Avec une électrification massive du parc automobile français, les recettes générées par les taxes sur les carburants vont plonger. Une étude vient de chiffrer le manque à gagner pour l’Etat.

La direction générale du Trésor vient de publier un rapport sur “les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone”. Cette étude inclut de premiers éléments sur les conséquences de cette transition sur les recettes de fiscalité énergétique.

Ce n’est pas une découverte. Si l’augmentation des ventes de voitures électriques est perçue comme une bonne nouvelle pour l’environnement, du côté des finances de l’Etat, cela n’en est pas vraiment une. La consommation des carburants fossiles génère en effet d’énormes retombées en taxes. Or, ce n’est pas le cas de la voiture électrique.

Comme le souligne l’étude, “la tarification unitaire de la consommation d’électricité est inférieure à celle d’une unité d’énergie fossile”. En 2019, la TICPE (l’ex-taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers) nette moyenne était de 52 €/MWh, contre 22 € pour ce qui correspondait à l’ancienne TICFE (taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité)

Si les ventes de voitures électriques ont cette fois vraiment décollé (ces voitures dépasseront 15 % du total de 2023), leur présence sur nos routes ne pèse pas encore beaucoup sur la consommation de carburant fossiles. Mais cela va rapidement changer. En 2030, le rapport estime que les modèles 100 % électriques représenteront déjà un quart du parc roulant.

À lire aussi Le Jamais Content – Le grand n’importe quoi du bonus écologique, ça c’est la France !

Selon l’étude, “les pertes de recettes publiques énergétiques en 2030 au regard de celles de 2019 pourraient atteindre 13 milliards d’euros à fiscalité constante”. Dans le détail, il y aurait une perte de 14 milliards sur la partie fossiles, et un gain d’un milliard côté électricité, suite à une forte hausse du nombre de recharges.

Et ce n’est donc que le début. Avec des ventes de véhicules neufs qui devraient être à 100 % en 2035, le parc se dirige vers du tout électrique à l’horizon 2050. A ce moment là, la totalité des recettes sur les produits fossiles disparait, soit une perte de 33 milliards d’euros. Les rendements supplémentaires côté électrique serait de 3 milliards.

L’étude cite en exemple la Norvège, en avance en matière d’électrification. Le parc est déjà à près de 30 % d”électriques. Dans ce pays, les recettes fiscales liées au transport routier ont déjà commencé à baisser.

On imagine bien sûr que l’Etat français ne va pas pouvoir se passer de ces énormes recettes. Pour l’instant, difficile de taxer davantage les électriques, car il faut encourager leurs ventes. Mais la situation changera assurément à moyen terme. La première étape sera la suppression des aides à l’achat. Puis il faudra ensuite trouver de nouveaux types de recettes. Ce peut être en augmentant les taxes sur l’électricité ou en relançant la vignette !