L’étau du confinement doit se desserrer progressivement dès le début de la semaine en France. Est-ce le moment idéal pour acquérir une voiture électrique ? Tout dépend de ce que l’on veut privilégier.

Essais et gestes barrières

La réduction des mesures de confinement ne signifie pas que le virus est maîtrisé. Acheter une voiture signifie encore le plus souvent de vouloir l’essayer auparavant.

Sans jouer les covido-septiques ni les covido-pessimistes, il est important de prendre quelques précautions, notamment en emportant avec soit un masque, et un gel hydroalcoolique à utiliser avant de prendre le volant (par respect pour celui qui vous prête le véhicule) et après (pour votre propre protection).

Puisque de très fines gouttelettes porteuses du virus peuvent rester en suspension dans l’air au-delà de 20 minutes, aérer l’habitacle quelques dizaines de secondes au début du roulage est un geste simple à effectuer qui assainira l’intérieur du véhicule.

Une volonté de consommer autrement

Les sondages réalisés depuis le début de la crise du coronavirus, notamment celui tout récemment réalisé par Odoxa pour BMW, indiquent que les Français dans leur majorité souhaitent consommer différemment désormais, en privilégiant, si ce n’est les productions dans l’Hexagone, au moins celles en provenance d’Europe.

Est-ce à dire que, dans les tout prochains actes d’achat d’une voiture électrique, les automobilistes vont aussi d’abord penser à aider la filière à redémarrer plutôt que de privilégier le prix le plus bas possible ? Dans ce cas : oui, c’est bien le moment d’acheter, car nombre de concessions vont ressortir dangereusement affaiblies de la crise sanitaire actuelle ! Et ce n’est pas forcément beaucoup mieux pour les constructeurs.

Made in…

S’il s’agit de privilégier le Made in France, en matière de voiture électrique, Renault est la marque à choisir avec ses ZOE et Kangoo. C’est elle qui a produit dans l’Hexagone le plus grand nombre de ces véhicules branchés depuis le début de l’histoire automobile.

Face à elle, la Peugeot e-208, par exemple, est assemblée en Slovaquie. C’est aussi de ce pays que sortent les Volkswagen e-Up!, Seat Mii Electric et Skoda Citigo e iV.

Des constructeurs établis dans d’autres continents exploitent également des usines en Europe pour fabriquer leurs modèles électriques. Ainsi Hyundai en République tchèque pour son Kona 64 kWh, Nissan avec son e-NV200 (Espagne) et sa Leaf (Grande-Bretagne), et sans doute dans quelques mois pour Tesla au moins les Model Y en Allemagne.

A noter que la Smart FortTwo EQ est encore assemblée en France, ce qui ne sera a priori plus la cas pour les prochains modèle qui devraient sortir d’unités chinoises.

Situations des constructeurs

Globalement, et même s’il y a des différences d’un constructeur à l’autre, en particulier dues aux éventuelles fermetures d’usines à des dates diverses selon leur localisation, des stocks de véhicules neufs sont à écouler et des promotions sont à attendre… mais principalement pour les modèles thermiques. Renault a cependant prévenu qu’il ne comptait pas casser les prix.

Pour les électriques, la situation n’est pas du tout la même. Nombre de clients ayant passé commande il y a parfois quelques mois étaient déjà dans l’attente de leur exemplaire avant le confinement. Dans ce contexte, il est difficile d’espérer obtenir des baisses importantes de tarifs.

Les concessionnaires, eux, ont besoin de retrouver le plus rapidement possible des comptes bancaires mieux garnis. Et donc de vendre prioritairement les modèles qui leur rapportent le plus. De ce jeu, les électriques sont le plus souvent exclues.

En contrebalance, il y a la directive européenne CAFE qui impose aux constructeurs de respecter en 2020 une moyenne d’émissions de CO2 à 95 grammes par kilomètre sur leurs voitures livrées pendant l’exercice sur le territoire. Ce qui plaiderait donc pour une baisse des prix des modèles les moins émissifs, en particulier les électriques.

