Avoir la primeur d’essayer une Tesla Model S est déjà, personnellement, une chance rare, mais de surcroît, découvrir pendant 3 heures à son volant, une fonctionnalité tel que l’Aide au Maintien de Cap que j’appellerai « AMC » par la suite (traduction française de l’Autopilot), est tout simplement…
…en fait, je ne trouve pas de mot adéquat sans craindre l’ouverture d’un débat déjà lancé par ailleurs suite à la diffusion de plusieurs vidéos faisant usage de cette fonction de manière plus que limite.
Mais l’idée ici est, comme tout bon rédacteur, de rester objectif et d’évoquer cet essai de manière factuelle en oubliant l’excitation et le sensationnel que j’ai pu ressentir derrière ce volant que je n’ai finalement eu en main moins d’un quart du temps de conduite.
Accompagné du blogueur « Electron Libre » (propriétaire d’une 70D) et d’un ami amperiste (propriétaire d’Ampera), le trio était prêt et armé de 5 caméras pour réaliser un reportage vidéo complet (à venir). L’accueil au centre de Gennevilliers par Charles DELAVILLE fut très courtois et rapidement technique afin de nous permettre une prise en main rapide du sujet. Suite à cette démonstration en sa compagnie, nous avons donc pris la route de Senlis via l’A86/A1 et l’A104/N2 afin de profiter également d’un passage sur route plus technique. Le temps de rallier l’A86, j’ai pu rapidement retrouver mes marques (essai précédent en mars dernier) au sein de ce cocon toujours aussi agréable au toucher et à l’oreille.
Mais passons à l’utilisation de l’AMC qui, comme conseillé par notre référent, a été utilisée la première fois aux abords du Stade de France sur l’A86, avec une circulation dense et des marquages au sol très aléatoires.
Fonctionnement
Par le commodo inférieur gauche (du régulateur adaptatif), la fonction AMC s’enclenche donc simplement par double impulsion vers soi (la première enclenchant d’abord le régulateur). Instantanément, « la magie » opère en prenant « la main ». Derrière cet effet, se cache un système exploitant 12 capteurs ultrasons scannant l’environnement proche (5 mètres) autour du véhicule, 1 caméra orientée vers l’avant (dans le châssis du rétroviseur intérieur) chargée de détecter les lignes de la chaussée.
D’abord serein en ligne droite, le premier moment de vérité intervient lors d’un virage significatif avec l’appréhension logiquement humaine de ne pas faire confiance en la machine. Mais tout se passe pour le mieux avec un système prenant en compte les lignes de guidage de la route et les véhicules environnants. Le régulateur auto-adaptatif (grâce à son radar à la base du pare choc avant) agit de concert avec la fonction AMC en régulant l’allure en fonction du véhicule précédent et de la vitesse configurée. Le système d’alerte en cas de perte de référence d’une ou des 2 lignes est suffisamment « violent » pour les yeux et les oreilles pour montrer l’urgence de la reprise en main du volant (et des pédales sous entendues) par le conducteur.
Le système comprend également une sous-fonction désactivable d’assistance au changement de voie permettant de dépasser ou de se rabattre sans avoir à guider la manœuvre. Après plusieurs hésitations sur la manière exacte de solliciter la manœuvre automatisée, il s’avère indispensable de toucher le volant lors de l’enclenchement complet du commodo de clignotants (une impulsion simple ne suffit pas). J’ai ainsi compris qu’au lieu d’enclencher le commodo sans toucher le volant puis de poser les mains dessus (suite au message « tenez le volant »), il suffit simplement de parcourir ce dernier de la main gauche lors de l’enclenchement. Le système interprète alors bien la décision de changer de file et l’autorise instantanément. La ligne franchie devient discontinue sur l’écran de contrôle du conducteur.
Limites d’usage
Les 3 heures d’essais de la fonction AMC ont permis de mettre en avant certainement limites tout à fait logiques pour ce type de fonction visant d’abord la sécurité de conduite avant tout détournement de confort de la part du conducteur. C’est ainsi que notre contact Tesla Motors nous a d’emblée évoqué ces « fameuses » vidéos qui font débat sur la toile afin de nous rappeler fort logiquement le cadre exclusivement sur route à terre-plein central et présentant des lignes de guidage bien visibles. En d’autres termes, l’usage hors périphériques, rocades, routes pour automobile et autoroute et fortement déconseillé même si le système peut « s’en sortir » sans problème sur des routes à double sens mais la perte de référence de guidage (croisements, lignes effacées, etc…) peut être fatale comme le montre une vidéo maintenant largement relayée dans laquelle le conducteur a bien failli emboutir un véhicule en sens opposé lors du passage d’une butte franche. Rien de surprenant dans le fond puisque dans ce cas, le système a perdu de vue les 2 lignes de guidage d’un coup et fut « perdu » dans ces protocoles de contrôle (d’où l’alerte qui s’en suit).
J’ai eu l’occasion de constater ce même phénomène une fois sur une route pour automobile 2 x 2 voies à terre-plein central et limitée à 110 km/h. Dans mon cas l’écart de direction fut faible grâce au terre-plein (vu par les capteurs latéraux et le système d’alerte collision) d’où l’importance du contexte de conduite afin de pouvoir reprendre la main même lorsque les conditions d’usage sont respectées.
Enfin, la fonction AMC présente également une sécurité en cas d’optimisme du conducteur quant à sa vitesse. En effet, sous contrôle de la fonction AMC, le test a consisté simplement à accélérer, sur voie dégagée, de manière franche bien au-delà de la consigne de vitesse configurée au régulateur. L’alerte tout aussi franche de reprise en main du volant par le conducteur intervient environ 40 km/h au-dessus de la consigne. A l’instar du fait que le système redemande de poser régulièrement les mains sur le volant, cette anomalie de comportement du conducteur est surveillée afin de prévenir tout écart potentiellement dangereux.
