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Et si nos 1,3 million de véhicules électriques pouvaient soulager le réseau lors des pics de consommation hivernaux ? Le V2X transforme chaque voiture en batterie mobile capable d’alimenter votre maison, vos appareils ou même le réseau national. Décryptage d’une révolution qui commence à peine.
Nous roulons tous les jours avec une batterie qui pourrait alimenter notre foyer pendant plusieurs jours. Pourtant, 95 % du temps, nos voitures électriques restent à l’arrêt, leur précieux stockage totalement inexploité. Le V2X (Vehicle-to-Everything) change la donne : cette technologie permet à nos véhicules d’injecter de l’électricité là où elle est nécessaire, transformant chaque électromobiliste en acteur de la transition énergétique.
Dans une collaboration inédite, nous avons uni nos forces avec le site d’information Revolution-energétique.com pour décrypter ce potentiel gigantesque.
Les chiffres donnent le vertige. En août 2025, le parc français compte plus d’1,4 million de véhicules électriques selon l’Avere-France. Cela représente une capacité de stockage cumulée de 45 GWh et une puissance de 9,1 GW. Pour donner un ordre de grandeur parlant : l’équivalent de cinq à six EPR de Flamanville ou du double du barrage de Montézic, deuxième plus grand système de stockage hydraulique français.
Concrètement, avec une moyenne de 35 kWh par batterie et 7 kW de puissance bidirectionnelle, chacune de ces voitures pourrait théoriquement alimenter un foyer moyen pendant 3 à 4 jours hors chauffage. Votre Renault Mégane E-Tech ou votre Tesla Model 3 deviendraient ainsi des batteries domestiques mobiles de 60 kWh, bien plus puissantes que la plupart des systèmes de stockage fixes vendus pour l’autoconsommation solaire.
Et nous n’en sommes qu’au début : les VE représentent seulement 3 % du parc roulant total, mais déjà 13 % des ventes de véhicules neufs (jusqu’à 20 % selon les mois). Dans cinq ans, avec 3 à 4 millions de véhicules électrifiés, le potentiel sera triplé.
Pour pouvoir récupérer l’énergie dormante dans les batteries, cette dernière doit pouvoir reconvertir son électricité en courant alternatif. C’est ce que l’on nomme la charge bidirectionnelle.
Le V2L (Vehicle-to-Load) équipe déjà 10 à 20 % des modèles neufs. C’est la fonction la plus simple : alimenter des appareils électriques via un adaptateur branché sur la prise de recharge du véhicule.
Puissance disponible : 3,6 à 3,7 kW en continu
Modèles équipés : Dacia Spring, Renault 5 E-Tech, Kia EV6, Kia EV9, Hyundai Ioniq 5/6, Ford F-150 Lightning
Les cas d’usage sont multiples : alimenter des outils électriques sur un chantier, organiser un barbecue en pleine nature, recharger un vélo électrique en balade, ou même dépanner un autre véhicule électrique. Pour les professionnels du BTP ou les artisans itinérants, c’est un argument commercial redoutable qui évite de trimballer un groupe électrogène.
On peut le regretter mais le V2G (Vehicle-to-Grid) reste pour l’instant assez confidentiel chez nous. Seules la Renault 5 E-Tech, l’Alpine A290, la Renault 4 ou les Megane et Scenic équipées en charge bidirectionnelle le proposent parmi les modèles récents, aux côtés de véhicules historiques malheureusement jamais exploités commercialement pour cela (Nissan Leaf première génération, Mitsubishi i-MiEV).
Cette technologie exige un cadre réglementaire strict pour communiquer avec le réseau électrique national et rémunérer les propriétaires qui mettent leur batterie à disposition pendant les pics de consommation. Mobilize Power annonce ainsi, en fonction des usages, des gains pour les propriétaires de plusieurs dizaines d’euros par mois.
