Quand la pub automobile à la télé n’agace pas le râleur en chef, elle l’ennuie. Et peut parfois le piéger.

Dimanche dernier, en regardant Novak Djokovic soulever la Coupe des Mousquetaires au coeur du court Philippe Chatrier, le râleur en chef était content de voir ce Roland Garros prendre fin. Il a beau aimer regarder du tennis, il n’en pouvait plus de voir… une publicité Renault.

Si vous avez vu seulement dix minutes d’un match au cours du tournoi diffusé sur France Télévisions, vous n’avez pas pu passer à côté. Elle revenait quasiment dans une coupure sur deux ! Autant dire qu’au bout de la quinzaine, c’est un beau matraquage en règle publicitaire, au point que le jamais content se demande si ceux qui ont subi cela ont, après, envie d’aller dans une concession Renault ! Le choix d’un classique de fêtes de fin d’année comme musique de fond n’arrangeait rien dans la tournure agaçante qu’a pris la chose, crispant ainsi en plein printemps ceux qui ont des sueurs froides dès qu’on parle de Noël.

Mais il doit être honnête. Avant d’être agacé par ce spot, le râleur l’a trouvé sympa à son premier visionnage, avec une idée de remplacer la neige par la terre battue bien pensée. Et il faut reconnaître que depuis quelques années, Renault propose de bonnes publicités, qui redonneraient presque un peu de cachet à l’art de la réclame automobile sur le petit écran.

Car s’il n’est pas forcément en mode “tout était mieux avant”, le râleur a pu se rendre compte grâce à un documentaire diffusé récemment sur France 3 que la pub auto était plus créative par le passé. Le doc a notamment fait un focus sur Citroën, qui, avec l’aide de Jacques Séguéla, a proposé des spots à grand spectacle dans des décors impensables. On a ainsi pu revoir l’AX sur la muraille de Chine ou sur le porte-avions Le Clémenceau, deux réclames tournées sur les vrais décors et non pas sur fond vert comme cela se fait maintenant.

Pas simple de trouver un équivalent à ce spectacle XXL de nos jours, où le caractère plus informatif prend le dessus. Quelle est la dernière pub auto qui vous a marqué ? Les scénarios se sont appauvris, surement en même temps que les budgets, désormais en partie accaparés par le numérique. En ce moment chez Opel, pour vendre le Mokka électrique, une simple prise se balade autour de l’auto, façon serpent. Sur fond vert. Quelle imagination. J’imagine la tête de la personne toute fière qui propose cela en brainstorming. “Mais oui, mais c’est génial”. Au moins, l’époque de l’utilisation d’un sex-symbol comme Claudia Schiffer est passée.

La pub auto semble avoir un côté plus terre-à-terre, plus informatif. Pour l’ID.Buzz, VW vient de faire simple : des images du véhicule, beaucoup de texte. Bien sage pour un véhicule qui suscite pourtant une réelle sympathie et qui aurait pu générer une belle histoire.

Cela peut être poussé par le besoin de rassurer l’acheteur face à de nouvelles motorisations électrifiées qu’il ne connait pas encore. Encore faut-il ne pas lui vendre du rêve. Par exemple Fiat fait la promo de sa Panda hybride, mais c’est une hybridation légère, qui fait à peine baisser la consommation, alors que des clients imaginent peut-être une vraie hybridation à la Toyota.

Avec la voiture électrique, la pub recèle son lot de nouveaux pièges. On se souvient des consommations farfelues avec les thermiques, les électriques avancent de leur côté des autonomies optimistes, bien que normées. Et attention à ceux qui mettront en avant l’autonomie en cycle urbain, plus grosse. A cela s’ajoutent les temps de recharge théoriques, quand on est dans les conditions parfaites de recharge. Il faut la borne la plus puissante, la bonne température extérieure, la batterie pré-conditionnée…

Prudence évidemment face au prix affiché en gros. Désormais, c’est une somme dérisoire car c’est une formule de location. Attention au 1er loyer majoré, que l’on peut effectivement trouver sur tous les types de motorisation. Reste qu’avec l’électrique, des marques promettent des offres sans apport… avec des conditions écrites en tout petit. Il faut en effet avoir le droit au bonus maximal, réservé à une moitié de Français, et profiter d’une prime à la casse, donc avoir le véhicule à mettre au rebut. Quand les marques prennent en compte 9500 € d’aides, vous en avez peut-être seulement 5000 € (le bonus minimal).

Au final, le râleur n’aurait pas du lire cette chronique, il est reparti pour une journée avec “the most wonderful time of the year” dans la tête. Et vous aussi.

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