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L’Europe soupçonne certains constructeurs automobiles de « gonfler » artificiellement les émissions de CO2 de leurs véhicules durant les tests d’homologation. Une tromperie qui vise à réduire leurs efforts pour atteindre les futurs objectifs de réduction et à éviter les sanctions.
Le scandale du dieselgate a révélé les manipulations frauduleuses des tests d’homologation dont s’est rendu coupable le groupe Volkswagen (et probablement d’autres constructeurs), en vue de réduire artificiellement les émissions d’oxyde d’azote des véhicules diesel. Voilà que la Commission européenne soupçonne à présent certains constructeurs de gonfler les émissions de CO2 de leur flotte. Un comble !
Pour réduire progressivement les rejets de dioxyde de carbone des voitures neuves, l’Europe impose des normes aux constructeurs. Pour 2021, elle a fixé un objectif de 95 g de CO2 par km. Il s’agit d’une moyenne à respecter par chaque constructeur pour l’ensemble des voitures qu’il vend, cette valeur étant plus ou moins élevée en fonction de la composition de sa gamme. Si un constructeur vend beaucoup de gros modèles puissants qui dépassent les 95 g de CO2 par km, il devra, pour respecter la norme, vendre plus de voitures « propres », par exemple des véhicules électriques dont les émissions « à l’échappement » sont nulles. Chaque voiture électrique qu’un constructeur vendra fera donc baisser sa moyenne, l’aidera à respecter la norme et à éviter les amendes.
Nouvelles normes d’émission
Pour les étapes suivantes, à savoir 2025 et 2030, la Commission européenne propose de ne plus fixer un standard d’émission en valeur absolue (grammes de CO2 par km), mais bien en pourcentage de réduction par rapport aux émissions de 2021. A savoir : 15 % en 2025 et 30 % en 2030.
Complication pour les constructeurs : leur moyenne en 2021 sera encore calculée sur base de l’ancien test NEDC, alors qu’en 2025 et 2030, les résultats seront mesurés par le nouveau test WLTP, plus réaliste et plus «sévère». En pratique, l’effort à fournir pour respecter les objectifs de 2025 et 2030 sera donc plus important que, respectivement, 15 et 30 %. Des réductions d’émissions qu’il sera techniquement très difficile, voire impossible d’obtenir avec des moteurs diesel ou à essence. Pour atteindre les objectifs et esquiver les pénalités (l’amende étant de 95 euros par voiture et par gramme excédentaire), les constructeurs n’auront dès lors d’autres choix que de vendre un maximum de voitures « zéro émission ». Un constat qui donne déjà des sueurs froides à quelques marques et qui explique aussi les investissements récents consentis par certaines comme Jaguar, Porsche, Audi ou Mercedes pour mettre sur le marché des modèles « tout électrique ».
Manipulation des tests
On comprend maintenant pourquoi des constructeurs sont tentés de « gonfler » artificiellement les émissions de certains modèles, mesurées par le test WLTP, tout en respectant la norme 2021 de 95 g/km, établie par l’ancien test NEDC : une telle manipulation a pour effet d’augmenter la moyenne qui servira de base, en 2021, au calcul des pourcentages de réduction à obtenir en 2025 et 2030. Quelle que soit la hauteur de la marche, il sera plus aisé de la franchir si le seuil est plus haut. Ainsi, ils devront vendre moins de voitures électriques pour éviter les sanctions !
Selon l’ONG « Transport & Environment » (T&E) « les protocoles de tests comportent une trop grande possibilité d’interprétation des exigences et des options permettant de les optimiser et de manipuler les résultats vers le haut ou vers le bas dans les limites des règles. Cela peut être utilisé pour produire des résultats de test NEDC artificiellement bas pour aider à atteindre l’objectif 2021 de 95 g/km et des valeurs WLTP élevées pour gonfler la référence sur laquelle sera basée les objectifs de réduction de 2025 et 2030 proposés par la Commission ».
Des preuves
Des documents internes à la Commission et révélées par T&E font état de preuves accumulées pour établir ces nouvelles « fraudes ». Ainsi, pendant les tests WLTP, des constructeurs désactivent la fonction start-stop. Pour consommer plus de carburant et rejeter par conséquent plus de CO2 , ils équipent les voitures testées de batteries déchargées et adaptent également les rapports de changement de vitesse. En outre, certains constructeurs déclarent des résultats plus élevés que ceux qu’ils mesurent réellement.