Conclusion
Après 3 heures de conduite, la fonction d’Aide au Maintien de Cap (et de la sous-fonction d’assistance au changement de voie) m’a semblé foncièrement bien aboutie dans cette version Beta. Elle tient tout à fait ses promesses dans les conditions d’usage définies par Tesla Motors. Seules quelques situations ponctuelles peuvent interrompre son action comme un dédoublement / rabattement de voie, une butte franche au sommet d’une côte ou encore un effacement partiel des lignes (discontinues ou pleines) à l’approche d’une zone de travaux.
Quoiqu’il en soit, le constructeur reste clair au sujet de cette fonction : le conducteur, connaissant ses conditions d’usage, reste toujours responsable derrière le volant. Il s’agit pour ce dernier de la considérer à sa juste valeur : une solution de sécurité permettant une diminution évidente du niveau de stress et de fatigue durant un long voyage et non pas une solution de confort ouvrant la porte à des distractions diverses.
Un reportage vidéo (en cours de montage) viendra rapidement compléter cet article !

Cherchez l’intrue ;-)
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À quand la vidéo ?
j’aimerais qu’automobile propre elargisse le débat sur l’avenir des conducteurs qui vont se transformer en passager avec la voiture autonome. de quelle manière les constructeurs et les conducteurs appréhendent cette révolution ? pour moi le plaisir de conduire se mue en quelque chose de plus rationnel. la fonction apportée par Tesla est intéressante à bien des égards mais pour quoi investir 90 000 euros pour perdre la notion de conduite ?
on parle de voiture autonome à longueur de journée sans parler du conducteur. Pour ma part, la porte de sortie du plaisir de conduire viendra de la moto qui, pour l’instant, n’a pas de projet autonome dans les cartons.
Le fait de devoir rester en alerte, à l’affut d’un éventuel écart du système n’est-il pas finalement plus fatigant que de conduire ? Très intéressé par votre réponse.
Oui tout ça c’est bien beau, mais pas pour moi.
Je ne vois pas l’intérêt d’avoir une « aide à la conduite » aussi poussée (et chère). Si on ne veut pas conduire, il y a les trains pour cela. Je préfèrerais que les constructeurs se focalisent plus sur les motorisations propres et sobres plutôt qu’à ces « gadgets », qui de toute façon, n’enlèveront pas la responsabilité du conducteur lors des défaillances.
Aucune confiance à ses systèmes …
§
On se demande tout de même quel est le sens de ce système dans la mesure où si on doit de toute façon rester derrière le volant, on peut autant conduire soi-même plutôt que de s’ennuyer à regarder opérer le système. Au passage on risque encore plus de s’endormir si on ne doit rien faire pendant 100 Km, on va un jour se retrouver avec un tas de voiture à l’arrêt en mode sécurité sur un bout d’autoroute en travaux car plusieurs conducteurs se seront endormis au volant avant d’y arriver. Cela promet des bouchons imprévus à 4 h du matin!
On a aussi l’impression que cela augmente encore le prix d’une voiture déjà asser chère ce qui va a l’encontre d’une diffusion au plus grand nombre. A choisir j’aurais plutôt laisser tombé l’autoconduite que la Model S 40 KWh avec une option rex dans le fronk.
Bravo Steph pour cet article et ce témoignage détaillé. L’avenir arrive plus vite que prévu, semble-t-il…
Dans la section Autopilot (identique en français) il y a 2 fonctions :
– Autosteer traduite par Aide au maintien de cap
– Auto lane change traduite par Assistance au changement de voie.
c’était un plaisir de participer et j’ai hâte de voir la vidéo qu’on à tournée . bravo pour cet article très complet , il faudra juste tester le park assist dès que possible …
La chose la plus impressionnante concerne les capacités d’apprentissage du systeme. De nombreux témoignages montrent un apprentissage rapide et continu sur des lieux et situations bien précis (sortie de voie rapide, courbes franches, signalisation au sol peu visible, …). Au bout de 3-4 passages, la reprise de contrôle devient inutile et au bout d’une semaine ce sont toutes les Tesla qui connaissent ce cas particulier … Les model S en circulation depuis de nombreux mois sont toutes équipées de capteurs (même sans avoir payé l’activation de l’option) et envoient leurs données aux serveurs Tesla pour la mise au point d’une cartographie très haute définition. Tesla compte bien sur les premiers utilisateurs pour améliorer le système et la techno d’apprentissage semble plus évoluée qu’estimée initialement …
test il y a une semaine en région parisienne, je confirme ce qui est dit ici :).
Vraiment impressionnant dans l’ensemble malgré quelques limitations logiques.
Bravo pour cet article qui pose bien la fonctionnalité et ses limites. Déjà impressionnant à l’usage, voir ces différents radars en action, profiter aussi de l’assistance pour faire un créneau, … C’est un premier pas vers l’auto-pilote, on attend maintenant les évolutions. Et dire que toutes ces fonctionnalités sont arrivées sur nos véhicules via une simple mise à jour logicielle !
Bonne article.
Avez vous constaté un changement d’attitude de la Tesla lorsque une voiture vous a doublé, ou peut être « collé » un peu?
Merci.
Bonjour,
Il faudrait faire la distinction entre un auto-pilote et un système d’aide à la conduite. Le système Tesla, qui existe d’ailleurs sur beaucoup d’autres modèles (allemand entres autres) est une aide à la conduite évitant les stress dans les bouchons et certaines fautes d’inattentions, mais en aucun cas il faut quitter la route des yeux !!