Partir à la découverte d’horizons lointains en électrique n’a jamais été aussi facile. Nous avons essayé la solution de Turo.

Le développement durable est au centre des attentions, quelle que soit l’activité. Comme l’automobile, le secteur du voyage et du tourisme est lui aussi concerné. La plupart des acteurs mettent en avant la durabilité, que ce soit les agences de voyages ou les hôtels. C’est ainsi que le site de recherche Booking a intégré un critère Établissement Voyage Durable à son moteur, qui cible les établissements mettant en œuvre un ensemble d’actions pour maîtriser la consommation d’énergie et limiter le gaspillage. Même les compagnies affichent leur démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), comme Air France, qui vise à réduire son empreinte carbone avec son Plan Climat. Un paradoxe lorsqu’il s’agit de se rendre à l’autre bout du monde en avion, considéré comme l’un des modes de transport parmi les plus polluants de la planète. Soit.

Turo, l’Airbnb de l’automobile

Mais les considérations écologiques peuvent tenir à cœur de nombreux voyageurs, qui ont conscience que toute activité humaine engendrera de la pollution, mais qui veulent contribuer à leur échelle à la réduction des émissions polluantes. Ceux-là mêmes qui pourraient donc privilégier des hôtels « verts », mais aussi des déplacements locaux plus propres avec une voiture de location électrique. Reste que l’offre est encore mince chez les loueurs aux USA, et se limite très généralement à quelques Chevrolet Bolt EV, des Ford Mustang Mach-E et des flottes de Tesla Model 3 et Model Y. La solution pour accéder à un autre niveau ? Turo.

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La plateforme d’autopartage lancée en 2010 et basée en banlieue de San Francisco a pour vocation de mettre en relation des particuliers souhaitant louer leur voiture et des voyageurs avec un éphémère besoin de mobilité. C’est conscient des enjeux climatiques qu’André Haddad, un entrepreneur qui a fait ses armes chez eBay et aux manettes de la start-up depuis 2012, a décidé de développer les activités de Turo. Son but : faciliter au maximum l’autopartage, pour réduire les besoins au demeurant égoïstes de la possession automobile, tout en permettant à des voitures peu utilisées de rouler.

Aussi, la solution peut facilement entrer dans le cadre des considérations écologiques, Turo s’étant engagé à compenser intégralement toutes les émissions CO2 estimées de son activité et des trajets des véhicules proposés : la start-up s’est associée à Bluesource pour soutenir des projets de développement durable. Mais elle se concentre aussi sur le développement des voitures électriques sur sa plateforme, mises en avant via un filtre de recherche dédié.

Un coffre à jouets pour adultes

Ceux qui sont animés par des considérations environnementales, ou toutes autres raisons qui les ont poussés ou pousseraient à faire le choix d’une voiture électrique, trouveront donc du choix sur Turo pour leurs vacances américaines. Une solution bien éloignée de la photo souvenir typique, qui veut que l’on pose sa Ford Mustang cabriolet de location sur le bord d’une route filant droit vers Monument Valley. Et un choix bien différent de ceux qui se délectent encore du va-et-vient guttural des pistons d’une Ford Mustang GT500-H (uniquement proposée chez Hertz).

Mais les avantages nombreux, puisqu’elles présentent des coûts d’utilisation plus faibles, décomplexent l’usage des performances et de fait, font profiter de toutes leurs caractéristiques propres, avec des habitacles technologiques et un silence de fonctionnement. De plus, le choix est large et Turo permet d’accéder à des voitures intouchables en temps normal, ni même dans aucune agence de location traditionnelle. S’ouvre alors un catalogue considérable de voitures électriques, allant de la Fiat 500 Electric de première génération au Rivian R1T, en passant par les Mercedes EQS ou Nissan Leaf.

Il est aussi possible de mettre la main sur le tout nouveau Ford F-150 Lightning, la première Tesla Roadster, voire de réserver une Tesla Model S Plaid, ou une exclusive Lucid Air Dream Edition à San Francisco, qui n’est autre que la voiture personnelle d’André, le PDG de Turo ! Bref, il y en a pour tous les goûts et les budgets, et ce avec une facilité d’accès déconcertante.

Car lorsqu’il s’agit de louer une voiture, les agences de location peuvent se montrer un peu trop tatillonnes : certaines exigent des conditions spécifiques alors que la plupart requièrent un permis international avant de partir, même si la loi de l’état ne l’impose pas. Mais ce sont surtout les conditions de paiement qui peuvent compliquer l’opération, le type de carte à utiliser n’étant pas toujours clair : carte de débit ou de crédit, ce n’est pas la même chose aux États-Unis, et de nombreux voyageurs sont restés sur le carreau.

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Turo se montre bien plus souple : il suffit pour cela de renseigner à l’avance ses informations personnelles, envoyer une copie de son permis de conduire et une photo. Si toutes les conditions sont réunies, votre profil disposera du statut de conducteur vérifié, qui vous permettra alors d’entrer en contact avec les hôtes. Le paiement se fait alors automatiquement par prélèvement sur votre compte, mais assurez-vous de bien disposer d’une option internationale avec votre banque : vu que la société est fiscalement basée aux USA, des frais de paiement à l’étranger s’appliqueront.

