Soutenue par Automobile-Propre, l’équipe e-Lime était engagée pour la deuxième édition du e-Rallye de Monte-Carlo. Au volant d’une Nissan Leaf portant le numéro huit, l’équipage franco-suisse composé de David Tschan et d’Alexandre Gabard nous résume son épopée à travers la France.

Rendez-vous à Fontainebleau

Le Monte-Carlo s’annonce bien longtemps à l’avance… comment préparer la voiture ? Quel équipement choisir ? Extincteur, casque, roue de secours – avons-nous pensé à tout ? Et bien sûr la question clé du trajet : où et comment charger la voiture ? Car la route sera longue : mis à part le rallye en soi, il fallait aussi planifier les trajets d’aller et retour. Bien entendu, l’itinéraire entier sera bouclé en électrique.

Le premier arrêt de recharge sollicite déjà l’application ChargeMap : nous choisissons la borne Sodetrel Corri-Door de Besançon pour nous recharger. Grâce au ChargeMap Pass, l’activation de la borne suscite aucun problème et nous repartons en un rien de temps.

Les bornes se succèdent, la route défile et nous voilà enfin arrivés à Fontainebleau, ville de départ du Rallye. Nous branchons notre voiture sur une des prises à disposition sur le parking, pour charger la batterie à bloc et climatiser la voiture avant de partir.

Une nuit d’hôtel plus tard, nous voilà déjà le jour du départ ! Cette année, ce sera le jardin du château de Fontainebleau qui accueille les voitures. Contrôles administratifs et techniques, application des autocollants des sponsors et des numéros de départ, installation du GPS officiel qui permettra aux commissaires de contrôler la performance des concurrents sur les épreuves de régularité. C’est aussi le bon moment pour faire le tour des autres concurrents ; mis à part trois Toyota Mirai, il y aura donc 34 voitures qui se disputeront les bornes de recharge. Voilà qui promet…

Top départ

Puis, alignement par numéros pour le départ officiel. Partant à 14h08, nous avons 26 heures pour rallier les 600 km entre Fontainebleau et notre première destination, Onet-le-Château. Première galère sur la première borne de recharge – ce que nous avions anticipé : par manque d’alternatives sept voitures du rallye se retrouvent à faire la queue pour recharger. Mais grâce à un départ vers l’avant du classement, nous sommes troisièmes en ligne et une bonne heure plus tard, nous voilà repartis vers le sud.

À l’encontre de certaines équipes qui pousseront jusqu’à Onet la même nuit, arrivant à destination à l’aube, nous choisissons de ménager nos ressources en nous arrêtant pour passer la nuit entre Bourges et Clermont-Ferrand. Les nuits sont courtes pendant le Monte-Carlo, autant ne pas se fatiguer inutilement en avance. Grâce à chargemap, nous avons trouvé un hôtel qui propose des stations de charge à ses clients, ainsi nous repartons avec une batterie pleine le lendemain matin.

Le lendemain, même problème : la borne visée est occupée par une Kangoo, qui nous déclare rester branché pour au moins cinq heures avant de pouvoir repartir. Derrière nous, en cinq minutes, deux concurrents de plus s’arrêtent. Ça promet… Mais un petit calcul et un coup d’œil sur la carte plus tard, nous décidons que la capacité restante suffit à pousser plus loin et nous nous élancons.

Malgré les montées du massif central, nous arrivons à bon port pour trouver une borne libre, sans file d’attente, sans l’ombre d’un autre concurrent ! rassurés, nous branchons notre voiture pour refaire le plein d’électrons.

Le reste du trajet se présente sans problèmes, nous arrivons à temps à Onet-le-Château pour prendre notre place dans la file d’arrivée, car il nous faut arriver à la minute définie pour éviter le premier tour de pénalités !

L’arrivée à Onet-le-Château a un aspect de foire, un public applaudissant, un discours du maire, des cadeaux pour les concurrents… Quelle hospitalité !

Après avoir garé et branché la voiture dans le parc fermé du rallye, nous partons vite pour notre chambre d’hôtel. Départ demain à partir de six heures, il s’agit de se lever tôt ! Mais avant, planification des jours à venir. Le vendredi, un tour à faire sur le circuit du pôle mécanique d’Alès, puis une zone de régularité (ZR) dans la même région, suivie d’une deuxième dans la région des Alpilles. Après l’arrêt imposé par la direction de course entre 23h et 6h, deux nouvelles ZR dans les monts du Lubéron, puis arrivée à Monaco au plus tard à 15 heures ! Première conclusion : ce ne sera pas impossible, mais serré.

Nous nous élançons donc à l’aube. Sachant qu’une fois de plus il faudra se bagarrer pour les bornes de charge, nous décidons d’éviter les itinéraires évidents et choisissons un chemin bien plus long, mais moins encombré en prenant l’autoroute pour Montpellier puis Nîmes. Néanmoins, nous nous faisons doubler par d’autres concurrents qui nous prennent la place. Sur l’application ChargeMap, nous contrôlons si les bornes sont occupées – elles le sont, bien sûr – et une fois de plus, après un petit tour de calculette, nous décidons de pousser plus loin.

