Tentant d’expliquer la faible pénétration du véhicule électrique sur le marché européen, l’Agence Européenne de l’Environnement dénonce le manque de bornes de recharge et appelle les Etats membres à accélérer les financements.

Si l’électrique progresse largement en termes de volumes avec près de 47.000 immatriculations sur les deux premiers mois de l’année en Europe, sa part de marché – 1.9 % – reste marginale sur l’ensemble des véhicules vendus sur le sol européen.

« Une infrastructure de recharge suffisante est nécessaire pour donner aux gens la certitude que les véhicules entièrement électriques répondront de manière fiable à leurs besoins de déplacement et contribueront à réduire l’anxiété liée à d’éventuelles limites d’autonomie » souligne l’AEE dans son rapport qui rappelle l’existence de la Directive AFI, censée encourager les Etats membres à définir des objectifs de déploiement en matière d’infrastructures de ravitaillement pour les carburants alternatifs. « Jusqu’à présent, sa mise en œuvre par les gouvernements nationaux a été médiocre » note un communiqué de l’ACEA, l’association des constructeurs européens, qui approuve l’analyse de l’agence européenne de l’environnement.

« Même si tous les constructeurs augmentent leur offre électrique, nous voyons malheureusement que la pénétration sur le marché de ces véhicules est faible en Europe. Les clients cherchent des alternatives aux diesels et optent souvent pour l’essence ou l’hybride, mais ils ne font pas le saut vers l’électrique de façon massive. Notre nouveau rapport confirme qu’un réseau dense de bornes en Europe est un devoir absolu si l’on veut que les acheteurs adoptent réellement l’électrique », a déclaré le secrétaire général de l’ACEA, Erik Jonnaert. Alors que la plupart des pays proposent désormais des incitations pour l’acquisition de véhicules électriques, l’agence note une plus forte disparité sur toute la partie liée à l’infrastructure.

Selon l’AEE, seuls 11 pays ont mis en place des mécanismes de financement pour les infrastructures, soit seulement un état membre sur trois. Des aides censées compléter celles apportées par l’Europe pour le financement des grands corridors. Sur ce point, les initiatives se multiplient dont celle pilotée par Ionity, un consortium regroupant de nombreux constructeurs visant à déployer des stations de charge haute puissance à la configuration proche des superchargeurs Tesla.

D’autres explications

Lorsque l’on regarde les chiffres, il apparaît clairement que les véhicules électriques ont davantage de succès sur les territoires où l’infrastructure de charge est plus développée. Pour autant, ce déficit en bornes de recharge n’est pas la seule explication à la relative timidité du marché.

Au niveau de l’offre, les modèles « attractifs » et capables de toucher le « core market » restent encore trop limités. A cela s’ajoutent des quotas de production chez certains constructeurs qui freinent le développement de certains modèles. Les questions de coûts et la pauvreté de l’offre en occasion sont également des éléments explicatifs importants.