L’association Transport & Environment monte au créneau pour défendre l’intérêt d’une norme Euro 7, critiquée par les constructeurs… mais aussi des personnalités politiques, dont Bruno Le Maire.

L’Europe a quasiment acté la fin de la motorisation thermique pour les voitures neuves, à part de 2035. Mais d’ici là, vers 2025/2026, elle souhaite mettre en place une nouvelle norme anti-pollution, l’Euro 7.

Celle-ci crée toutefois de sacrés remous, des constructeurs s’y opposants. Ils estiment que cela va leur demander de réinvestir pour dépolluer un peu plus les thermiques alors que l’Europe les force en même temps à passer au tout électrique d’ici dix ans, une transformation qui a un coût colossal.

Chose non habituelle, plusieurs pays ont officiellement fait part de leur opposition au texte concocté par Bruxelles, dont la France. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a récemment estimé que “la norme Euro 7 n’est pas utile”. Pour lui, “il ne faut pas dépenser de l’argent, des milliards, dans des règles que la Chine et les États-Unis n’imposent pas à leurs constructeurs.

Forcément, cette position fait bondir du côté des associations écologistes. L’association Transport & Environment (T&E) publie ce jour une étude (réalisée par Air Quality Consultants ltd) pour rappeler que l’Euro 7 “aura un impact significatif sur la qualité de l’air dans les villes”… si celle-ci suit un scénario qualifié de “robuste”. En clair des règles sévères, avec par exemple une limite d’émissions de NOx pour les voitures ramenée de 60 mg/km à 30 mg/km.

Selon T&E, avec une telle norme “robuste”, l’Union pourrait réduire d’environ 50 % la pollution au dioxyde d’azote (NO2) d’ici à 2035. Ce qui permettrait une baisse de 24 % des concentrations de NO2 dans les villes les plus polluées, dont Paris. Si l’Euro 7 ne voit pas le jour, T&E estime que les villes devront durcir d’autres mesures, par exemple les règles de la ZFE à Paris, pour respecter la limite de pollution atmosphérique au NO2 proposée dans la révision de la directive sur la qualité de l’air ambiant en 2035.

Pour l’association, c’est une question de santé publique. Elle rappelle que “la pollution atmosphérique due au transport routier tue prématurément 70 000 Européens chaque année et provoque une multitude de maladies”. Rendre l’Euro 7 sévère est important car elle concernera les véhicules thermiques vendus entre 2025 et 2035. Et ces véhicules resteront donc en circulation bien après 2035.

L’Euro 7 ne doit pas épargner les véhicules électriques, car l’Europe compte mettre en place des normes sur des éléments non liés au moteur, à commencer par les particules rejetées au freinage. T&E se fait déjà gourmand sur ce point. D’après l’association, une limite de 3 mg/km dès 2025 (au lieu de 7 mg/km comme proposé par la Commission) réduirait la pollution par les particules de frein de 34 % dès 2030 (contre 19% avec la limite proposée), et de 55 % en 2035 (contre 34%). La technologie d’aspirateurs à particules existe et ne couterait que 100 € par voiture.

D’ailleurs, de manière globale, le respect des règles d’un scénario sévère coûterait en moyenne 200 € par voiture selon l’association. Loin d’être inabordable selon T&E, alors que les marques avancent cet argument pour faire douter Bruxelles.

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