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De passage en Chine pour découvrir le futur de Xpeng, nous avons pu expérimenter le système XNGP. Et la conduite de demain est déjà une réalité là-bas !
Toute jeune, la marque Xpeng vise le haut du panier en matière de technologie embarquée et, accessoirement, ne vaut pas laisser la voie libre à Tesla. Comme cette dernière, la firme de Canton mise particulièrement sur les nouvelles technologies embarquées, les puces dopées à l’IA et la conduite autonome. Baptisé NGP, le système est disponible dans l’Empire du Milieu depuis l’année dernière. Nous avons profité d’une visite des locaux de Xpeng pour prendre le volant, pardon, regarder le volant d’une P7+ tourner tout seul. Une expérience bluffante, et même pas inquiétante.
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Vous pouvez tester la conduite entièrement autonome FSD de Tesla en France, les inscriptions sont ouvertesLe système de conduite semi-autonome présenté, appelé Navigation Guided Pilot, permet au véhicule de se diriger presque seul vers une destination définie dans la navigation embarquée. Il s’appuie principalement sur la vision grâce à un dispositif dit Vision Based, utilisant 11 caméras complétées par des capteurs ultrasoniques et des radars à ondes millimétriques, pour un total de 26 éléments matériels.
Les données du système AI Hawkeye sont traitées par deux puces Nvidia Orin-X fournissant une puissance totale de 508 TOPS (254 TOPS chacune). Il s’agit d’une nouvelle unité qui mesure le nombre d’opération que peut traiter une puce (Tera Operation Per Second) L’électronique pilote plusieurs organes du véhicule, notamment la colonne de direction et les signaux lumineux ou sonores. Malgré son haut niveau technique, le système reste classé comme conduite autonome de niveau 2++, ce qui signifie qu’il exige que le conducteur garde les mains sur le volant. En cas contraire, il se désactive automatiquement, mais peut être réactivé immédiatement. Bien que performantes, il est à noter que ces puces appartiennent toutefois à l’ancienne génération. La nouvelle plateforme Xpeng SEPA 3.0 adopte désormais des puces AI Turing développées en interne plus puissantes. Capables de 750 TOPS, elles peuvent être installées au nombre de trois pour un total de 2 250 TOPS !
Comme l’instructeur nous y a encouragés au volant de cette berline de 5,06 m, entrons immédiatement dans le vif du sujet. Car, à peine avions-nous atteint le bout de cette petite rue que l’instructeur nous a demandé d’abaisser deux fois le commodo pour activer la fonction… puis de laisser la magie opérer. Après un très bref instant de transition, la voiture s’insère d’elle-même dans la circulation et accélère franchement pour atteindre les 60 km/h réglementaires. La confiance s’installe rapidement, malgré le comportement parfois imprévisible des autres usagers en cette fin de journée chargée. Cette assurance tient sans doute au style de conduite adopté par le système, remarquablement proche de celui que nous aurions nous-mêmes adopté.
Preuve en est quelques centaines de mètres plus loin : alors que la voiture se déporte sur la voie de gauche en vue d’une intersection, un conducteur déterminé tente de nous en empêcher. Pourtant, le clignotant était clairement activé (il pourrait toutefois l’être un peu plus tôt dans certaines situations) et les lumières turquoises signalant l’activation de la conduite autonome étaient visibles à l’arrière et sur les flancs. Malgré l’insistance dérangeante de l’autre conducteur et son freinage tardif, la P7+ a maintenu sa trajectoire avec prudence mais sans hésitation. Bluffant de réalisme.
Les kilomètres en milieu urbain s’enchaînent ensuite dans un calme exemplaire. Bien que ce système de niveau 2 impose de garder les mains sur le volant, notre véhicule permettait de lâcher le cerceau durant une minute avant de déclencher une alerte. Notons cependant que tous les modèles testés n’offraient pas la même tolérance : certains avertissaient après une dizaine de secondes, tandis que d’autres laissaient le conducteur entièrement libre. Quoi qu’il en soit, avec ou sans les mains, la voiture poursuit son impressionnante démonstration. Ainsi, en suivant un vieux camion à la peine, la P7+ a choisi de dépasser dès que la voie de gauche s’est libérée. Nous n’aurions pas agi plus vite, ni mieux. Malgré sa réactivité, le système fait preuve d’une grande douceur dans les commandes : freinages parfaitement amortis, braquages précisément dosés… Les passagers ne subissent aucune secousse.
La conduite automatisée est classifiée en six catégories par la norme SAE. Voilà pourquoi l’on parle de niveaux en matière de conduite semi-autonome ou totalement autonome. Dans le cas présent, le système NGP de Xpeng est dit de niveau 2++. Une sous catégorie qui place le système à la frontière du niveau 3, où la voiture dispose du même niveau de compétence tout en laissant libre le conducteur.
Globalement, la voiture gère la grande majorité des situations, ce qui est d’autant plus remarquable que l’essai s’est déroulé au crépuscule, sous la pluie. Des conditions qui rendent souvent la lecture des marquages au sol difficile pour un conducteur humain, mais qui ne posent aucun problème au véhicule grâce à l’exploitation de cartes extrêmement détaillées en Chine, incluant les marquages et même le décompte du feu rouge avant de passer au vert !
