C’est encore un peu tôt pour tirer le bilan de l’année 2012. Pourtant, je prends peu de risques en affirmant que beaucoup de promesses et de belles paroles seront une nouvelle fois restées vaines.
S’agissant de mobilité durable par exemple, les actions restant à engager sont si nombreuses qu’il serait trop long de les lister ici une à une.
Pourtant, rien qu’à l’échelle européenne, force est d’admettre que plusieurs initiatives intéressantes ont vu le jour ces dernières années : développement des réseaux de transport collectif urbain, auto-partage, pistes cyclables, voies vertes, véhicules électriques, péages urbains, etc…
Des initiatives nombreuses certes mais pas encore assez développées pour infléchir de manière visible la domination sans partage de la voiture individuelle à pétrole. Notamment en dehors des grandes villes…
L’occasion rêvée de rappeler le lien étroit qui subsiste entre mobilité, aménagement du territoire et aménagement urbain. En France, le contraste entre Paris – ville la plus dense d’Europe – et les 36000 autres communes françaises est saisissant. Entre ces deux extrêmes, on trouve les métropoles régionales (Lyon, Marseille, Lille, Strasbourg, Nice, Nantes, Bordeaux, Rennes, etc…) grâce auxquelles la multi-modalité est désormais une pratique de plus en plus courante pour des millions de français.
Mais il y a tout le reste : les villes de 100 000 habitants et moins, les villages, les espaces péri-urbains, etc… Autant de lieux de vie où l’automobile est devenue (presque) indispensable au quotidien. Pendant que les grandes villes multiplient leurs efforts contre le tout voiture, les petites villes poursuivent leur développement comme si de rien n’était ou presque : nouveaux lotissements pavillonnaires « tout automobile », nouvelles zones commerciales « tout automobile », nouvelles zones d’activités « tout automobile ». Tout cela, en général, au détriment d’une de nos plus importantes richesses : nos terres agricoles.
D’où cette interrogation : pendant combien de temps encore toute cette gabegie organisée va t-elle durer ? Quant va t-on enfin se donner les moyens d’imaginer collectivement de nouvelles formes urbaines compatibles avec les enjeux de ce siècle, y compris là où les réserves foncières donnent encore une fausse impression d’abondance ? Des questions auxquelles on aimerait bien que nos dirigeants apportent de vraies réponses plutôt que de baisser les taxes sur les carburants !
La mobilité n’est évidemment pas le seul domaine à faire l’objet de profondes différences entre la ville et la campagne. Mais continuer à creuser à ce point l’écart entre d’un coté, les habitants des villes qui vivent de plus en plus la mobilité comme un service ; de l’autre, les millions de périurbains devenus pétro-dépendants malgré eux, est devenue une vraie problématique.
Aussi vertueux soient-ils, les véhicules électriques n’ont pas vocation à remplacer à l’identique le parc roulant existant. Pour être vraiment durable, la mobilité du XXIème siècle devra d’abord être plurielle avant d’être électrique. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les VE ont aujourd’hui tant de mal à s’imposer face à un modèle pourtant dépassé : celui du tout voiture.
Un paradoxe, un de plus, pour toutes celles et tous ceux qui défendent un principe fondamental du développement durable : la diversité.
Que notre modèle de société soit basé sur certaines pratiques et évolution intenables à long terme, je suis bien d’accord, hélas.
Par contre il est certains raccourcis que je trouve un peu rapide. Le VE ne s’oppose pas vraiment au concept du tout voiture, somme toute c’est encore une voiture. Si l’ensemble des véhicules roulant étaient neutres à l’égard de la pollution il resterait encore le souci des milliards de kilomètres parcourus pour rien, qui sont une gabegie permanente.
Combien de kilomètres sont parcourus pour des trajets professionnels rendus inutiles par les moyens de télétravail, de visioconférence et autres techniques absolument maîtrisées mais mal acceptées par l’homo sapiens qui pense que le rapport humain (ou hiérarchique ?) impose la présence physique en permanence ?
À la limite les VE actuels sont les meilleurs vecteurs pour une évolution, leurs contraintes d’autonomie impose de réfléchir, de faire des choix, de rationaliser ses déplacements un minimum pour faire coïncider temps de charge et autonomie.
La surface artificialisée, la surface vitale… sincèrement, le seul vrai problème de la France est l’hypertrophie de la région parisienne issue d’un millénaire de centralisme. Là il y a un souci de densité qui pose des problèmes techniques et humains.
Le VE est aussi très adapté à la campagne où l’échelle de la vie domestique est rarement plus étendue qu’une grande ville.
Par ailleurs le saint graal de la surface agricole cultivée est à mettre en rapport d’une part avec les rendements agricoles, d’autre part avec les pratiques des habitants de ces cellules familiales de 500-1000 m² : souvent ils pratiquent le jardinage, contribuant ainsi à leur propre alimentation et les jardins sont aujourd’hui le refuge d’une diversité animale et végétale, alors que les champs cultivés sont sous bien des aspects des surfaces artificialisées elles aussi à coup d’engrais et pesticides.
