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Les designers automobiles deviennent paresseux. Pour imaginer le futur, ils s’inspirent de plus en plus du passé. Une tendance qui fatigue notre râleur en chef.
Banque ! Dans quelques jours, M6 relancera l’émission « Le Maillon Faible ». Après avoir fait revivre ces derniers mois « Le Juste Prix » et « La Roue de la Fortune ». Pendant ce temps, la Une a remis au goût du jour « Secret Story », RMC Life (oui cela existe) « Ça se discute » ! Apparemment, en ce moment à la télé, quand on manque d’idées, on ressort les vieux programmes des placards.
Le but est à la fois de jouer la carte de la nostalgie et de ne pas prendre de risque avec un concept qui a déjà fait ses preuves. Vous me voyez venir, je ne résiste pas à l’écrire, c’est le poncif incontournable d’un tel papier : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Ou confiture. Ou les chroniques pour râler ici ?
Car la recette s’applique aussi aux constructeurs automobiles. Les regards se tournent forcément vers Renault, nouveau champion du néo-rétro. Après avoir fait revivre les R5 et 4L, le constructeur a dévoilé une nouvelle génération de la Twingo au design fortement inspiré par celui de la première génération.
C’est simple… et efficace à en voir les réactions enthousiastes face au véhicule. Et cela fait oublier les ratés précédents, avec une deuxième génération affadie et une troisième qui faisait un drôle de mix entre une R5 (déjà) et une Fiat 500. Le temps s’étant écoulé, il y a une forme de prescription : on peut redessiner la première.
Cette déferlante néo-rétro chez Renault a été validée par Luca de Meo, l’homme qui avait dans les années 2000 participé à la résurrection de la 500. Lors de son arrivée au poste de directeur général du Losange en 2020, il a trouvé dans les placards une maquette imaginant la nouvelle R5.
Il a tout de suite vu le potentiel et lancé la version de série avec un moteur électrique. Un succès puisque la voiture va réussir à atteindre la barre des 100 000 exemplaires produits un an après le début des livraisons. En revanche, c’est plus compliqué pour la nouvelle 4L, au démarrage poussif. Déjà le néo-rétro de trop chez Renault ?
Du côté de Stellantis, la rumeur d’un revival de la 2CV refait régulièrement surface. Mais les dirigeants calment vite les ardeurs. Si Citroën songe bien à faire revivre la 2CV, c’est juste par l’esprit, c’est à dire une voiture simple et pas chère, et non le look.
Gilles Vidal, qui après cinq ans chez Renault vient de retourner chez Stellantis, où il a pris la tête du design pour l’ensemble du groupe, a confirmé qu’il n’y avait pas de néo-rétro en cours chez Stellantis.
Ah bon ? Car, il y a quelques jours, Peugeot a présenté le concept Polygon, une citadine donnant un avant-goût de son futur. Un futur qui ressemble furieusement à la 205 dis donc. Peugeot refusera de parler de néo-rétro, mais on retrouve le design simple et géométrique de la 205, une évocation de sa calandre à lamelles, de ses feux carrés ou même des décors sur la custode. L’actuelle 208 faisait déjà quelques petits clins d’oeil au sacré numéro, il semble que la prochaine en fera de très gros. Mais a-t-on vraiment besoin d’un retour de la 205 ?
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Voiture électrique à petit prix : une promesse bidon de l’Europe ?Je me souviens que début 2023, Peugeot dévoilait le concept Inception, qui annonçait déjà un nouveau design. Une étude de style qui n’a encore rien donné en série… et qui semble avoir été un peu oubliée si on se fie au Polygon. La marque a-t-elle entre temps revu sa position et ses copies pour miser à son tour sur la nostalgie ? Le grand retour du label GTI, annoncé cet été, était un indice. Et une des premières décisions d’Alain Favey, nommé à la tête de Peugeot début 2025. Une carte facile pour attirer l’attention.
La tendance au passéisme est lourde en ce moment dans l’automobile. La nouvelle Fiat Grande Panda dessinée à la règle est inspirée de la première génération. Pour son nouveau GLC électrique, après des EQE et EQS baroques qui n’ont pas trouvé leur public, Mercedes est revenu à du plus sage et a carrément ressorti de son histoire la calandre chromée XXL.
Du côté d’Audi, le Concept C, qui pose les bases du nouveau design épuré de la marque, évoque de manière assumée d’anciens modèles, dont le premier TT. La marque aux anneaux montre au passage que la plongée dans le passé semble être utile quand on a fini par se perdre en chemin. Après des années de design exagérés et indigestes, le passé est vu comme un retour aux sources rassurant.
Cette surabondance de nostalgie est-elle liée à l’époque ? L’industrie automobile européenne est en plein marasme. Pendant ce temps, les chinois attaquent. Evoquer les vieilles gloires du passé, est-ce une technique pour rappeler l’expérience des européens face à ces nouveaux acteurs sans patrimoine, sans l’histoire qui donne de la valeur à son logo ? Attirer les boomers qui semblent être les derniers à acheter des voitures neuves ?
Moi, cette paresse esthétique finit par me lasser. Cela ne m’intéresse pas de revoir ce qui a été déjà fait, de voir les marques espérer avoir des lendemains meilleurs en fouillant dans leur passé. Ou alors je suis encore trop jeune pour être séduit ? Mais les succès se forgent aussi avec de l’audace. Et à force de regarder dans le rétroviseur, les constructeurs européens finiront peut-être par oublier d’avancer.
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