Et si l’on se passait des bornes de recharge sur autoroutes ? La Suède teste actuellement un système de recharge des véhicules électriques roulants via un rail d’alimentation sur voie publique. Une solution qui pourrait rendre un fier service à l’électrification du transport routier si elle s’avère concluante.

On connaissait les voies de recharge à induction et les lignes aériennes sur autoroute, il existe désormais une nouvelle alternative à la recharge des véhicules électriques en mouvement : le rail. Il ne s’agit pas de faire rouler les voitures comme de trains mais de les alimenter en énergie sans leur imposer d’arrêts-recharge. Via un bras articulé situé sous le véhicule, ce dernier capte l’énergie du rail placé au milieu de la voie.

Baptisé « eRoadArlanda », le projet vient de se concrétiser au terme de cinq années d’essais. Il équipe désormais un tronçon expérimental de 2 kilomètres d’une route suédoise entre l’aéroport de Stockholm-Arlanda et la zone logistique de Roserberg. Soutenu par l’administration des transports suédois, il sera utilisé dans un premier temps par un camion de PostNord modifié.

Une technologie déjà utilisée par des tramways en France

Pour s’y recharger, le véhicule détecte la position du rail, abaisse le bras d’alimentation et le rétracte en cas de dépassement de façon autonome. Le rail est mis sous tension sur de courtes sections, uniquement sur la zone où le véhicule est en contact. Une technologie d’alimentation par le sol similaire à celle déjà éprouvée sur les réseaux de tramways de plusieurs villes en France et qui s’adapte désormais à la route.

Pour empêcher tout risque d’électrocution, le système est déconnecté lorsque le véhicule s’arrête. D’après le consortium en charge du projet, le dispositif est conçu pour drainer l’eau de pluie et peut supporter des averses « pas excessivement intenses ». Il fonctionnerait également en présence de neige et verglas grâce à une « solution brevetée » qu’il ne détaille pas. Les gros obstacles présents sur le voie peuvent être détectés par un radar et commandent le retrait du bras de contact. Ce dernier serait par ailleurs assez résistant pour subir des chocs avec des graviers. Enfin, les deux-roues pourraient rouler sans risques sur la voie équipée, le rail ayant une largeur réduite et une adhérence similaire à celle de l’asphalte.

Une installation à 380.000 euros le kilomètre

La section sur voie publique mise en service sera testée pendant deux ans en parallèle à d’autres pistes d’essais privées. Selon eRoadArlanda, l’équipement des 20.000 kilomètres du réseau routier suédois coûterait environ 80 milliards de couronnes (7,6 milliards d’euros au cours actuel). Une somme colossale qui serait compensée par une économie d’énergie estimée à 32 milliards de couronnes chaque année (3 milliards d’euros).

Reste à convaincre les constructeurs automobiles d’équiper leurs véhicules et les autorités d’autres pays de soutenir l’installation. Un système à 380.000 euros le kilomètre, qui reste bien moins coûteux qu’une certaine route solaire normande à 5 millions d’euros le kilomètre.