Reste que tout n’est pas parfait en fonction des situations, notamment en dehors des villes ou lorsque le trafic devient moins dense. Après avoir dépassé notre fameux camion, la routière rechignait à se repositionner sur la voie de droite. C’est pourtant ce que nous aurions fait, évitant ainsi à un conducteur visiblement trop pressé de nous signaler son agacement par des appels de phares avant de nous dépasser par la droite. Opération qui n’a toutefois pas inquiété les puces électroniques de la P7+. De plus, nous avons parfois remarqué un excès de prudence sur certaines bretelles de voies rapides avec des vitesses de passage inférieures de 15 km/h à la limitation, déjà modérée. Rien de vraiment critiquable cependant.
En revanche, à l’approche d’un carrefour complexe en sortie de courbe à gauche (voir la première image de la galerie ci-dessous), mon confrère a eu le bon réflexe de reprendre la main : la voiture n’avait pas détecté un petit camion de livraison arrivant de la gauche à une vitesse excessive ! Alors que la voiture commençait à s’engager, mon confrère a estimé nécessaire de freiner vigoureusement. La berline aurait-elle fini par s’arrêter d’elle-même ? Mystère. Mais cela restera notre seule intervention sur un parcours d’une heure et d’environ trente kilomètres.
Contrairement à nos essais habituels, nous n’avons conduit manuellement la voiture uniquement pour quitter la place de stationnement et rejoindre l’artère principale. L’occasion de constater une direction légère et un rayon de braquage comparables à ceux du G6. On y retrouve d’ailleurs l’univers du SUV récemment restylé avec quelques aménagements spécifiques. La présentation soignée. On pense notamment aux différents inserts et commandes couleur bronze, ainsi qu’aux revêtements légèrement moussés. À l’arrière, la place est royale, supérieure à celle d’une BMW i5 de même longueur. Le passager de droite peut profiter d’une tablette aviation, mais qui peut rapidement s’écraser sur les jambes si le passager avant s’allonge un peu trop. À l’arrière, toujours, on retrouve un écran permettant de piloter les sièges arrière, chauffants, climatisés et massants !
Vous l’aurez compris, nous ne parlerons pas pour le moment de comportement dynamique, d’absorption des irrégularités, de performances, de courbe de recharge… Il faudra pour cela attendre notre premier essai et son Supertest lorsqu’elle arrivera chez nous l’année prochaine, avec de nombreuses évolutions au programme. Toutefois, parce que c’est plus fort que nous, précisons que nous avons relevé au tableau de bord une consommation de 14,7 kWh/100 km au terme de notre parcours majoritairement urbain, sous la pluie et par 12 °C, et en mode semi-automatique plus de 90 % du temps. Ce qui devrait se traduire par une autonomie totale théorique de 520 km. Avec cette précision, vous savez déjà que nous sommes impatients de répondre à la question que personne ne se pose : qui de l’homme ou la machine afficherait la meilleure consommation ?
Inutile de s’attarder : cette démonstration de conduite semi-autonome s’est révélée tout simplement impressionnante. Non seulement le véhicule est capable de gérer un nombre inédit de commandes et de situations pour nous, Européens, mais il adopte également un style de conduite étonnamment proche de celui d’un humain, sans les hésitations qui caractérisent encore la plupart des systèmes automatisés. Et même si nous ne savons toujours pas vraiment si nous avons évité de justesse une visite à l’hôpital chinois, force est de constater que nous n’avons dû reprendre la main qu’à une seule reprise sur un parcours pourtant exigeant. La voiture n’a été perturbée ni par la pluie, ni par la faible luminosité, ni même par un trafic dense et nerveux. On soulignera enfin l’extraordinaire capacité du système à instaurer la confiance grâce à son efficacité. De quoi soulever une question : comment se fait-il que les systèmes de conduite semi-autonome disponibles sur nos véhicules, Xpeng y compris, se montrent si peu convaincants chez nous ? Car entre les freinages fantômes, la lecture des panneaux aléatoire ou le système qui jette l’éponge à la première goutte d’eau, de nombreuses autos se révèlent décevantes sur ce point.
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Aides à la conduite : les clients chinois de Tesla sont déçusCette virée urbaine, durant laquelle nous n’avions pratiquement rien à faire, soulève une autre question : à quoi servent réellement ces dispositifs de conduite semi-autonome ? En l’état actuel de la technologie, il reste indispensable de surveiller l’environnement et de ne pas se laisser aller à d’autres occupations. Par ailleurs, ce type d’automatisation n’offre pas de gain de temps sur les trajets. Autrement dit, on se retrouve à bord d’un véhicule sans conduire avec le risque de voir le niveau d’attention réduire au fur et à mesure que la confiance augmente, tout en étant incapable de mettre à profit ce temps passé à bord. Bref, on trouve les inconvénients des trajets derrière le volant sans les avantages de se faire conduire.
Mais notre excursion en Chine semble apporter un début de réponse : malgré la disponibilité en série du système NGP (Tesla facture par exemple 7 500 € pour son dispositif FSD) et la possibilité de l’utiliser sans restriction, il est rare d’apercevoir les fameuses lumières turquoises dans la circulation. Signe que les conducteurs locaux de Xpeng, mais aussi d’autres marques, préfèrent encore tourner le volant eux-mêmes. Et vous, que feriez-vous si ce système pouvait fonctionner à son plein potentiel chez nous ? Dites-le-nous en commentaire !
Nous remercions Charles de la chaîne Tesla Geek (voir son essai) et Charles de la chaîne Weelyke (voir son essai) pour les illustrations issues de leurs vidéos respectives !
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