J’imagine un monde où tout le monde vivrait à Paris ! Reste que les champs il faut les cultivés, les carrières il faut les exploiter, les forêts il faut les gérer. Et puis il y a aussi le coté humain car on est souvent attaché a un lieu en particulier avec sa famille, ses amis, son contexte historique, ses loisirs associés. Changer d’endroit n’est pas anodin, l’homme est un animal associé à un biotope spécifique. Prenez un Ecossai et mettez le en Australie il développe un cancer de la peau car il n’est pas adapter a ce climat. Prenez un Camerounais et placer le en Alaska et il développera du rachitisme par manque de vitamine D. Prenez un Somalien et placer le au Québec, il aura un enfant sur deux autiste, car leur organisme a besoin de bactéries spécifiques dans la nourriture pour se développer normalement. De même, on ne peut demander à des populations adaptée à la vie à la campagne de venir vivre dans une jungle urbaine. Chaque personne est beaucoup plus liée à un endroit, à un terroir qu’elle ne se l’imagine au départ. Bien sur une certaine mobilité est possible mais elle est souvent liée à un risque. La vie dans une seule mégalopole Paris n’est donc pas pour demain et il faudra donc toujours des véhicules pour les déplacements en dehors vers la périphérie et encore d’avantage pour la franche campagne.
La mobilité durable, c’est à nous (consommateurs) de la faire… en achetant les produits qui conviennent.
J’ai franchi le pas, je roule en c-0 grâce à l’opportunité du début de l’été.
Depuis, je milite et la fais essayer à tout le monde.
Oui Guillaume, il est naturel de se poser ces questions.
Mais il faut bien comprendre qu’on ne vit pas dans un « monde idyllique » !
La population augmente, il faut loger tout ce monde et forcément, il faut s’étendre hors des villes, avec ces problèmes de transports. Il faut du temps et de l’argent pour le développement d’un réseau de transport hyper-étendu. Le plus souvent financé, par des prêts bancaires conséquents, avec un rendement qui se doit d’être rentable et en relation avec les sommes avancées. Ce qui fait que pour l’instant, ce sont seulement les centres et péricentres qui en sont prioritairement pourvu.
Par-contre en effet, les extensions des villes aux zones pavillonnaires manquent effectivement de réseaux. Pour l’instant, il n’y a que les BUS et parfois des petits trains michelines. Mais cela n’est pas très pratique pour la souplesse des horaires, et le nombre de correspondances à prendre pour atteindre sa destination. Ce qui fait que les transports particuliers sont encore malheureusement prépondérants et le resteront pour un bon bout de temps !
Il faut donc bien faire la différence entre les possibilités citadines et les péri-citadines.
_ Pour les gens habitant en ville, je pense qu’actuellement c’est relativement bien aménagé en réseau de transport (Métro, Bus, Tramway, Autolib, etc.). Ce qui devrait « normalement » conduire à une réduction à l’achat de VP par les purs citadins.
_ Pour les gens habitant en zones périurbaines, là le problème se corse ! Il faut un véhicule autonome, toujours pour la souplesse et la liberté des horaires. Alors le VE, oui pourquoi pas ! Mais leur coût prohibitif actuel et leur faiblesse en autonomie posent encore des problèmes. En seconde voiture cela reste possible, mais comme voiture principale, seuls les hybrides pourront répondre au besoin.
Quant-au maintien du prix élevé du carburant, il ne faut surtout pas que cela fasse « bouger les choses » aussi vite, car cela va malheureusement impacter les plus démunis financièrement et générer des tensions sociales. Il faut laisser le temps au marché de l’occasion de s’étoffer en véhicules « propres ». Malheureusement, huit personnes sur dix ne peuvent pas se payer un véhicule neuf, et il ne faut pas leur mettre le « couteau sous la gorge » !
Pour moi, l’incitation première devrait se faire en « bataillant sur les prix » de ces véhicules, avant d’augmenter le carburant. L’exemple de PSA, avec ses remises mirobolantes, est très éloquent. Il montre bien que le VE s’arracherait pour un prix tout-compris entre 10000 et 12000€, pas plus en seconde voiture! Et c’est par là qu’il faut commencer.
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« Pour être vraiment durable, la mobilité du XXIème siècle devra d’abord être plurielle »,
Absolument d’accord !
Seulement voila, la solution GNV a été étouffée dans l’œuf, l’éthanol est encore « contenu » arbitrairement au niveau diffusion, l’électrique peine à démarrer quand aux autres solutions (hydrogène, air comprimé etc.) c’est tout juste si l’on en parle.
Merci les lobbys. :-(
Et quand on voit le courage politique actuel comme par exemple pour les ZAPA décrétées en Mars et dont les villes pilotes se défilent déjà (Clermond-Ferrand, Nice pour ne pas les nommer), nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peine.
Seul vrai moteur du changement : le prix du gazole qui monte en flèche !
C’est l’unique argument qui fera peut-être (un peu enfin) bouger les choses. ;-)
Ca fait plaisir de lire tes articles où tu ne maches pas tes mots. Tout avance à pas de velours et c’est extrêmement frustrant quand on connaît les enjeux. Je vis près de Nice et travaille sur Monaco, je peux te dire que malgré une offre de transport alternatif (train + bus) la voiture reste reine et ce avec des bouchons pourtant quotidiens. je suis en vélo tous les jours et je divise presque par 2 le temps de trajet par rapport à un automobiliste. Evidemment nous n’avons pas de pistes cyclables et lorsque je contacte le conseil général c’est toujours pour plus tard, en cours d’étude… Il faut quelques mois pour qu’on s’attaque à l’arctique pour prospecter du pétrole mais pour donner un coup de peinture sur une route cela demande de longues années…