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En Allemagne, un avantage fiscal devrait relancer les ventes de voitures électriques

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Après une année 2024 noire pour le secteur automobile en Allemagne, le gouvernement tente de relancer la machine. Un projet de loi pour favoriser l’achat de véhicules électriques à grand renfort d’exonérations d’impôts vient d’être présenté. Un allègement fiscal de 45,8 milliards d’euros pour 2025-2029.

Souvenez-vous : en 2024, l’industrie automobile allemande a connu l’une de ses pires années depuis la pandémie. Le secteur a été fragilisé par la fin brutale des aides à l’achat pour les véhicules électriques. Mais aussi par une conjoncture énergétique tendue et une demande globale en berne. Dans ce contexte morose, Berlin cherche à inverser la tendance avec une batterie de mesures fiscales ciblant l’investissement des entreprises. Le nouveau gouvernement parle d’un véritable « booster d’investissement ».

L’Allemagne (re)met le paquet sur l’électrique

Présenté comme un tournant stratégique, ce projet de loi est le premier grand texte du ministre des Finances social-démocrate Lars Klingbeil. Objectif affiché : restaurer la compétitivité de l’économie allemande et donner un signal fort aux entreprises, notamment dans les secteurs technologiques et industriels. En plus d’un dispositif d’amortissement exceptionnel de 30 % pour les équipements entre 2025 et 2027, le ministre veut mettre le paquet sur l’électrification des flottes d’entreprises.

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Le texte doit encore être voté par le Bundestag, mais il prévoit que les véhicules électriques achetés par les sociétés bénéficieront d’une exonération d’impôts d’au moins 75 % pour la période 2025-2027. Une incitation fiscale majeure dans un pays où les voitures de société pèsent lourd dans le renouvellement du parc automobile. Autre évolution souhaitée : le plafond du prix des véhicules éligibles passera de 70 000 à 100 000 euros, un seuil qui élargit considérablement le choix de modèles disponibles.

Des mesures trop ambitieuses ?

La Fédération de l’industrie automobile allemande (VDA) a salué une décision qui pourrait également « stimuler le marché de l’occasion électrique ». Mais comme souvent en politique, cette proposition ne fait pas l’unanimité. Certains Länder et communes ont exprimé leur inquiétude face à l’impact budgétaire d’une telle réforme. Selon les projections réalisées par les experts, près de 28 des 45,8 milliards d’euros de pertes fiscales entre 2025 et 2029 seraient supportés par les collectivités locales.

Anke Rehlinger, présidente du Bundesrat (la représentation législative fédérale des seize Länder allemands), a alerté sur les risques de voir les budgets de base des territoires amputés. « Les milliards d’investissement s’envolent en fumée si les communes perdent des recettes essentielles », a-t-elle dit. Autre limite pointée par certains économistes allemands : l’effet potentiellement « marginal » de ces mesures sur la croissance en l’absence de réformes structurelles profondes.

Il faut dire que la compétitivité allemande reste freinée par le coût élevé de l’énergie et une pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs clés. Si ces freins ne sont pas levés, les incitations fiscales pourraient ne pas suffire à enclencher une dynamique durable. Toutefois, l’exécutif veut accompagner cette relance par d’autres leviers en parallèle. Le texte prévoit notamment des investissements dans les infrastructures ferroviaires et énergétiques, ainsi que dans la défense. Objectif : restaurer la confiance du secteur privé.

Le marché automobile allemand va mieux, mais…

Les premiers signes de reprise se font timidement sentir. En mai, les immatriculations automobiles en Allemagne ont progressé de 1,2 % sur un an, pour atteindre 239 297 unités. Une embellie modeste mais significative après plusieurs mois de recul. Cette légère remontée est en grande partie portée par les voitures électriques, dont les ventes ont bondi de 45 % sur un an (43 060 unités). Une tendance qui confirme l’intérêt croissant des Allemands pour l’électrique en dépit de la fin des subventions.

Le gouvernement espère capitaliser sur cette dynamique avec de nouvelles mesures à venir. Il est question d’un programme de leasing social comme chez nous et de nouvelles incitations à venir pour les particuliers. Si le marché de l’électrique retrouve des couleurs, on assiste à une redistribution des cartes assez claire. Tesla, autrefois en tête, continue de dégringoler avec une chute des ventes de 36 % en mai et même de 58 % depuis janvier. À l’inverse, BYD progresse : avec 1 857 véhicules immatriculés en mai (x7 en un an).

Malgré ce rebond, le marché allemand reste loin de ses niveaux d’avant-Covid avec des immatriculations inférieures de 28 % à celles de 2019. C’est dans ce contexte que Berlin mise sur une relance ciblée, en plaçant l’électrique au cœur de sa stratégie, afin de permettre à l’Allemagne de conserver son leadership dans l’automobile en Europe.

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