Qui de la poule ou de l’œuf… Adaptée à la mobilité bioGNV, cette question devient : Que faut-il développer en premier pour réussir une transition vers les modèles fonctionnant au gaz : les stations d’avitaillement ou les véhicules ? Une société d’économie mixte s’occupe des 2 en donnant un bon coup de pouce à la conversion.

Liger

Installée à Locminé (56), Liger s’est illustrée en ouvrant une première station d’avitaillement en bioGNV local dès 2015. Devant l’urgence climatique, son équipe met les bouchées doubles, tous azimuts, notamment en donnant un coup de pouce à la conversion avec Hermine Auto.

L’établissement dispose sur 300 m2 d’un magasin de pièces détachées et d’accessoires pour l’automobile, couplé à un atelier de réparation et d’entretien pour les véhicules de toutes marques.

Depuis 1 an, il effectue aussi des conversions au gaz de voitures particulières et utilitaires légers fonctionnant habituellement à l’essence.

bioGNV

Locminé accueille sur son territoire une importante industrie agroalimentaire qui fournit une bonne partie de ses déchets à Liger.

De quoi représenter 70% de la matière qui, associée à des produits indésirables issus de l’agriculture (10%) et des collectivités (cantines), permet à la Sem de produire chaque année l’équivalent de 550.000 litres de gazole, écoulés en bioGNV à travers son enseigne naissante Karrgreen.

Si des transporteurs locaux incluent de plus en plus des poids lourds fonctionnant au GNV, pour les véhicules légers, l’offre actuelle des constructeurs en France ne correspond pas toujours aux besoins des professionnels.

Un HY comme outil de communication

Reconnaissable à sa carrosserie en tôle ondulée et à son capot avancé qui lui a valu le surnom de « Nez de cochon » partagé avec le Peugeot D3, le Citroën Tub, ou type H, ou HY, a été produit à l’usine de Javel à Paris, puis à celle d’Aulnay-sous-Bois (93), entre 1948 et 1981.

C’est un exemplaire de cet utilitaire léger qu’Hermine Auto a converti au GNV, en parallèle à une restauration de la carrosserie assurée par la société AGVM, le spécialiste de l’aménagement sur-mesure des véhicules et remorques pour restaurateurs et autres commerçants.

Le passage dans les ateliers de Muzillac (56) va donner une nouvelle identité à l’engin. Transformé en food truck, et baptisé « Jupalo », il devient en quelque sorte une carte de visite commune du savoir-faire spécifique à chacune des 3 entités.

Va-et-vient

Des va-et-vient vont être nécessaires entre Hermine Auto et AGVM, ne serait-ce que pour découper la carrosserie afin de rendre visibles les 3 bouteilles dimensionnées pour contenir au total 12 kilos de gaz. De quoi parcourir jusqu’à 250 kilomètres avant un nouvel avitaillement en bioGNV.

L’engin conserve un réservoir à essence. Une électrovanne assure la commutation automatique pour une alimentation au gaz, 27 secondes après le démarrage. Un vapodétendeur et un diffuseur au dessus du carburateur complètent le gros des équipements installés en une semaine par Hermine Auto, fin mai dernier.

Cogérant de l’entreprise fondée il y a une quinzaine d’années, Alan Jehanno précise : « Une telle transformation est possible par nos soins sur un moteur à essence équipé d’un carburateur ou d’une injection indirecte ». Il souligne qu’une « conversion à partir de blocs diesel est possible, mais pas souhaitable, car trop coûteuse et moins efficace à l’arrivée ».

Coup double

« Une bonne, mais simple révision du moteur, avec les classiques opérations d’entretien comprenant l’allumage et le remplacement des fluides, a suffit pour réaliser cette conversion », assure Alan Jehanno.

Lors de notre déplacement dans son établissement, en fin de semaine dernière, il nous a présenté un autre HY que Liger compte cette fois-ci transformer en glacier. Les 2 utilitaires seront présents lors de diverses manifestations, parfois en s’intégrant à la caravane qui accompagne une course cycliste.

Il s’agit pour la Sem d’aller à la rencontre du grand public afin de présenter les avantages de la mobilité bioGNV et des productions parallèles d’énergie et d’autres éléments : production de chaleur (9.690 MWh par an) et d’électricité (10.300 MWh) par cogénération, de fertilisants pour les agriculteurs (de quoi traiter 2.000 hectares de terres par épandage) et jardiniers, et de biocombustible (5.500 tonnes par an).

Un budget conséquent

Chez Hermine auto, on chiffre la conversion d’une voiture de type youngtimers (dont la production a été stoppée depuis au moins 15 ans mais trop récentes – moins de 30 ans – pour être en collection) dans une fourchette de 4.500 à 6.000 euros.

Des chiffres qui piqueront sans doute bien des yeux, mais qui sont cependant inférieurs de moitié, si ce n’est pas plus, à une bonne conversion à l’électrique. Sauf à avoir quelques facilités d’approvisionnement en éléments, à être peu regardant sur la qualité de la prestation, et/ou à faire réaliser les transformations dans un pays où la main d’œuvre est moins bien rémunérée.

5 Clio Estate…

Sur le secteur de Locminé, Gaillard Pâtissier, ouvert à la mobilité bioGNV à la suite d’une présentation par Liger, a fait convertir 5 Renault Clio Estate nécessaires à l’activité de l’entreprise.

La Sem ne fait pas que promouvoir la conversion : elle espère décider les constructeurs à s’impliquer davantage dans la vente de modèles neufs déjà équipés pour rouler au gaz naturel.

C’est pourquoi elle met gracieusement à disposition d’un concessionnaire Seat un bureau dans sa station Karrgreen de Locminé, les vendredis de 15 à 18 heures.

…et une Ferrari

Au début, Alan Jehanno n’y croyait pas trop à cette histoire de conversion au GNV d’une Ferrari. Là encore, c’est par l’intermédiaire de Liger, qu’un passionné de la marque résidant dans un pays frontalier s’est fait connaître.

« J’étudie actuellement, sur la base de photos que j’ai reçues, les possibles implantations des réservoirs de gaz dans le coffre situé à l’avant », nous confie-t-il.

Les porteurs de ce projet espèrent pouvoir inscrire l’engin modifié à l’édition 2021 de l’épreuve Le Mans Classic qui réunit des modèles de compétition historiques produits à partir de 1923.

D’ici là, Liger aura ouvert plus de 20 stations Karrgreen bioGNV à travers la France, en procurant des garanties d’origine et des points en Clean Coin, sa crypto monnaie à échanger contre des kilos de son produit vendu déjà moins cher que le GNV classique.