Des précautions à prendre

Une fois l’idylle électrique choisie, vous pouvez définir les options, notamment en matière d’assurance. Plusieurs niveaux existent pour limiter les franchises en cas de pépin. Nous n’avons pas eu l’occasion d’écorcher une voiture pour tester les assurances souscrites par Turo auprès de Travelers et Surplus Lines, mais le système semble permettre de partir l’esprit tranquille. Il est également possible de choisir des options avec un kilométrage illimité, des sièges enfants ou un extra pour les recharges, vous permettant de rendre la voiture avec un SoC plus bas qu’au départ.

Dès que la réservation est validée, vous pouvez entrer en contact avec le propriétaire pour définir les détails. Ainsi vous pouvez très bien choisir un lieu de rendez-vous pour récupérer les clés de la voiture d’un commun accord, avec supplément ou non, en passant par l’application ou par un règlement de main à main. Avantage avec les Tesla : il est possible de se faire déverrouiller la voiture à distance par le propriétaire pour récupérer la carte qui fait office de clé. En tout état de cause, chaque hôte définit ses règles sans outrepasser celles de Turo, tout comme le prix de la location.

Mais gare au tarif avant de valider : le prix affiché est celui réclamé par l’hôte, pour 24 heures. Lorsque vous sélectionnez des dates, le système calcule automatiquement une heure de plus pour le retour, ce qui valide une journée de location supplémentaire. Pensez à bien vérifier les horaires donc. De plus, ne soyez pas surpris de voir s’ajouter ensuite le prix des assurances souscrites, les frais de location (la part de Turo en fonction de la durée et du type de véhicule) et des autres extras. On a très régulièrement constaté un prix final bien plus élevé que le tarif initial affiché. Une constante aux États-Unis, même au restaurant…

Dès lors s’ouvre un module de communication avec le loueur, où il est possible d’échanger sur la voiture. Lors de la remise et la restitution des clés, les deux peuvent télécharger autant de photos qu’ils veulent du véhicule pour se couvrir des éventuels dommages. À la fin de trajet, l’hôte à la possibilité d’ajouter les frais supplémentaires avant d’être directement débités sur votre compte, comme les péages par reconnaissance d’immatriculation débités ultérieurement, à l’image de celui du Golden Gate à San Francisco.

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Même chose avec le coût des recharges avec les Tesla. À ce titre, elles profitent comme toujours de leur réseau dédié, toujours verrouillé aux seules voitures de la marque aux États-Unis. Le réseau étant très bien développé, il n’y a aucune inquiétude à avoir sur la route, d’autant qu’elles proposent un planificateur d’itinéraire efficace. Les autres pourront se charger sur les bornes du réseau Electrify America, qui compte à ce jour près de 760 stations à travers le pays. À noter que le paiement peut s’effectuer ici par carte bancaire sans contact à un prix moyen proche de 0,41 €/kWh. Notons également la présence en masse des bornes EVgo ou ChargePoint.

Turo arrive en France

Selon l’hôte, le véhicule et les options choisies, il est donc possible de faire de belles économies. Exemple avec un Tesla Model Y proposé par Hertz, au prix de 755 € pour quatre jours de location. Sur Turo, il est possible de prendre le volant d’un exemplaire pour un montant total de 381 € sur la même période (avec une limite à 800 miles). Un autre modèle (au prix de 547 €) propose l’option kilométrage illimité en faisant grimper la facture à 765 €.

En bref, cette solution a de nombreux avantages : pour choisir une voiture moins chère ou, à l’inverse, plus exclusive, Turo donne accès à un large éventail de modèles, et ce sans aucune prise de tête à condition d’avoir un compte et un permis en cours de validité selon les lois locales. Mais la plateforme pourrait ne pas être la solution idéale pour ceux qui souhaitent partir en roadtrip : à notre connaissance, tous les véhicules doivent être restitués aux alentours de leur prise en charge. Les rêves de Route 66 entre Chicago et Los Angeles s’envolent donc, ce qui n’est pas le cas avec les loueurs traditionnels chez qui il est possible de déposer la voiture dans une agence de la même enseigne à l’autre bout du pays.

Enfin, précisons que Turo n’est plus qu’une exclusivité américaine ou canadienne. L’application d’autopartage vient d’arriver de ce côté de l’Atlantique. Et c’est par la France qu’elle fait son entrée, avec le rachat de OuiCar par la start-up californienne. Comptant sur près de 30 000 véhicules, la plateforme française auparavant détenue par la SNCF apportera sa flotte avant de passer progressivement sous l’étendard Turo. Voilà qui permettra à de nombreux automobilistes de profiter de la mobilité électrique sur une courte durée, pour le plaisir ou par curiosité.