Selon les données collectées par les autorités des Etats membres de l’UE, les rejets de CO2 seraient gonflés en moyenne de 4,5 % et parfois jusqu’à 13 %. Les émissions de 114 modèles auraient ainsi été manipulées, mais pour l’heure, aucune marque ni aucun modèle n’a encore été cité. Miguel Arias Cañete, commissaire européen chargé de l’action pour le climat se contente de déclarer : « Nous avons relevé des éléments qui ne nous satisfont pas. Nous allons mener l’enquête ».
La solution
« Après le dieselgate, les constructeurs automobiles avaient promis de changer et ils déclaraient que les nouveaux tests WLTP étaient la solution. Maintenant, il est clair qu’ils sont en train de les utiliser pour saper les nouveaux standards de réduction de CO2 », estime William Todts, directeur de T&E. « Ils veulent s’y conformer avec un minimum d’efforts pour pouvoir continuer à vendre des diesels et retarder la transition vers les voitures électriques. »
Pour T&E, la seule manière d’éviter ces fraudes à répétition est de confier les tests d’homologation à des organismes neutres et indépendants au lieu de laisser les constructeurs les mener en interprétant les règles et les résultats à leur guise. Solution préconisée également par des experts de la Commission. Il revient maintenant aux Etats membres et au parlement européen à légiférer dans ce sens.
Et ça vous étonne !
Ici on peut citer des noms de constructeurs , alors allez y citer les .
Et pas de ´ il paraîtrait que ´
Un peu de courage .
Je propose de punir les coupables en leur mettant leurs narines 1 heure à la sortie de leur pot d’échappement, moteur allumé bien sûr.
Tout celà veut dire que tous les VE, sauf Tesla (comme d’habitude) polluent indirectement !
Donc l’idee de dingue c’est que le bureau de test soit « independant ».. whaou!!! bravo ! quelle avancée !
Est-ce que ce sont vraiment ces normes qui vont faire baisser les émissions de CO2 ?
Avec un VT, rien de plus simple, moins se déplacer.
Manifestement les technocrates de l’UE et les activistes de T&E n’arrivent pas à l’intégrer. Normal cela remet en question leurs propres libertés individuelles.
Alors il vaut mieux taper sur les constructeurs que de regarder ses propres impacts et ses propres responsabilités dans la pollution et dans les émissions de GES.
Après faut quand même aussi dire que c’est facile quand t’es un technocrate de l’assemblée européenne de balancer des chiffres et mettre la pression aux constructeurs… après, quand t’es ingénieur, c’est pas le même délire. Les constructeurs ne polluent pas pour le plaisir. S’ils trichent c’est simplement qu’ils sont incapables de trouver des solutions économiquement viables.
Quand la moindre voiture sur le marché coutera plus de 20k€ on ralera encore parce que les voitures sont trop chers… ben oui, on ne peut pas tout avoir.
Et si on va au bout de la logique, le CO2 c’est pas le plus gros problème maintenant, il faut aussi mesurer les Nox et particules si on voulait vraiment dépolluer. Faudrait aussi avoir une vraie politique d’aide au déploiement des bornes de recharge et pompes ethanol. Ca me parait nettement plus constructif que des normes farfelues.
Une seule solution pour limiter ces fraudes et bidonnages, les tests doivent être faits et validés par des organismes indépendants à partir de véhicules de série pris au hasard dans une flotte existante. Si plusieurs organismes corroborent leurs résultats et qu’il y a fraude, la comparution immédiate doit être engagée avec des amandes tellement dissuasives que de vrais progrès seront fait.
C’est exactement pareil pour l’évaluation du médicament : tant qu’on la laissera aux entreprises, il y aura des fraudes….
Et si les Etats et donc la France attaquait le problème à la racine ? Soit le prix des carburants. Vous voulez baisser le nombre de voitures motorisations diesels ? (Soyons un peu honnêtes, nos voitures sont belles et bien de plus en plus propres). Le coût artificiel voulu et conservé du prix au litre du diesel face à l’essence explique bien pourquoi, il y a triche des constructeurs. Par rapport aux normes, il y aurait là un discours de vérité. J’ai l’impression (que hors véhicules hybrides ou diesel) on continu sur le « vive le diesel » car plus efficace face au CO2 et moins cher à la pompe
L’action Tesla va encore monter en fléche et celle des constructeurs traditionnelles continura petit à petit par s’effriter.
Nos hauts fonctionnaires européens se sont encore laisser bernés (ou convaincre) par le lobby automobile.