Grâce au dénivellement entre le massif central et la côte, nous battons notre propre record de distance en couvrant 189km avec 82% de batterie, soit une autonomie théorique de 230km pour 30 kWh – pas mal, notre Leaf ! Puis, comme prévu, charge à Nissan Montpellier, puis Nissan Nîmes.

Circuit d’Alès et premières ZR

Nous avions grandement anticipé le tour de circuit à Alès ; en effet, deux tours précis sur le circuit « rallye » l’année dernière nous avaient permis de gagner la coupe du circuit – bien entendu, nous nous demandions comment nous allions nous classer cette année. Mais les circonstances sont différentes cette fois : un seul tour à faire, qui plus est sur le circuit principal. Il s’agit donc d’être doublement attentif et précis.

Sans connaissance du résultat exact (mais avec un doute sérieux concernant notre performance après être arrivé sur la ligne d’arrivée beaucoup trop tôt), nous partons pour la première ZR. Ici, il s’agit de tenir une moyenne imposée (par exemple 36,9 km/h) sur une distance donnée, aux alentours de 20km. Le long de ce trajet, la moyenne sera contrôlée par GPS à des points définis et toute déviation par rapport au temps idéal sera décomptée en secondes.

Top départ de la ZR avec les commissaires de course de l’ACM

Tout se passe bien, nous pensons avoir bien réussi cette fois. Mais bien au contraire… grâce à la publication presque instantanée des résultats, nous trouvons une déviation totale de 200 secondes soit 200 points de pénalité ! Frustrés, déçus, nous cherchons une explication. Un tour de calculette plus tard, et voilà, dû à une erreur d’étalonnage nos distances mesurées ne correspondaient pas à celles indiquées par la direction de course. Vite corrigée, cette erreur nous aura néanmoins couté cher. Le dernier doute sera écarté après la deuxième ZR du jour, ou nous réduisons notre erreur totale à 20 secondes, ce qui correspond bien mieux à nos capacités. Au moins, nous savons que nos mesures sont maintenant correctes.

Le lendemain, nous partons à 6h01 pour la première ZR du jour. Nous traversons le Verdon sur des petites routes, virages serrés et côtes raides au rendez-vous. Difficile de tenir la moyenne imposée sur ces routes !

Puis la question de la charge restante se pose… Avec une batterie chargée à 39% que faire ? risquer la panne et compléter la deuxième ZR de suite, ou charger entre les deux ? Nous décidons qu’une charge ne peut pas faire de mal. Nous choisissons la borne la plus proche – pas évident car les bornes sont rares dans la région – et nous dirigeons vers elle.

La queue de voitures anticipée n’est pas au rendez-vous, la borne est libre et nous pouvons charger immédiatement. Quel soulagement !

C’est donc avec une batterie pleine que nous partons sur la deuxième ZR, un peu moins sinueuse mais pas moins difficile à une moyenne imposée de 47.1 km/h.

Ayant donc complété toutes les épreuves du jour, nous voilà lancés pour Monaco. L’absence de bornes entre la fin de la ZR et l’autoroute nous laisse anticiper une nouvelle fois une longue attente, nous décidons donc de passer par Grasse ou nous trouvons une borne libre ce qui nous permet d’arriver à Monaco à temps.

Décontractés, nous branchons notre voiture dans le parc fermé et  comme l’hôtel se situe juste en face, nous avons quelques heures de repos devant nous. Car une nuit vibrante nous attend… la fameuse nuit du Turini ! Départ à 21h pour 130 kilomètres dans les Alpes. Sospel, Moulinet, Lucéram… Des noms de légende qui seront ce soir sur notre trajet.

Un itinéraire est à suivre à la lettre, donc l’attention du navigateur doit être au maximum. Une fois arrivé à Sospel, c’est parti ! Une moyenne de 38,2 km/h est à tenir sur ces routes sinueuses, ce qui représente un défi majeur pour le pilote. Les pneus souffrent, les coups d’accélérateur et de freins s’alternent et sollicitent la mécanique. Notre Leaf ne bronche pas et tient la route.

Malheureusement un accident indépendant de la course bloque la route et force les commissaires à annuler la deuxième ZR du Turini. Mais il s’agit toujours de suivre l’itinéraire obligatoire pour rentrer, donc attention !

Une fois arrivé à Monaco, le classement s’affiche sur l’écran petit à petit. Une petite déception de plus pour nous, car nous n’avons pas réussi à répéter notre performance des ZR précédentes. Une erreur cumulée de 86 secondes saborde définitivement notre score.

Néanmoins, nous arrivons à la 18ème place sur 37 concurrents, résultat satisfaisant d’un côté mais décevant de l’autre, ce qui nous motive à revenir l’année prochaine !