Le potentiel est immense pour effacer les pointes de consommation de 18h00 à 20h00 en hiver, évitant ainsi le recours aux centrales à gaz ou à charbon. Aux Pays-Bas, un système d’autopartage innovant utilisant le V2G avec des Renault 5 est déjà opérationnel à Utrecht.
Entre ces deux extrêmes, le V1G (charge monodirectionnelle intelligente) se développe rapidement. Le principe ? Votre borne domestique ne recharge pas en continu, elle pilote intelligemment la charge en fonction des tensions sur le réseau et des prix du marché (heures creuses).
Concrètement : la recharge se coupe ou se réduit lors des pics de consommation, puis recharge massivement la nuit quand l’électricité est abondante et bon marché. Plusieurs bornes proposent déjà ce pilotage : vous programmez simplement l’heure à laquelle vous avez besoin de votre véhicule chargé, et le système optimise tout seul.
Rémunération possible : quelques dizaines d’euros par mois
Avantage : aucune modification du véhicule nécessaire, juste un contrat adapté
Le V2H (Vehicle-to-Home) est le plus intéressant pour les propriétaires de panneaux solaires. Votre véhicule devient votre batterie de stockage domestique, rendant obsolète l’achat d’un Powerwall Tesla ou d’une autre batterie à plusieurs milliers d’euros.
Le scénario idéal : vos panneaux produisent en journée, votre voiture stocke cette électricité, puis la restitue le soir pour alimenter votre maison. Résultat : taux d’autoconsommation de 80-90 % au lieu de 30-40 % sans stockage.
Le hic : cette solution nécessite des adaptations électriques (compteur Linky, disjoncteur d’isolement) et le cadre réglementaire français reste flou. Enedis doit encore valider les protocoles de sécurité. Mais, techniquement, c’est déjà possible avec certaines bornes bidirectionnelles et quelques modèles de véhicules.
Pourquoi le V2X peine-t-il à décoller en France ? Trois obstacles majeurs :
1. La complexité technique
Comme nous l’avons vu plus haut, rares sont les véhicules équipés. Il faut une électronique de puissance bidirectionnelle, absente sur de trop nombreux modèles actuels. Les constructeurs l’intègrent progressivement, en fonction de leur investissement dans la technologie, mais c’est un surcoût qu’ils répercutent (ou non) sur le prix final.
2. Le vide réglementaire
Pour le V2G, il faut que constructeurs, énergéticiens, gestionnaires de réseau (RTE, Enedis) et régulateur (CRE) se mettent d’accord. Les négociations avancent lentement. Pour le V2H, Enedis doit encore valider les normes de sécurité.
3. La crainte de la dégradation batterie
Beaucoup d’électromobilistes craignent d’user prématurément leur batterie en multipliant les cycles de charge/décharge. Une inquiétude légitime, mais partiellement infondée : les constructeurs garantissent généralement les batteries pour 1 000 à 2 000 cycles complets (soit 300 000 à 600 000 km). Les cycles partiels du V2X (restituer 5-10 kWh par jour) ont un impact marginal comme le soulignait encore cette étude allemande.
De plus, certains constructeurs comme Renault proposent des garanties spécifiques V2G qui couvrent une dégradation accélérée.
Nous n’avons encore rien vu. Avec seulement 3 % du parc automobile électrifié, le potentiel est colossal. D’ici 2030, avec 4 à 5 millions de VE sur nos routes, la capacité de stockage mobile atteindra 150 à 180 GWh, soit l’équivalent de 20 EPR. Mais encore faut-il que les véhicules en circulation embarquent des batteries bidirectionnelles.
Pour résumer, les catalyseurs de l’adoption sont :
Le V2X n’est plus une utopie techno. C’est une révolution en marche qui transformera notre rapport à la voiture : d’un simple moyen de transport à un actif énergétique valorisable. Et pour nous, électromobilistes, c’est une opportunité unique de rentabiliser encore mieux notre investissement tout en participant activement à la transition énergétique.
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