Pas étonnant que les constructeurs s’engouffrent dans cette faille qu’ils ont surement initiée
Au vu de ce qu’il ont déjà fait avec les homologations la c’est du détail…
Ils essayent de gratter 10% pour faire durer un peu plus longtemps leur petit « business model » bien HUILé…
Pendant ce temps là sur une fraude avérée, alors que tous les américains qui avait acheté une VW truqué ont été remboursés,
nous en europe et surtout en france (avec un petit « e » et petit « f » pour ce cas là) on attend toujours…
ok….
Est ce que je peux faire un peu de Peugeot bashing ou de Renault Bashing?
C’est juste pour me foutre du blue machin chose qui pue, de la 508 , du talisman, du kadjar moches qui puent aussi et caradimachin et auto coin coin qui font régulièrement la promo de certaines de ces enclumes…
juste un chouia….rhooo….
Pardon…rhEeuuuh !!!kof! kof!!
J’attends un article sur ce sujet dans leurs colones publicitaires…
Si l’on »gonfle » les émissions de dioxyde de carbone, on doit également augmenter les valeurs de la consommation afin d’être cohérent. Cette manœuvre devrait être facilement détectable par les différents organismes indépendants et par la presse.
parler en taux de reduction, c’est une maniere de ne pas revenir sur un critère completement devoyé par les constructeurs et mal defini par les organisations certificatrices. imaginer qu’une voiture thermique a 7500 euros puisse etre reellement propre c’est vouloir prendre des vessies pour des lanternes. chaque gramme co2 en moins correspond a de la durabilité en moins. contourner la règle c’est x euro par moteur en moins. sur cette nouvelle reglementation, normal de voir les contructeurs jouer au chat et a la souris quand un invest global pour moteur approche le milliard.
Je vais peut-être en choquer beaucoup mais je comprends les constructeurs sur ces possibles résultats gonflés. Avec cette histoire de pourcentage, plus ils améliorent la situation aujourd’hui, plus ils devront l’améliorer demain. Donc en faisant plus d’efforts aujourd’hui ils se tirent une balle dans le pied.
A croire qu’à la commission européenne personne n’est assez intelligent pour anticiper les effets pervers de ces nouvelles mesures. En même temps ce n’est pas étonnant quand on voit le temps qu’ils ont mis pour remplacer le cycle NEDC complètement obsolète depuis au moins 2 décennies.
Solution simple : ils imposent un seuil à ne pas dépasser (comme aujourd’hui) et font tester les véhicules par des organismes indépendants (1 avant la commercialisation pour obtenir l’homologation et 1 ou plus achetés chez un concessionnaire pour vérifier que ce n’était pas un véhicule trafiqué).
[mode colère on]
Toutes ces histoires, manipulations, calculs m’incitent de plus en plus à me diriger vers Tesla ( qui ne fait que de l’électrique ) pour tendre un gros majeur à la majorité des constructeurs traditionnels !
[mode colère off]
J’ai du mal à comprendre pourquoi on ne fixe pas un niveau de CO2 pour 2025 et 2030 comme celui fixé pour 2021.
Par exemple 95g en 2021, 80g en 2025 et 65g en 2030? Ça donnerait moins d’opportunités de ‘tricher’.
Mais avec ces règles la, on va se retrouver avec les constructeurs de grosses voitures à faire des hybrides rechargeables (voir électrique) et les constructeurs de petites voitures des mild hybrid…
La marche à franchir est plus forte pour Mercedes et Porsche que pour Fiat…
Est ce que quelqu’un sait si le malus écologique en France sera calculé sur la norme NEDC ou WLTP? Car maximiser le rejet de CO2 en WLTP si le malus s’applique dessus, c’est pas une super idée…
« en fonction de la composition de sa gamme » ie en fonction de la masse moyenne de la gamme.
Donc même pas besoin de manipuler quoique ce soit il suffit d’intégrer des phev et des vé bien lourds dans la gamme pour faire monter la masse moyenne et avoir une production de CO2 qui ne correspond pas à la réalité.
Cela va dans le sens de « la transition vers les voitures électriques » chère à T&E mais cela ne va dans le sens ni de la neutralité carbone ni de la réduction de la pollution.
La solution proposé verra-t-elle le jour, j’ai beaucoup de doute.
Et pendant ce temps, au USA, la solution mise en place, « plus de norme ».
Entre la volonté et la réalité, un gouffre. Nos politique sont toujours dans un modèle curatif et non préventif.
Vive le gazole et l’essence , mort à la planète !
Et surtout, vive le profit.🤬