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Règles qui changent en permanence, voitures qui attendent désespérément la validation de l’éco-score… Le grand flou qui entoure souvent le bonus écologique a de quoi agacer les acheteurs, les vendeurs… et notre râleur en chef bien sûr.
Si vous voulez profiter du bonus écologique pour acheter une voiture électrique, dépêchez vous, l’aide pourrait s’arrêter ! Ah non, attendez finalement. Elle pourrait augmenter ! Mais vous voulez votre auto avant de partir en vacances ? A vos risques alors si vous êtes livrés avant de meilleures conditions. D’ailleurs, signez ce papier pour renoncer à toute réclamation éventuelle !
Voilà le résumé du grand flou qui règne autour du bonus écologique depuis quelques mois. Un bazar qui n’arrange ni les clients, qui entendent des conseils contradictoires au gré des bruits de couloir, ni les vendeurs, qui ont clairement besoin de stabilité et de visibilité.
Reprenons cette passionnante histoire depuis la fin 2024. Après avoir été très généreux, il faut le reconnaître, en accordant jusqu’à 7.000 € pour l’achat d’un véhicule électrique, l’Etat a décidé de réduire fortement le bonus. Sur ce point, pas de surprise, cela couvait depuis quelque temps, les clients n’ont pas été pris de court.
Enfin quasiment pas. Car, premier souci, la baisse des aides n’a pas attendu la date symbolique du 1er janvier, et a même été actée quasiment par surprise du jour au lendemain, dès le 2 décembre. De quoi déjà perturber les ventes fin 2024.
De plus, le gouvernement de l’époque (celui de Michel Barnier) avait alors précisé qu’une enveloppe de 700 millions d’euros serait accordée au bonus pour fin 2024 et 2025. Après cela, on ne savait pas trop ce qui allait se passer. On imaginait au pire un arrêt net de cette aide, au mieux une formule encore moins généreuse. La trajectoire la plus logique était d’avoir une baisse progressive du bonus, afin d’habituer les Français à sa future disparition une fois le marché de l’électrique mature.
Mais voilà qu’on découvre début juin que le robinet pourrait être coupé bien plus tôt ! Seulement 400 millions seraient finalement versés par l’Etat, qui a trouvé une porte de sortie bien pratique : les crédits CEE. Grâce à eux, l’argent utilisé pour financer des aides écologiques ne vient plus de l’Etat, mais de fournisseurs d’énergie, qui améliorent de leur côté leur bilan écolo.
C’est donc une manière pour l’Etat de faire des économies dans un contexte budgétaire bien tendu. D’autant qu’il n’y a pas besoin d’en passer par un vote à l’Assemblée pour fixer les règles du bonus. Malin !
L’avantage pour l’actuel gouvernement est que cette coupe budgétaire sauvage va donc passer inaperçue grâce aux CEE, d’autant qu’une bonne nouvelle arrive avec ce nouveau financement : les aides vont être en hausse, notamment du côté des ménages plus aisés. Certains pourraient avoir ainsi un coup de pouce de 4.200 € au lieu de 3.000 €, d’autres une aide de 3.100 € au lieu de 2.000 €. Pas de bol pour ceux qui ont vite acheté au premier semestre en pensant ne plus rien avoir après !
Toutefois, alors que ce bonus formule CEE est évoqué pour le 1er juillet, au 21 juin il n’y a eu aucune info officielle. De quoi créer un effet d’attentisme dont les vendeurs se seraient passés lors des portes-ouvertes de la semaine dernière.
Mais ceux-ci commencent à avoir l’habitude des perturbations liées au bonus. Ils sont ainsi régulièrement malmenés par des règles qui changent sans cesse, devant par exemple en début d’année faire face à des livraisons non effectuées dans les bons délais pour profiter des conditions plus avantageuses avant le changement.
Et comme si ce n’était déjà pas assez compliqué avec les primes versées, pour eux, c’est aussi le bazar avec les véhicules éligibles. Car depuis fin 2023, pour avoir le droit au bonus, outre le respect d’une limite de prix et de poids, une voiture électrique doit avoir un éco-score suffisant, en clair un bon bilan carbone pour sa production et son acheminement en France. Une astuce trouvée pour priver de bonus les véhicules made in China, sans que l’Europe n’y mette un veto.
Et là, la France a dégainé ce qu’elle sait faire de mieux : un épais dossier administratif à remplir avec une avalanche de données ultra précises sur l’énergie utilisée dans l’usine, sur la provenance des matériaux… L’Ademe reçoit cela et va calculer le score. C’est au final dans le Journal Officiel que l’on sait si un véhicule a le bonus (sans connaître son score).
Le souci ici est que l’arrêté se fait souvent désirer. A l’origine, une mise à jour mensuelle de la liste était prévue. Mais le calendrier s’est vite distendu pour donner un arrêté toutes les 5, 6 ou 7 semaines. Surtout, l’Ademe semble parfois avoir du mal à instruire les dossiers dans un délai raisonnable.
Résultat, des voitures attendent d’avoir le précieux feu vert. Tesla en a ainsi été victime avec son nouveau Model Y Juniper, qui a finalement officiellement reçu le bonus le 20 juin. Mais cela faisait des semaines que la marque patientait, et ses clients aussi. Des dizaines de véhicules étaient prêts à être livrés à des conducteurs qui ne comptaient pas s’asseoir sur une prime de 2.000 à 4.000 € ! Les plus impatients qui ont pris possession de leur auto ont dû signer une décharge pour ne pas réclamer le bonus ! Merci les lenteurs administratives.
D’autres modèles semblent aussi un peu coincés en attendant leur éco-score. On imagine que cela perturbe régulièrement des lancements et prises de commande. Exemple avec la Hyundai Inster. La marque pensait avoir la validation du bonus en juin, elle ne l’a pas eu. D’ailleurs, pour la citadine électrique d’abord proposée en configuration 4 places, une version 5 places a été spécialement imaginée pour obtenir le bonus, la place en plus (peu utilisable) permettant d’optimiser le calcul de l’éco-score.
Mais attention à ne pas trop s’arranger avec la formule, sinon l’Etat mauvais joueur voit rouge. Stellantis s’attendait ainsi à avoir le bonus écologique pour la citadine chinoise Leapmotor T03. L’idée a été d’assembler en Pologne des autos venues en kit de Chine.
Une astuce que l’Etat a finalement empêché en changeant juste quelques mots dans le décret détaillant l’éco-score… mais plusieurs mois après le lancement de la T03. Et visiblement, le dossier déposé à l’Ademe par Leapmotor avait bizarrement glissé tout en bas de la pile pour ne pas accorder temporairement un bonus à cette voiture trop chinoise.
S’il a le mérite d’exister, le bonus écologique est donc régulièrement dans le flou, une situation regrettable alors que les ventes de voitures électriques sont en baisse en France et que le Président de la République s’est récemment agacé du « détricotage » de sa politique écologique.
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