Ford Ranger

Alors que l’année 2017 s’annonce déjà comme une année historique en termes d’événements climatiques extrêmes et de catastrophes naturelles, le marché du pick up se porte bien, merci pour lui.

S’inspirant sans scrupule des recettes qui font le succès de ces gros monstres en Amérique du Nord depuis des décennies, les constructeurs automobiles multiplient les offres avec l’objectif de développer le marché sur le vieux continent.

Passage en revue des astuces et autres niches fiscales qui participent à leur manière à rendre attractif ces véhicules d’un autre âge qui aggravent encore un peu plus la pression environnementale de l’automobile sur l’environnement…

Zéro malus !

Classé sans complexe dans la catégorie des VUL y compris pour les versions offrant un confort à bord qui n’a pas grand-chose à envier aux gros 4×4 de luxe, les pick-up sont jusqu’à présent exemptés de malus écologique. Un malus qui en France pénalise très lourdement les véhicules très émetteurs de CO2.

Avec ce grossier tour de passe-passe, les constructeurs ont donc une nouvelle fois réussi à berner le législateur puisque tous ou presque ont au catalogue des versions très luxueuses, équipées de motorisation qui n’ont d’utilitaire que le nom.

Dernier arrivé sur le marché : le Renault Alaskan. Construit sur une base de Nissan Navara, ce pick-up partage la même plateforme et les mêmes moteurs. Quel que soit le niveau de finition choisi, l’engin offre une capacité de chargement de 1 tonne dans la benne. Ça, c’est pour le coté utilitaire. Mais ce qui devrait séduire les acquéreurs potentiels, ce sont surtout ses capacités routières : équipé d’un gros diesel disponible en 2 niveaux de puissance, pouvant être couplé en option à une boite auto à 7 rapports pour la version 190 ch, l’engin est capable d’avaler les kilomètres sur autoroute sans forcer, malgré une aérodynamique de boite à chaussure. Dans ce cas d’usage, comptez un bon 10L/100km à 130 km/h au régulateur. Un chiffre que les acheteurs potentiels n’hésiteront pas à qualifier de raisonnable comparativement à la consommation d’autres gros utilitaires. Pour les lecteurs d’automobile propre, une telle consommation est évidemment hors d’âge, surtout lorsqu’il s’agit de se déplacer seul à bord…

Comble de l’ironie, pour ceux qui trouveraient l’Alaskan pas assez raffiné, Mercedes-Benz propose le classe X : même châssis, mêmes moteurs mais avec une finition encore plus soignée. Et pour les plus exigeants, le constructeur de Stuttgart proposera dès l’an prochain une version équipée du V6 diesel maison de 258 ch ! Hypocrisie quand tu nous tiens…

Une offre qui explose…

Ford Ranger, Nissan Navara, Volkswagen Amarok, Mitsubishi L200, Isuzu D-Max, Mercedes-Benz Classe X, Renault Alaskan, etc… même les constructeurs français commencent à s’y intéresser ! Equipés de moteurs Diesel de dernières générations, ces engins ont tout pour plaire aux artisans et aux chefs d’entreprise amateurs de grosses voitures : véhicule non soumis au bonus écologique, récupération de 100% de la TVA sur le carburant, polyvalents…

Si ces engins peuvent parfois se substituer à l’achat d’un utilitaire tôlé, il arrive aussi parfois qu’ils se substituent à l’achat de gros SUV et autre 4×4 de luxe désormais très pénalisés par le malus écologique.

Volkswagen Amarok

Diesel sinon rien

S’inspirant sans scrupule des recettes qui font le succès des célèbres pick up US outre atlantique, les constructeurs automobiles semblent bien décidés à se positionner sur ce nouveau marché du pick up au format européen. Pour limiter l’appétit des monstres, tous ont évidemment recours à des moteurs diesel récents. Pour les émissions de NOx en condition réelle d’usage, on repassera.

Autre raison bien connue des lecteurs d’Automobile Propre : la fiscalité appliquée aux véhicules d’entreprises carburant au gazole. Avec un taux de récupération de TVA atteignant 100% dans le cas des véhicules utilitaires (contre 80% pour les véhicules de tourisme des société), certains chefs d’entreprises pourraient être tentés par ce type de véhicule. Ce qui montre une fois encore le rôle central de la fiscalité lorsqu’il s’agit d’orienter les choix des consommateurs…

Un marché en pleine croissance…

Sans rivaliser avec l’arrogance et la démesure des monstres US, les amateurs de gros SUV et autres merveilles du genre pourraient facilement se laisser séduire par ces pick-up au format européen.

Que ce soit en termes d’équipement mais surtout de motorisation, les constructeurs ont parfaitement conscience que pour développer le marché au-delà des rares professionnels pour qui ce genre d’engin se justifie pleinement, la finition intérieure et la motorisation font partie des qualités auxquelles les acheteurs potentiels seront sensibles.

Autant dire que le risque de voir la part de ces gros monstres continuer à croître dans les années à venir est bien réel. A moins que le législateur réagisse à temps pour stopper l’hémorragie ?