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Au Japon, plus d’une voiture vendue sur trois est une kei-car (micro-citadine de moins de 3,40 m de long) et Suzuki représente plus d’un tiers de ce marché absolument colossal. Pourtant, aussi adorables et pratiques soient-elles, les keijidōsha sont absentes sur le marché européen… mais les choses pourraient bientôt changer !
En marge du Japan Mobility Show 2025, j’ai eu la chance de pouvoir échanger au sujet des kei-cars électriques avec un haut responsable de l’électrification de Suzuki. Mais commençons par le commencement : le concept-car Vision e-Sky.
Le Suzuki Vision e-Sky préfigure une micro-citadine 100 % électrique dont la version de série est attendue pour 2026. Son design cubique est typique des micro-citadines japonaises. Il reprend les codes visuels de la marque avec notamment le « visage souriant » et des lignes globales douces et épurées. A l’avant, on trouve une large bande lumineuse sur toute la face, composée de pixels façon Hyundai.
Sous cette silhouette compacte, Suzuki confirme quelques éléments techniques : moteur placé à l’avant, vitesse maximale entre 100 et 120 km/h, autonomie de 270 km selon le cycle japonais et batterie compacte pour préserver l’habitabilité.
Avec ses 3,39 m de long, 1,47 m de large et 1,62 m de haut, la Vision e-Sky respecte scrupuleusement le cahier des charges des kei-cars.
Contrairement au concept e-Every, qui est une sorte de rétrofit à grande échelle d’un modèle déjà existant, le Vision e-Sky introduit une toute nouvelle plateforme technique, spécialement conçue pour les micro citadines électriques.
Sur son marché domestique, Suzuki occupe une place à part. Le Japon immatricule en moyenne plus de 4 millions de voitures particulières par an, soit environ deux fois et demi le marché français. Les kei-cars, ces micro-citadines limitées en taille et en puissance, représentent près de 40 % de ce total. Et dans cette catégorie, Suzuki règne en maître.
Sur les neuf premiers mois de 2025, la marque a immatriculé 467 000 véhicules particuliers, soit 16 % du marché japonais. Parmi eux, plus de 350 000 étaient des kei-cars, ce qui lui confère 35,5 % de parts de marché dans ce segment. Suzuki a d’ailleurs franchi en 2025 le cap des 30 millions de voitures vendues au Japon en 70 ans d’histoire, dont plus de 25 millions de kei-cars.
Deux modèles symbolisent ce succès : le Wagon R, véritable institution qui vient de dépasser les 10 millions d’exemplaires vendus, et l’Alto, qui à elle seule représente une vente sur cinq dans l’histoire de la marque. Ces deux icônes incarnent la philosophie Suzuki : des véhicules simples, économiques et accessibles, pensés pour la vraie vie.
Si Suzuki réalise la plupart de ses vente en Inde et au Japon, la marque affiche également une solide dynamique en Europe, notamment en France. L’année 2024 s’est notamment conclue sur de très bons résultats : 26 462 immatriculations.
Les modèles Swift et Vitara, tous deux renouvelés récemment, en sont les fers de lance chez nous : la première représente 41 % des ventes et reste le best-seller de la marque, tandis que le second a vu ses immatriculations bondir de 25 % à environ 5 500 unités.
Jusqu’à présent, Suzuki ne proposait aucun modèle 100 % électrique sur le marché européen. C’est désormais chose faite avec l’arrivée du e-Vitara, premier SUV électrique de la firme. Sa commercialisation débutera à la fin 2025, pour des livraisons aux clients dès le début 2026.
Ce lancement marque un tournant historique : Suzuki entre enfin dans l’ère du 100 % électrique en Europe. Les chiffres de ventes 2025-2026 seront donc particulièrement intéressants à observer, car ils révéleront la capacité du constructeur à convertir sa clientèle hybride à l’électrique pur — et à séduire de nouveaux acheteurs sur un marché de plus en plus concurrentiel.
Lors d’un échange en marge du Japan Mobility Show, Takahiro Hashimoto, responsable du développement des véhicules électriques chez Suzuki, a livré plusieurs indices intéressants. S’il n’a pas détaillé davantage la partie technique du concept Vision e-Sky, il s’est montré très attentif aux spécificités du marché européen.
À l’issue des questions des journalistes, il a inversé les rôles : c’est lui qui nous a interrogés sur les prix des voitures électriques en Europe, demandant de manière insistante si un modèle comme le Vision e-Sky aux alentours de 20 000 € serait perçu comme viable. Une démarche révélatrice : Suzuki observe de très près la naissance de la catégorie des “e-cars” européennes, ces petites électriques urbaines à prix contenu.
Tout laisse penser que le constructeur travaille déjà sur un modèle dérivé de la plateforme du concept Vision e-Sky, spécifiquement adapté à l’Europe. Car le développement d’une plateforme coûte cher et il serait dommage de ne pas profiter du potentiel du marché européen pour rentabiliser davantage la R&D.
Une nouvelle plateforme dédiée aux micro citadines électriques est donc sur le point d’être finalisée par Suzuki et dans le même temps, l’Europe s’apprête à introduire une nouvelle catégorie automobile qui s’inspire des kei-cars japonaises, les e-cars.
Et si la prochaine génération de Wagon R devenait 100 % électrique ? Ou du moins, si un Wagon R (ou plutôt Wagon E) était issu de cette nouvelle plateforme pour répondre au besoin grandissant de petites voitures électriques abordables en Europe ? Sans nommer le nom du modèle, Suzuki y pense fort. Et nous, on espère qu’ils iront jusqu’au bout de leur idée car il serait temps que la voiture électrique devienne plus raisonnable et plus pragmatique. Il suffirait qu’un constructeur se lance pour montrer la voie aux autres, car les projets de kei-cars électriques ce n’est pas ça qui manque au salon de Tokyo…
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