,62 m de rayon. Voilà sans doute l’aspect le plus pratique pour un véhicule de plus de 5 mètres.
Que penser de ces fonctions ? On peut au choix saluer l’esprit créatif des ingénieurs du groupe BYD. Ou bien ronchonner face à la vacuité de ces modes…
Denza prévoit de lancer sa Z9GT sur le marché européen (et donc en France) en fin d’année. La commercialisation devrait se faire dans un premier temps dans une poignée de partenaires de BYD. À terme, l’Hexagone pourrait compter une quarantaine de points de vente. Le prix de la Z9GT chez nous demeure inconnu. En Chine, les tarifs démarrent autour de 40 000 euros pour culminer à 60 000 euros. Il ne faut évidemment pas s’attendre à une telle grille en Europe.
Doublez ces ordres de grandeur pour obtenir un tableau plus réaliste. La version électrique devrait de surcroît être touchée par les droits de douane supplémentaires ajoutés par l’Union européenne. Mais on devrait rester en deçà des prix pratiqués, par exemple, chez Porsche. C’est aussi cela, le luxe selon Denza.
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