Oui, mais certaines marques avaient différé de nombreuses livraisons de véhicules électriques neufs pour y satisfaire, et, facteur perturbateur, le volume des ventes à l’année devrait être en deçà en 2020 par rapport à 2019.

En outre, les constructeurs préfèrent encore pousser l’Europe à assouplir les contraintes CAFE et appeler les gouvernements à des aides supplémentaires pour dynamiser l’achat des voitures électriques. A priori, selon les propos recueillis de Damien Adam, président du groupe d’études « Véhicules terrestres » à l’Assemblée nationale, la France ne devrait pas aller dans ce sens, en tout cas pas de suite, sauf peut-être pour rétablir un plein bonus à 6.000 euros pour les professionnels.

Une bonne affaire à coup sûr ?

Le début de sortie du confinement est-il la meilleure période pour bénéficier à coup sûr d’une importante remise à l’achat d’une voiture électrique neuve ? La réponse est clairement : « Non ! ».

Bien sûr, derrière cette réplique catégorique, il y aura forcément un bon nombre d’exceptions : un modèle de démonstration à remplacer avant l’arrivée du nouveau, un constructeur qui anticipe à sa façon et très en avance la fin de l’année, une concession confrontée à un besoin immédiat de liquidités, un établissement qui s’apprête à fermer définitivement ses portes, un modèle récemment remplacé par la version V+1, le besoin de réussir le lancement d’un nouveau VE, etc.

L’idéal restera donc, si votre achat est urgent, de faire le tour, au moins téléphoniquement, des concessions qui vous sont accessibles. Et peut être pourrez-vous conclure une excellente affaire sur une voiture électrique neuve qui vous plaît et vous convient.

En revanche, la situation dans quelques mois pourrait bien devenir plus propice à acquérir moins cher un VE neuf. Si l’Etat compte soutenir la filière automobile en boostant les ventes de ces véhicules, un délai de 1, 2 ou 3 mois devrait être suffisant pour que soit communiqué un hypothétique allongement des aides à l’achat.

Sur cette période, les constructeurs vont probablement produire à plein des véhicules branchés, sauf ceux qui, comme Peugeot par exemple, ont prévu de réagir étroitement avec les demandes en modèles émanant de la clientèle. Hors de ce cas, si les ventes ne sont pas suffisamment au rendez-vous, des stocks vont se constituer. Et là, des prix alléchants pourraient bien être mis en place temporairement.

Tabler sur la fin de l’année

Rappelons pour les moins pressés que la fin de cette année risque de contraindre des constructeurs à prendre des décisions de dernière minute afin de satisfaire aux nouvelles exigences de la directive CAFE si elles ne sont pas assouplies.

Dans les dernières semaines qui précéderont la fin de l’exercice 2020, et en fonction des ventes et livraisons réalisées, certains n’auront pas d’autre choix pour échapper à de lourdes amendes de l’Europe que de sacrifier les prix des modèles les moins émissifs, et en particulier des électriques.

A cette époque, on devrait aussi connaître l’orientation prise par le gouvernement pour favoriser en 2021 la diffusion de ces véhicules.

Des opportunités sur l’occasion

Le marché de l’occasion, puisqu’il réunit les vendeurs particuliers et professionnels, pourrait bien être celui qui permettrait d’effectuer le plus rapidement d’importantes économies. Parfois, hélas, pour solde d’une situation de blocage née avec la crise sanitaire.

Des foyers subitement devenus surendettés, la livraison toute proche d’un nouveau modèle commandé il y a quelques mois, le soutien d’un employeur à des salariés en fournissant un véhicule d’entreprise, une promesse d’embauche ou de promotion qui s’envole, un changement de situation familiale, une société qui met la clé sous la porte etc… des automobilistes ou des professionnels vont devoir parfois revendre, au plus vite, en cassant les prix, une voiture électrique dont ils pourront tout de même espérer un montant susceptible de leur faire passer un cap délicat.

Et ça, c’est dès maintenant ! Un petit tour sur les sites de ventes en ligne témoigne déjà d’une baisse des prix parfois conséquente.