Pollution à Delhi – Flickr – Jean-Etienne Minh-Duy Poirrier

Les unes après les autres, les études sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air annoncent des hécatombes. Publié mercredi, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé estime désormais à 7 millions le nombre de morts causés par la mauvaise qualité de l’air dans le monde chaque année, loin devant le sida, la tuberculose et le diabète réunis.

On ne les voit pas, pourtant on les respire au quotidien et elles affectent gravement notre santé : les particules fines seraient responsables de 7 millions de décès par an dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’origine de l’estimation, elles tueraient davantage que le diabète (1,6 millions), la tuberculose (1,4 millions), les accidents de la route (1,3 millions) et le sida (1,1 millions).

Un chiffre en légère hausse, déjà évalué à 6,5 millions en 2016, qui affecte principalement les populations d’Asie du sud-est, Chine et Inde compris, le pourtour oriental de la Méditerranée ainsi que les mégalopoles. En cause : « l’utilisation inefficace de l’énergie par les ménages » (poêles à charbon et combustibles polluants très utilisés chez les foyers modestes), mais également les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, des transports, les centrales électriques au charbon ainsi que l’incinération des déchets et la déforestation.

La pollution impliquée dans un grand nombre de pathologies

La pollution, un « tueur invisible » selon l’OMS, qui serait impliqué dans 43% des décès provoqués par des maladies pulmonaires chroniques obstructives, 29% des cancers du poumon, 25% des accidents vasculaires cérébraux et 24% des infarctus, chez les adultes.

Un enjeu sanitaire qui concerne la quasi-totalité de l’humanité puisque 91% de la population mondiale serait quotidiennement exposée à un air chargé de « hauts niveaux de polluants ». A titre d’exemple, le taux de particules fines annuel moyen à New-Delhi atteint les 143 µg/m3 d’air et parfois 1000 µg/m3 lors des pics de pollution, très au-delà de la limite de 10 µg/m3 fixée par l’OMS.

Les populations de pays émergents premières victimes

L’organisation a collecté les mesures de plus de 4300 villes dans 108 pays pour dresser son bilan. C’est 1000 villes de plus que lors du précédent rapport de 2016. Une analyse qui peut être consultée en détail sur une carte interactive et qui fait apparaître les très hauts niveaux de pollution dans les pays en voie de développement. Des états où environ 3 milliards d’individus n’ont toujours pas accès à « des combustibles et à des technologies de cuisson propres à leur domicile », estime l’OMS.

Dans les pays à « revenu élevé » en Europe, Amérique du Nord et Pacifique occidental, si les niveaux de pollution de l’air ambiant sont les plus faibles, certaines villes restent très affectées. L’OMS affirme que l’espérance de vie moyenne peut y être réduite de 2 à 24 mois, en fonction des niveaux de pollution. Chaque année, environ 500.000 européens décéderaient ainsi prématurément, de même qu’un million d’africains, 500.000 méditerranéens, 300.000 américains et plus de 4 millions d’habitants d’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental.

L’organisation, qui tire une énième fois la sonnette d’alarme, organisera la première conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé du 30 octobre au 1er novembre 2018. Elle tentera d’impliquer les gouvernements dans une mobilisation internationale destinée à « améliorer la qualité de l’air » contre une pollution qui « ne connaît pas de frontières » et « lutter contre le changement climatique ».